J’ai déjà consacré un article à la signification d’être juif ou Juif.
Le juif adhère au judaïsme, le Juif fait partie de la communauté juive, qu’il soit pratiquant ou non. Il vit entouré de juifs et baigne dans la culture juive.
Le mot sémite désigne les personnes dont la langue appartient à un groupe linguistique originaires du Proche-Orient. Sont donc sémites les Akkadiens, les Chaldéens, les Araméens, les Phéniciens, les Hébreux et les Arabes.
L’origine du mot est le personnage biblique de Sem, fils de Noé, dont descendraient ces personnes.
Dans ce groupe, on retrouve donc les Arabes et certains Juifs. Tous les Juifs ne sont pas sémites, les ashkénazes ne le sont pas, comme nous le verrons dans un prochain article. Il est donc paradoxal de dire qu’un Arabe a commis un acte antisémite, sauf que dans le langage populaire, sémite est devenu abusivement un synonyme de juif !
Être sioniste c’est adhérer aux idées d’un mouvement politique, le sionisme, apparu à la fin du XIXe siècle qui prônait la constitution d’un État juif. Aujourd’hui, le sionisme se concentre sur la Palestine : l’État juif doit s’implanter dans les terres « données par Dieu » à son peuple élu. C’est devenu un mouvement radical qui vise à coloniser toute la Palestine. L’État juif doit se consolider en se purifiant (épuration ethnique) et en s’étendant aux limites du royaume mythique de David.
Il ne faut pas être juif pour être sioniste. La plupart des Américains, y compris les présidents, le sont à des degrés divers, qu’ils soient protestants (Donald Trump), catholiques (Joe Biden) ou évangéliques. Mais certains juifs, habitants d’Israël, ne sont pas sionistes et rejettent la colonisation.
Synthèse
juif se réfère à une religion, sémite à une ethnie ou une langue et sioniste à un mouvement politique.
Israël
Les premiers sionistes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle étaient des juifs laïcs, parfois athées, qui désiraient mettre le « peuple » juif à l’abri des pogroms fréquents dans l’est de l’Europe. Pour cela, ils préconisaient la création d’un État juif. Ils ne visaient pas nécessairement la Palestine. L’Ouganda avait même été proposé.
Lors de la création de l’État d’Israël en 1948, le choix du nom ne s’est pas imposé naturellement. Au IXe siècle avant notre ère, deux royaumes concurrents s’étaient développés à Canaan : Juda autour de la ville de Jérusalem et Israël autour de Sichem. Juda était un royaume pieux dirigé par les descendants du roi David, Israël était un État impie. Donc, le choix de Juda ou Judée s’imposait. Mais cela faisait de tous les habitants des Juifs, ce qui n’était pas acceptable, car des Arabes musulmans peuplaient la Palestine. Sion est venu en second lieu. Sion est un autre nom de Jérusalem. Mais tous les habitants auraient été des « sionistes », ce qui n’était pas le cas, même parmi les juifs. Donc restait Israël, dont il fallait s’accommoder.

Le plan de partage proposé par l’ONU n’a jamais fait l’objet d’un référendum comme prévu : l’ONU n’a pas le pouvoir d’attribuer une terre à un groupe d’individus.
Israël a proclamé son « indépendance » unilatéralement. Le partage n’a jamais été accepté par les Palestiniens. Lors de la guerre qui s’ensuivit en 1948, environ 700 000 Palestiniens sur les 900 000 habitants sont expulsés ou s’enfuient. C’est la nakba, la « catastrophe ».
Les Palestiniens qui sont restés se voient attribuer un passeport israélien. Ils ont des droits égaux, ils peuvent voter et créer des partis.
En 1967, après la guerre des « six jours », Israël occupe une série de territoires palestiniens (carte 3). Les Palestiniens de ces zones n’ont aucun droit. Ils sont expropriés de leurs maisons ou de leurs terres selon le bon vouloir de l’occupant israélien.
Depuis lors, en Cisjordanie (carte 4), ce qui reste du territoire palestinien « indépendant », des colons juifs s’installent dans les campagnes, occupant des terres appartenant à des Palestiniens chassés de chez eux. En ville, le même procédé est employé : des maisons sont confisquées et les colons s’y installent. Les colons érigent des murs pour se séparer des Palestiniens qui doivent faire de longs détours pour vaquer à leurs occupations. Des centaines de Palestiniens sont arrêtés sans raison et maintenus en prison sans jugement. L’ONU condamne, les États-Unis opposent leur veto.
