Les écrits musulmans ont un terme pour qualifier cette époque » jâhiliya« , l’ignorance ! Ce terme nous renseigne sur le degré de connaissance des savants arabo-musulmans sur le contexte de l’Arabie pré-islamique… ils ne le connaissait pas.
Or, la Péninsule arabique n’était pas un monde fermé, ce monde était en contact avec les empires perse et byzantin et surtout avec le puissant royaume d’Himyar, tantôt sous domination du royaume d’Aksoum, tantôt indépendant (voir la carte).
Essayons d’y voir plus clair pour mieux comprendre la genèse du mouvement politico-religieux de Mahomet.
A la mort de Muawiya, après 20 ans de règne (en 680), un arrangement dynastique permit à son fils Yazid de devenir calife. Consternation parmi les factions rivales qui attendaient une élection par consensus comme le voulait la coutume dans les tribus. C’est le début de la deuxième guerre civile qui durera 12 ans et occupera 4 califes.
Dans le sud de la Mésopotamie (de l’Irak actuel), le fils d’Ali, Husayn, tenta de rassembler les partisans de son père parmi les tribus lakhmides rivales des Ghassanides de Syrie car soutien des Perses contre les Byzantins. Il n’en eut pas le temps, sa petite armée fut décimée à Karbala en 680, où il fut tué. Sa mort est toujours commémorée de nos jours par les chiites.
L’opposition du fils d’un compagnon de Mahomet a été plus sérieuse. Abd Allah ibn al-Zubayr, présenté comme petit-fils d’Abu Bakr, le neveu de Aïcha, se proclama « commandeur des croyants ». Parti d’Irak, il avait conquis la majorité du califat quand Abd al-Makik succéda à son père Marwan en 685. ibn al-Zubayr avait rassemblé tous les disciples de Mahomet. Il fit frapper des pièces de monnaie dans lesquelles l’influence perse est manifeste.
Dès son accession au pouvoir, Abd al-Malik chargea son fidèle général al-Hajjaj ben Youssef de mater le dissident. l’Egypte, puis l’Irak furent reprises. ibn al-Zubayr se réfugia dans la péninsule arabique. Le dernier acte se déroula à La Mecque où le rebelle aurait péri, d’après la tradition. Des récits contradictoires circulent sur les faits.
Les récits de la conquête ont été écrits au IX° siècle, sous la dynastie des Abbassides qui prit le pouvoir en 750, anéantissant les derniers représentants omeyyades. Ceux-ci ont alors été présentés comme des usurpateurs, des tyrans impies.
ibn al-Zubayr aurait détruit la Kaaba pour y décrocher la pierre noire et la mettre en lieu sûr. Si les sédentaires bâtissent des temples pour y vénérer leur(s) dieu(x), les nomades les emportent avec eux. ibn al-Zubayr a-t-il perpétué la tradition ?
Les troupes d’abd al-Malik auraient assiégé la Mecque durant 8 semaines et détruit la Kaaba en lançant des projectiles sur les assiégés. Cette version est peu crédible quand on connaît la situation de La Mecque, une cuvette entourée de collines rocheuses, sans eau (sauf une source à faible débit), où rien ne pousse. Les attaquants ont une position idéale, ils dominent la ville. Les nombreux chantiers de La Mecque pour construire des hôtels de luxe et aménager les lieux de pèlerinage n’ont jamais mis à jour la moindre trace d’un rempart de protection de la ville.
Vers un Etat arabe
Jusqu’à l’accession au pouvoir d’abd al-Malik, les administrations grecque et perse étaient restées en place. Le nouveau calife va rénover l’administration : les fonctionnaires seront arabes, et les documents seront rédigés en arabe. On peut donc en conclure qu’à cette époque, la langue arabe écrite était standardisée et ne prêtait plus à interprétation. Les anciens fonctionnaires et même l’entourage non arabe du calife furent congédiés. Ainsi, Jean de Damas (Jean Damascène ou Mansour ibn Sarjoun) dont le père, collecteur d’impôt pour l’empereur byzantin, était resté au service des califes, se retira dans le monastère de Saint-Sabas près de Jérusalem où il rédigea un livre sur les hérésies. Malgré son éviction de l’entourage du calife, il garda de lui une image d’un homme juste et tolérant.
Dans son ouvrage, daté de 743, il parle de l’islam et du Coran qu’il semble bien connaître ainsi que de la Kaaba comme lieu de pèlerinage.
… et musulman
Si mon opinion est confirmée, les Omeyyades sont originaires de Syrie où les tribus étaient chrétiennes. Alors pourquoi ont-ils opté pour l’islam ? La réponse est différente pour les dirigeants et pour citoyens.
Il faut se replonger dans l’époque. L’islam primitif n’a rien à voir avec ce qu’il est devenu au fil des siècles. Les hadiths, ces paroles de Mahomet, réelles ou inventées, n’ont pas encore été collectées, elles ne le seront qu’au VIIIe siècle. L’islam n’est pas encore une religion formaliste, le dogme n’est pas encore entièrement défini, mais les grandes lignes sont tracées : Mahomet a reçu le Coran, Jésus est un prophète qui n’a pas été crucifié, il faut embrasser la pierre noire de la Kaaba, le vin est proscrit… nous raconte Jean de Damas.
En abandonnant la religion chrétienne, les Omeyyades deviennent entièrement indépendants. En tant que chrétiens, ils étaient soumis à l’empereur byzantin, lui même aux ordres du pape de Rome (le schisme entre catholiques et orthodoxes n’était pas encore consommé). Ils devaient répondre de leurs actes auprès des patriarches et des évêques qui pouvaient les excommunier, les exclure de la communauté. Même s’ils n’adhéraient pas au dogme édicté à Chalcédoine en 451 (Il y a trois personnes en Dieu et Jésus est homme et dieu, il a deux natures et deux volontés), ils n’en étaient pas moins soumis à leurs évêques. En devenant musulmans, ils devenaient califes, représentants de Dieu sur terre, successeurs du prophète Mahomet, et commandeurs des croyants. Ils étaient tout puissants. La fonction de calife ira en se dépréciant au fil du temps, les docteurs en religion prenant de plus en plus d’importance.
C’est sous abd al-Malik que la première référence à Mahomet apparaît sur les pièces de monnaie. On y lit la chahada complète : « il n’y a qu’un seul Dieu et Mahomet est son prophète ».
Pour le commun des mortels, devenir musulmans permettait d’échapper à l’impôt de capitation (djizia) dû par tous les hommes non musulmans en âge de porter les armes. Les musulmans devaient eux s’acquitter de l’aumône, qui est un principe religieux (zakât). Cette « conversion » faisaient d’eux des citoyens de première classe.
Le Dôme (ou Coupole) du Rocher de Jérusalem.
L’oeuvre majeure d’abd al-Malik, toujours visible de nos jours est le Dôme du Rocher à Jérusalem, construit en l’an 72 du calendrier musulman, qui correspond à 691/692. Je lui consacrerai l’article suivant car cet édifice est plein de mystères.
Le cas de Muawiya est très intéressant car il illustre la manière dont l’idéologie reconstruit l’Histoire.
Que nous dit la tradition sur ce calife ?
Muawiya est le cinquième calife. Il « succède » (prend le pouvoir) aux califes « bien guidés », les compagnons de Mahomet :
Abu Bakr (632-634) qui, selon la tradition, a rassemblé toutes les tribus de la péninsule arabique sous la bannière de l’islam.
Umar (634-644) toujours selon la tradition, lance la conquête des empires byzantin et perse. Il serait également le législateur, celui qui mit en place les grandes lignes de l’administration. Il meurt assassiné à Médine.
Uthman (644-656) aurait compilé le Coran. Il meurt assassiné à Médine.
Ali (656-660) meurt assassiné à Koufa en 661, sur les rives de l’Euphrate, en entrant dans la mosquée. Il était accusé d’avoir fait assassiner son prédécesseur.
De ces califes, nous n’avons aucune preuve historique de leur existence : ni pièce de monnaie à leur effigie, ni document signé de leur main, ni inscription. Il faut attendre le IX° siècle pour que la tradition musulmane nous renseigne sur les faits et gestes de ces personnages. A cette époque, les califes omeyyades sont présentés comme des tyrans impies ayant mis fin à l’âge d’or de l’islam. C’est seulement à cette époque également que la différence en sunnites et chiites fait son apparition. Les quatre premiers califes sont appelés « salaf« , les ancêtres, aussi honorés sous le nom de « al-salaf al-salih« , les pieux ancêtres. Le salafisme est donc un mouvement qui veut retourner aux sources de l’islam. Or on ne sait rien de cet islam des débuts de la conquête.
NB : la grande majorité des historiens (99% ?), même ceux qui se qualifient de chercheurs, acceptent la tradition musulmane comme étant la transcription exacte de l’Histoire.
Muawiya est le fils d’Abu Sufyan et le cousin d’Uthman. D’après la tradition, tous les califes appartiennent à la tribu des Qurayshites qui occupait La Mecque. A l’époque de Mahomet, Abu Sufyan, du clan des Abd Shams, était le riche chef de la tribu. Il était hostile à Mahomet, du clan des Hashim, et à sa prédication. Il le chassa de La Mecque et l’assiégea plusieurs fois à Médine, avant de se convertir quelques temps avant la mort du prophète. Le nom Omeyyade vient d’un ancêtre du clan appelé Umayya, grand-père d’Abu Sufyan.
Muawiya, cousin de Uthman, était gouverneur de Syrie, c’est lui qui accusa Ali du meurtre du calife. Il est donc à l’origine de la première guerre civile entre Arabes. Il profita de défaite d’Ali pour se faire proclamer calife (660-680) à Jérusalem et installer le califat à Damas, alors qu’auparavant, le centre de décision était à Médine… à mille kilomètres du théâtre des opérations militaires ! Il offrit une grosse d’argent au fils survivant d’Ali, Hasan, pour qu’il abandonne la vendetta et renonce à ses prétentions califales.
Durant cette première guerre civile qui opposa les Arabes de Syrie aux partisans de Mahomet, la tradition nous rapporte un événement surréaliste que les historiens considèrent comme un fait avéré. Voici ce qu’en dit le très sérieux « Dictionnaire historique de l’islam », sous la rubrique « Ali ibn Abi Talib » : « Lors de la bataille de Siffin (658), tandis que les troupes syriennes semblaient faiblir, leur chef fit hisser des feuillets du Coran sur les lances demandant par là que l’on recourût à un arbitrage fondé sur la consultation du Coran. » Dans le même ouvrage, on lit sous la rubrique « Coran » que le troisième calife, Uthman, qui est mort deux ans avant la bataille, fut chargé de compiler le Coran : « Le calife conserva un exemplaire à Médine où il résidait et envoya les (trois) autres exemplaires dans les grandes villes de l’empire Bassorah, Koufra et Damas. »
Il y avait donc quatre exemplaires du Coran, à cette époque, que les soldats impies transportaient avec eux et qu’ils déchiraient allègrement… Pas étonnant qu’on n’en retrouve aucune trace.
Que sait-on du personnage historique ?
C’est le premier calife dont le nom apparaît sur des monnaies et des documents. En tant que gouverneur de Syrie, il fait construire une flotte pour s’emparer de l’île de Chypre. C’est la première flotte musulmane. Il enverra même son fils Yazid, qui lui succéda, assiéger Constantinople… en vain. Il ne change rien à l’administration qui reste aux mains des Grecs (byzantins) et des Perses. Un contemporain dira de lui : « il permit à chacun de vivre à sa façon« . Il nomma cependant deux familiers comme « vice-rois » représentant le pouvoir dans l’ancien empire byzantin et dans l’ancien empire perse.
Il poursuivit la conquête vers l’ouest pour atteindre le Maghreb où il dut faire face à une vigoureuse opposition des Berbères. A l’est, les Arabes ont atteint le fleuve Oxus : tous les territoires de l’empire perse (sassanide) sont sous leur contrôle. L’Arménie et l’Anatolie restent aux mains des Byzantins et de leurs alliés.
Ce qui est remarquable, c’est le pèlerinage que Muawiya effectua à Jérusalem où il pria au Saint-Sépulcre, qui englobe le mont Golgotha et le tombeau de Jésus s’il faut en croire la tradition. Il se rendit également sur la tombe de Marie (l’église de l’Assomption), située dans la vallée du Cédron, près du Jardin des Oliviers. Cette vallée a été comblée, il faut donc descendre une quarantaine de marches pour voir un banc de pierre présenté comme la sépulture de Marie… qui d’après une autre tradition est morte à Éphèse où elle aurait suivi l’apôtre Jean.
Muawiya épousa une chrétienne, Maysun qui lui donna un fils : Yazid. Celui-ci épousa deux filles nobles de la tribu des Ghassanides, des chrétiennes. Tiens donc ! Il est probable que Muawiya et la dynastie omeyyade étaient originaires de Syrie, et non des Arabes de la péninsule. Durant son règne, il n’est jamais fait allusion ni à l’islam, ni à Mahomet. C’est le calife qui légifère, pas les religieux comme ce sera le cas au IX° siècle. Était-il chrétien ou voulait-il s’attirer la sympathie des chrétiens ?Mais dans ce cas, pourquoi ne pas se rendre sur les hauts lieux du zoroastrisme en Perse. N’oublions pas que les Arabes de Syrie et d’Irak étaient chrétiens, mais opposés à l’orthodoxie de Byzance (et de Rome).
Quelle est la situation religieuse à cette époque ?
Il n’y a pas de distinction claire entre ce qui deviendra l’islam et les autres religions. L’islam est-il une autre forme de christianisme ou une déviance du judaïsme, on pouvait se poser la question. Essayons de nous projeter dans l’époque : les habitants s’habillent de la même façon, ils parlent la même langue, ont les mêmes usages et probablement, prient de la même manière. Allah signifie dieu en arabe quelque soit la religion. Et si les évêques ont une idée plus ou moins précise du dogme, ce n’est pas pareil pour le commun des croyants… comme c’est toujours le cas aujourd’hui.
La variété des monnaies est la preuve de ce syncrétisme. On voit indifféremment des croix chrétiennes héritées de l’empire byzantin frappées sur des pièces arabes ou, plus tard, le symbole perse d’Ahura-Mazda s’afficher avec l’inscription « Mahomet envoyé d’Allah ». A l’époque de Muawiya, les pièces de monnaie portent la formule « Au nom de Dieu mon seigneur ». Son fils les datera de « année 1 de Yazid ».
La société est donc multiforme : il n’y a pas d’ostracisme racial, linguistique ou religieux. Il faudra attendre Abd al-Malik (685-705) pour que les Arabes soient favorisés dans l’administration et Umar II (717-720) pour que les chrétiens et les juifs reçoivent un statut différent, inférieur aux musulmans, la dhimma, un contrat de protection pour les non-musulmans. Ce statut est à l’origine financier : les hommes non-musulmans en âge d’être soldat devaient payer un impôt spécifique, mais c’est aussi une copie des lois byzantines à l’égard des non chrétiens « orthodoxes ».
Vers 630, un grand bouleversement va changer à jamais la géopolitique du Moyen Orient, détruisant l’empire perse et mettant à mal l’empire romain de Byzance. Que s’est-il passé ? Notre source la plus complète nous vient de l’islam. D’après la tradition, à la mort de Mahomet (632), son beau-père, Abu Bakr, lui succède et en deux ans de règne, va convertir toutes les tribus de la péninsule arabique et les fédérer dans un projet commun : répandre la nouvelle foi. C’est son successeur, Umar (634-644) qui va lancer la conquête et envahir la Palestine, la Syrie, l’Egypte et l’Irak. A sa mort, un autre beau-fils du prophète, Uthman (644-656) va continuer l’oeuvre d’expansion et compiler le Coran. Enfin, le dernier gendre et neveu de Mahomet, Ali (656-661), nommé calife à 56 ans, va entrer en conflit avec les compagnons du prophète et provoquer la scission de l’islam : ces fidèles créant le courant chiite.
Mais, ce récit occulte certains évènements historiques et ignore des écrits chrétiens ou juifs qui pourraient nous amener à revoir cette légende. Énumérons d’abord ces faits.
La conquête s’est faite sans grand impact sur les populations existantes. Certains se sont même réjouis du changement de gouvernement. Les monastères et les églises ont été protégés.
Alors que le siège de Jérusalem va durer de 2 à 4 ans, les reliques dont la « Sainte-croix » ne sont pas mises en sécurité, elles restent dans la ville.
La conquête s’est doublée d’une guerre en clans. Trois des quatre successeurs de Mahomet ont été assassinés (Umar, Uthman et Ali).
Un document musulman connu sous le nom de « charte de Yathrib » indique que Mahomet a pris la tête d’une coalition de huit tribus arabes et de leurs alliés juifs.
La présence de juifs au sein des troupes arabes est corroborée par un écrit chrétien mentionnant que les juifs chassés d’Edesse par l’empereur byzantin se sont alliés aux Arabes.
Jean de Damas (676-749), ancien conseillé d’un calife, fait de l’islam une hérésie chrétienne.
Où sont passés les deux fédérations de tribus arabes contrôlant les déserts de Palestine, de Syrie et d’Irak : les Ghassanides au service de Byzance et les Lakhmides au service des Perses. Ces Arabes sont chrétiens, bien que non orthodoxes.
Pourquoi les premières pièces de monnaie frappées par les califes arborent-elles une croix ? D’autres faisant enfin référence à Mahomet (vers 685, après 50 ans de silence sur le prophète) sont ornées du symbole perse d’Ahura-Mazda.
Jérusalem est sous la menace des Arabes dès 634, le patriarche ne peut pas se rendre à Bethléem pour la messe de Noël, mais la ville ne tombe, sans combat, qu’en 636 ou 638.
Comment les successeurs de Mahomet ont-ils pu enrôler des dizaines de milliers de combattants alors qu’en 1917, les Anglais, avec le concours du chérif de la Mecque à qui ils avaient promis la création d’un immense royaume arabe, n’ont réuni que 2000 hommes pour combattre les Turcs ?
Hypothèse
Les disciples de Mahomet, « marchant sur le chemin de Dieu« , comme le proclame la charte de Yathrib envisagent de prendre Jérusalem et d’y reconstruire le temple, ce qu’ils feront dès la chute de la ville mais il sera probablement détruit par un tremblement de terre car en 670, un pèlerin le décrit en piteux état. Ils envahissent le sud de la Palestine et menacent la ville. La fédération des Ghassanides, qui ne sont plus payés par les Byzantins au bord de la faillite suite à la guerre qu’ils ont menée contre les Perses de 616 à 622, en profitent pour se payer sur le pays (qu’ils contrôlent) au cri de « cette terre est à nous« . Ils prennent Damas en 634 et font leur jonction avec les Arabes de Mahomet qu’ils aident à prendre Jérusalem : ce sont des guerriers habitués aux sièges qui s’allient à des bédouins rompus aux razzias.
Sur la carte remarquez la situation des « royaumes » Ghassanides et Lakhmides, fédérations d’Arabes chrétiens. Les premières grandes victoires arabes, signalées sur la carte, se trouvent à proximité des terres contrôlées par ces « royaumes ».
Cette carte est issue de l’Atlas historique mondial de Christian Grataloup
La conquête vire très vite à l’anarchie, chaque chef de tribu ayant son propre plan d’action. Les dissensions tournent à la guerre civile : des chefs sont assassinés (Umar et Uthman), d’autres font sécession comme Ali et Ibn Al-Zubayr. A cela se superpose les convictions religieuses : disciple de Mahomet, juifs et chrétiens. Il faudra attendre Abd al-Malik (calife en 685), probablement un Ghassanide, pour qu’une paix relative s’impose. Il prône l’association de Mahomet et de Jésus comme prophètes. Le Dôme du Rocher qu’il fait construire en 692 et qui est la première construction musulmane a être parvenue jusqu’à nous, en est la preuve : les textes qui ornent les panneaux du déambulatoire intérieur sont à la gloire des deux personnages.
Pour rétablir la paix, il renvoie les chefs de tribus chez eux et instaure une armée de métier. Les fonctionnaires grecs et perses qui étaient restés en place sont progressivement remplacer par des Arabes et la langue officielle devient l’arabe.
Dans l’islam sunnite, Jésus est un personnage très important : c’est lui qui présidera au jugement dernier. Il n’est pas mort, mais il est monté au ciel. Par contre, dans l’islam chiite, il ne joue aucun rôle, c’est l’imam caché qui reviendra à la fin des temps : la mahdi. Notons que les chiites, les partisans l’Ali, ont peu côtoyer les tribus chrétiennes, ils se sont dirigés vers le sud de l’Irak actuel d’où ils se dont toujours opposés aux califes omeyyades, issus de la fédération ghassanide.