Constantin n’a pas fait bâtir le Saint Sépulcre

Un nouveau pan de la tradition chrétienne est en train de s’effondrer : l’empereur Constantin n’aurait pas fait construire le Saint Sépulcre de Jérusalem… ni la plupart des églises qui lui sont associées. L’imaginaire chrétien est fondé sur des sources écrites, mais aujourd’hui, celles-ci sont confrontées à l’archéologie.

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Mahomet prophète de l’apocalypse

D’après l’article de Mohammad Ali Amir-Moezzi dans le « Coran des Historiens » (éditions du Cerf)

Mahomet a-t-il annoncé la fin imminente du monde, tout comme Jésus dans les évangiles ?
Plusieurs sourates du Coran parlent de la fin des temps, mais était-ce imminent ?

Contexte dans la région

Au VIIe siècle, le Proche Orient est fortement marqué par des attentes apocalyptiques dans toutes les religions. De 551 jusqu’en 767, la peste sévit dans la région. L’archéologie découvre des villages entiers abandonnés, vidés de leurs habitants. Il est possible que la ville de Pétra, jadis centre commercial prospère, ait perdu ses derniers habitants lors de cette épidémie : les fouilles ont montré que les derniers habitants s’étaient réfugiés dans l’église espérant une vaine protection de leur dieu.

Les guerres incessantes entre les empires byzantin et perse, pourtant affaiblis par l’épidémie, créaient un climat d’angoisse et d’insécurité propice aux « prémonitions les plus sombres et aux espérances les plus folles« .

Le milieu juif est particulièrement actif et cherche à libérer Jérusalem de la domination des Byzantins et à reconstruire le temple, prémisse d’une ère nouvelle.

Sans oublier que les Huns, qui ont terrorisé l’empire romain dans la première moitié du Ve siècle, sont de retour dans le Caucase. Le Coran se fait l’écho de cette présence en comparant les Huns à Gog et Magog, deux peuples barbares qui à la fin des temps briseront les portes qui les retiennent dans les steppes… d’après la tradition. Sur cette légende, voir l’article Gog et Magog.

Toutes les conditions étaient réunies pour que la littérature apocalyptique fleurisse et influence la pensée des fidèles. Dans le milieu juif, l’Apocalypse de Zorobal et les Secrets de Rabbi Shimon ben Yohai circulent. Mais les sources les plus nombreuses sont composées par les auteurs chrétiens, qui attendent toujours le retour du Messie : le Testament des Douze Apôtres, le Sermon sur la Fin des temps, l’Apocalypse du Pseudo-Esdras, etc.

Ce climat pré-apocalyptique n’est pas circonscrit aux cercles religieux, le Proche Orient est un monde connecté, les idées circulent et atteignent les milieux arabes. Ce n’est pas une période d’ignorance comme veut le faire croire l’islam.

La fin des temps dans le Coran et les hadiths

La fin des temps

Le Coran contient plus de deux cents versets mettant en garde sur la fin des temps, promettant la résurrection aux fidèles et la Géhenne aux mécréants. C’est un thème récurrent.

« Le fracas ! Qu’est-ce donc le fracas? Qui te dira ce qu’est le fracas ? C’est le jour où les hommes seront comme des papillons éparpillés [ou des tapis étendus ?] et les montagnes comme des flocons de laine cardée » (Co. 101, 1-5).

« La terre resplendira de la lumière de ton Seigneur ; le livre [des actes des hommes] sera posé et on appellera les prophètes et les témoins. La sentence sera prononcée en tout équité et nul ne sera lésé » (Co. 39, 69).

L’Heure

Mais quand arrivera la fin des temps ? « L’Heure imminente est proche. Allah seul peut la dévoiler. » (Co. 53, 57-58). Un hadith prête même à Mahomet cette déclaration : « L’Heure arrive. Mon avènement et l’Heure sont séparés l’un de l’autre comme ces deux-là (et il montra son index et son médium)« . Donc Mahomet a été envoyé pour avertir le peuple que le Jugement est proche et qu’il faut s’y préparer.

Jésus ne disait pas autre chose : « En vérité, je vous le déclare, cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive » (Marc, 13, 30).

Mais comme pour les chrétiens, l’Heure n’est pas venue. Alors dans le Coran , on trouve cette mise en garde : « Ils te pressent de hâter le châtiment. Dieu ne manque jamais sa promesse. Et le jour auprès de ton Seigneur équivaut à mille ans de votre calcul » (Co. 22, 47). Ou plus encore : « Les Anges ainsi que l’esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans. Supporte donc une belle patience » (Co. 70, 4-5).

Le messie

Mahomet a-t-il parlé du Messie, figure centrale de l’apocalyptique juive et chrétienne ? Le Coran n’en dit rien, il se contente d’appeler « Isa (Jésus) le Messie », mais sans lui attribuer un rôle particulier. Pourtant, dans la littérature chrétienne, contemporaine de Mahomet, on lit :

Un prophète est apparu avec les Saracènes [les Arabes] proclamant le venue le l’Oint attendu, le Messie. (Doctrina Jacobi, écrit vers 640).

Dans une lettre, Jacques d’Edesse (?-780) écrit :

Les Mahgrayes (musulmans) confessent tous fermement que Jésus est le vrai messie qui devait venir et qui fut prédit par les prophètes. Sur ce point, il n’y a pas de dispute avec nous.

Les chiites prétendent que Mahomet, le prophète, annonçait Ali, le messie. Ils se basent sur la sourate 13, verset 7 : « Tu n’es qu’un avertisseur, et à chaque peuple, un guide« . Ali est présenté par les chiites comme l’Alliance divine. Ils parlent du saint pouvoir d’Ali.

La Doctrina Jacobi (voir extrait ci-dessus) est un ouvrage chrétien, mais il met en scène des Juifs. Ont-ils reconnu Mahomet comme un prophète précédant la venue du Messie ? C’est bien probable puisqu’ils ont rejoint la umma, comme le montre la charte de Yathrib à qui j’ai consacré un article. Ils vont même suivre les troupes arabes à Jérusalem où un lieu de prière va être construit. Pour les Juifs, le retour à Jérusalem et la reconstruction du temple sont des prérequis à l’avènement du Messie (voir l’article sur le Messie).

Mais l’avertisseur (Mahomet) et le Messie (Ali) sont morts sans que la fin du monde n’arrive. D’autre part, les rapides conquêtes et la création d’un empire islamique ne pouvaient tolérer l’idée que la fin des temps était proche : la stabilité de l’État n’a jamais fait bon ménage avec les aspirations messianiques. L’histoire a été réécrite et la tradition réinterprétée.

Massada : un symbole

Le site archéologique de Massada, à cent kilomètres au sud de Jérusalem et à moins de deux kilomètres de la Mer Morte, attire énormément de touristes. Pourtant Massada n’est pas citée ni dans la Bible, ni dans le Nouveau Testament. C’est une forteresse aménagée par Hérode le Grand pour protéger le sud de son pays, la grande Judée. Hérode avait aussi fait transformer les forteresses existantes d’Hérodion et de Machéronte.

La prise de Massada par les Romains

Massada est restée totalement ignorée jusqu’en 1927, lorsqu’un émigré Ukrainien, Yitzhak Lamdan, publia un poème intitulé « Massada ». Massada est plus un événement qu’un lieu : c’est le dernier bastion qui a résisté aux Romains lors de la première révolte juive de 66 à 73.
Alors que Jérusalem est prise et le temple incendié en 70, des résistants se réfugient dans la forteresse de Massada. Ils sont environ 900, dont des femmes et des enfants. Leur histoire a été contée par Flavius Josephe dans le livre VII de son ouvrage « La guerre des Juifs« .


Ce document peut être consulté sur le site http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre7.htm.

C’est en 73, après avoir nettoyé les dernières poches de résistance dans le territoire de Judée que les Romains, commandés par Flavus Silva mirent le siège devant la colline de Massada. La forteresse était commandée par Éléazar, un des descendants de Judas de Galilée qui s’était opposé au recensement de Quirinus lorsque la Judée était devenue une province romaine en l’an 8.

La forteresse était imprenable, elle était pourvue de bassins qui fournissaient l’eau et des vivres avaient été stockées en prévision du siège : « en effet, on tenait en réserve du blé, en quantité suffisante pour un long temps, plus beaucoup de vin et d’huile, de légumes secs d’espèces variées, des monceaux de dattes. » (Flavius Josephe).

Les Romains entourèrent le site d’une palissade pour empêcher la fuite des assiégés et entreprirent la construction d’une rampe d’accès… ce n’était pas les esclaves qui manquaient ! Mais quand ils parvinrent dans la citadelle, tous les défenseurs étaient morts. Ils avaient choisi le suicide collectif.

A gauche, la maquette de Massada, à droite le site actuel avec la rampe construite par les Romains.

Exploitation du symbole

1927

La Palestine est sous mandat britannique. L’immigration est contrôlée et en Europe de l’est, les Juifs sont persécutés, parfois l’objet de pogroms. Pour Yitzhak Lamdan, Massada est un symbole social. Pour les Juifs de son temps, il n’y a que deux destinations : là où ils ne peuvent pas aller (pour les modernes, la Palestine, pour les anciens, Jérusalem) et là où ils ne peuvent pas vivre (l’Europe de l’est et Massada).

1948

A la création de l’État d’Israël (voir l’article), le symbole a changé : comme les défenseurs de Massada, les Israéliens sont encerclés par des forces hostiles et supérieures en nombre. Massada devient le symbole de la volonté nationale, le symbole de la résistance.

1967

Les Arabes, harangués par le président égyptien Nasser, ont décidé de détruire Israël (voir l’article). En Israël, alors qu’on creuse des tombes dans les parcs et les terrains de sport, le paradigme change. On ne veut pas d’un nouveau Massada. Les militaires proclament que les Israéliens ne seront pas pris au piège dans leur petit pays, leur forteresse. Ils doivent précipiter les événements et attaquer les premiers. Ce qui sera fait et la menace réduite à néant en six jours.

L’exemple de Massada reste, mais, dans l’avenir, il devra être évité à tout prix.

Qu’en disait Flavius Josephe ?

Lorsqu’il écrit la Guerre des Juifs, vers 90, Flavius Josephe réside à Rome, il est l’hôte de l’empereur Domitien, le fils de Vespasien à qui le prisonnier de guerre Josephe servait d’interprète. Il n’est plus prisonnier, il a été affranchi et il tient à flatter ses bienfaiteurs.

Dans le livre 7, les défenseurs de Massada ne sont pas de braves résistants Juifs qui veulent défendre leur pays contre l’envahisseur romain, mais des brigands, des sicaires, des zélotes. Leur attitude « n’était qu’un prétexte pour voiler leur cruauté et leur avidité… »
Il est vrai que lors du siège de Jérusalem, plusieurs bandes rivales s’opposaient et n’hésitaient pas à massacrer d’autres Juifs, qui comme eux, défendaient la ville : « les uns avaient la passion de la tyrannie, les autres celle d’exercer des violences et de piller les biens d’autrui« . Josephe parle d’une maladie contagieuse qui s’était emparée des défenseurs de Jérusalem. Leur violence a causé leur perte.

Massada, d’un fait divers peu glorieux, qui s’est terminé par un « suicide » collectif, raconté par le seul Flavius Josephe, ignoré pendant des siècles, est devenu au XXe siècle un symbole de la résistance d’une nation.

La charte de Yathrib (Médine)

La charte de Yathrib, aussi appelée « constitution de Médine », est à la politique ce que le Coran est à la religion pour les compagnons de Mahomet.
Ali, le cousin, beau-fils du prophète et quatrième calife gardait le document dans le fourreau de son épée d’après les hadiths collectés par ibn Hanbal (mort en 855), le théologien le plus traditionaliste, dont l’école de jurisprudence a donné naissance au wahhabisme.
Nous connaissons deux copies de ce document dont l’original ne nous est pas parvenu. Le document est repris dans la Sîra d’ibn Hicham (mort en 830), l’autre copie nous vient de Abu-Ubayd (mort en 838) et semble la plus ancienne.
L’archaïsme du style et les mots utilisés prouvent l’ancienneté du document dont l’authenticité n’est plus guère remise en cause.

Des différences entre les versions

Avant d’analyser le contenu de la charte, pointons les différences (pour se familiariser avec l’histoire de Mahomet, on peut se référer à l’article : Mahomet).
Dans la version de Abu-Ubayd, le texte commence par :

Ceci est un écrit de Mahomet, le prophète, établi entre ceux des Quraysh (NB : les premiers compagnons de Mahomet) et des gens de Yathrib (NB : ceux qui les ont accueillis) et ceux qui les ont suivis et, s’étant joints à eux, ont combattu avec eux. Ils sont une communauté unique à l’exception des autres hommes.


La version de ibn Hicham ne varie que sur un point, elle ajoute derrière le mot prophète, la bénédiction rituelle : que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui« . L’aspect religieux a été ajouté.

Si le début montre des différences, la fin aussi, et elles sont plus marquées.
Dans la version de Abu-Ubayd, on lit : « Si entre les gens de cette charte survient une agression dont on peut craindre une détérioration, on soumettra l’affaire à Dieu le Très-Haut et à Mahomet le prophète. »
A ce texte, la version d’ibn Hicham ajoute : « Allah est le plus sûr et le plus loyal garant de ce qui est dans cette charte. On n’accorde protection ni aux Quraych (NB : les habitants de La Mecque), ni à ceux qui les assistent ».

Comme on peut le voir, des éléments religieux sont, encore une fois, venus s’ajouter au texte et une mention est faite à la ville de La Mecque qui n’apparaît pas dans le document d’Abu-Ubayd, alors que le nom de Yathib (identifié comme Médine) y apparaît 3 fois.

Quel est l’objectif de la charte ?

Ce document structure l’organisation interne d’une communauté, appelée umma, et son activité guerrière « sur le chemin de Dieu ». Ce traité aurait été rédigé par Mahomet lui-même (voir l’introduction ci-avant)… alors qu’il était illettré d’après la tradition. Ce que conteste une chronique arménienne de 660 : « Il était très instruit et très versé dans l’histoire de Moïse ». Mahomet apparaît dans le texte comme un prophète et un simple arbitre en cas de différend… et surtout le garant de la cohésion entre les composantes de la communauté, les muminûn que l’on traduit souvent par croyants, mais qui n’a pas ce sens dans la charte. Ce sont plutôt « des gens qui se font confiance ». Le professeur Alfred-Louis de Prémare le traduit par « les affidés » du mot latin « fides » (la foi, la confiance), enlevant toute connotation religieuse au terme, ce qui semble plus correct comme on va le voir.

Les droits et les devoirs des affidés sont bien spécifiés et Dieu, le Très-Haut, est garant de ces clauses.

Un affidé ne tue pas un autre affidé pour venger un « infidèle ».
Le moindre d’entre les affidés les protège tous.
Les affidés sont alliés les uns des autres à l’exclusion des autres hommes.
Les affidés exercent la vengeance les uns au profit des autres.
Un affidé n’établit pas la paix séparément des autres affidés lors d’un combat sur le chemin de Dieu.
Les affidés qui respectent les clauses de ce document sont dans la voie la meilleure et la plus droite.

Plus inattendu (et j’en reparlerai) :

Ceux des juifs qui nous suivent ont droit à l’assistance en parité : on ne les lèse pas, on ne s’allie pas contre eux.

Qui concerne-t-elle ?

La charte concerne donc les premiers compagnons de Mahomet, des gens de Yathrib et des juifs. Ils constituent tous la umma primitive.
C’est très troublant quand on connaît la biographie (romancée) de Mahomet, la Sîra mise par écrit par ibn Hicham au IXe siècle. En résumé, Mahomet est accueilli à Yathrib par deux tribus arabes non juives, les Banu Aws et Banu Khazraj. Trois autres tribus, juives celles-là, vivaient également à Yathrib. Mahomet va entrer en conflit avec ces tribus, en chassant deux et exterminant la troisième. Pour plus de détails, lire l’article sur Mahomet.

Or dans la charte, on dénombre pas moins de huit tribus non juives et leurs alliés juifs, ce qui va à l’encontre du point de vue traditionaliste. Et la charte est très explicite :

Les juifs supportent les dépenses avec les affidés aussi longtemps que ceux-ci sont en guerre.
Les juifs alliés des Banu Awf constituent une communauté avec les affidés. Aux juifs leur loi religieuse et aux affidés leur loi religieuse, qu’ils s’agissent de leurs alliés ou d’eux-mêmes. Celui qui est injuste et viole les clauses n’attire la mort que sur lui et sur sa maison.

Pour les juifs alliés des Banu I-Harith, il en est comme pour les juifs des Banu Awf.
Pour les juifs alliés des Bani I-Awsil, il en est comme pour les juifs des Banu Awf.
[Et de même pour les huit tribus (banu)].

Que penser ?

Ce document est le tout premier écrit proto-islamique. Certains l’appelle la « constitution de l’an 1 ». Il nous présente une communauté multi-culturelle, sans contrainte religieuse, réunie pour combattre sur le chemin de Dieu. Les spécialistes de l’histoire de l’islam sont circonspects, car cette communauté n’a rien d’équivalent dans la Sîra, qui reste la référence pour ces historiens : Mahomet avait chassé ou massacré les trois tribus juives de Yathrib qui ne voulaient pas se soumettre à sa vision du monothéisme. Il ne restait donc plus de juifs à Yathrib, cinq ans après l’arrivée du prophète. Comme les historiens refusent de remettre en cause la Sîra, cette biographie de Mahomet mise par écrit deux siècles après la mort du prophète, ils sont face à un problème qu’ils bottent en touche en qualifiant la charte de document disparate, regroupant des traités signés séparément, sur plusieurs années. Le paradigme reste traditionnel : la communauté (umma) de Mahomet est mono-culturelle, exclusivement islamique, elle a pour objectif de répandre la nouvelle religion dans la monde.

On se trouve face à deux vues différentes qui s’opposent sur le rôle des juifs et l’objectif de la communauté.

Commençons par analyser le rôle des juifs. Dans la charte, ils sont les alliés, les clients des tribus arabes. Dans la Sîra, ils ont l’air de dominer l’oasis de Yathrib (Médine) : leurs villages sont fortifiés, ils ne sont pas seulement cultivateurs, mais ils exercent d’autres métiers comme métallurgistes : ils fabriquent les armes. Yathrib était aussi un centre culturel juif. On ne décèle pas de lien de dépendance des juifs par rapport aux deux tribus non juives.
Les historiens minimisent le nombre de tribus : 8 dans la charte, contre seulement 2 non juives dans la tradition. Pour eux, il s’agit non pas de huit tribus, mais des différents clans des deux tribus mentionnées dans la Sîra. Soit.

Si ce ne sont pas les juifs de Yathrib, éliminés selon la tradition, qui sont-ils ? Pour certains historiens, sceptiques, il est peu probable qu’il y ait eu des tribus juives aussi loin dans le désert arabique. Les juifs étaient présents dans l’empire byzantin, mais surtout dans l’empire perse beaucoup plus tolérant. Dans la péninsule arabe, les rois de Himyar, au Yémen actuel, s’étaient convertis au judaïsme en 380. Le royaume est resté juif jusqu’en 525 quand il a été conquis par les chrétiens du royaume d’Aksoum (Ethiopie).

Ce qui est très étonnant, dans la charte et dans la tradition, c’est l’absence des chrétiens à Yathrib alors qu’ils évangélisaient tout azimut. Les prédicateurs accompagnaient les caravanes et parcouraient toutes les routes commerciales. On les retrouve en Chine et chez les Mongols. Plusieurs évêchés ont été créé sur la côte orientale de la Péninsule arabique. Mais comme je l’ai déjà dit à maintes reprises, je doute que La Mecque et Médine soient sur des grandes routes commerciales (voir l’article : Pétra – La Mecque). Cette partie centrale de l’Arabie (le Hidjaz) est ignorée des grands empires, elle n’est desservie que par un commerce local.

D’où pouvaient venir les juifs mentionnés dans la charte de Yathrib. Il faut remonter 8 ans avant l’arrivée de Mahomet à Yathrib. Nous sommes en 614, les Perses envahissent l’Empire byzantin profitant d’une guerre de succession. Ils sont aidés par des contingents juifs qui prennent d’ailleurs le contrôle de Jérusalem, d’où ils avaient été chassés en 137. Les Perses iront jusqu’à Constantinople avant que le nouvel empereur, Héraclius, ne les repousse au-delà de l’Euphrate vers 622 (voir mon article sur la conquête arabe). Héraclius va s’en prendre aux juifs de l’Empire. Il leur pose un ultimatum : ils se convertissent au catholicisme ou ils quittent le territoire. Que vont-ils faire ? Laissons parler l’évêque Sébéos qui, vers 660, écrit l’Histoire d’Héraclius.

Ils (NB : les juifs) prirent le chemin du désert et arrivèrent en Arabie, chez les enfants d’Ismaël ; ils les appelèrent à leur secours et leur firent savoir qu’ils étaient parents, d’après la Bible…

Mahomet (NB : s’adressant à ses partisans) ajoutait : « Dieu a promis par serment ce pays à Abraham et à sa postérité après lui en toute éternité ; il a agi selon sa promesse, lorsqu’il aimait Israël. Or vous, vous êtes les fils d’Abraham et Dieu réalise en vous la promesse faite à Abraham et à sa postérité. Aimez seulement le dieu d’Abraham, allez vous emparer de votre territoire, que Dieu a donné à votre père Abraham, et personne ne pourra vous résister dans le combat, car Dieu est avec vous ».

Alors ils (NB : les partisans de Mahomet) se rassemblèrent tous, depuis Ewiwlay jusqu’à Sur et en face de l’Égypte; ils sortirent du désert de Phapan répartis en douze tribus, d’après la race de leurs patriarches. Ils répartirent parmi leurs tribus les douze mille enfants d’Israël,  mille par tribu, pour les guider dans le territoire d’Israël.

NB : Le désert de Phapan désigne probablement le désert de Paran (ou Faran en arabe qui ne connaît par le P) situé au nord-est du Sinaï. C’est là selon la Bible, qu’Agar et son fils Ismaël sont arrivés lorsqu’ils ont été chassés du clan d’Abraham (Gen. 21, 21)

Ce récit est plus cohérent avec la charte de Yathrib. Il explique aussi le sens de « combattre sur le chemin de Dieu » : conquérir la terre d’Israël que Dieu à donné aux fils d’Abraham, les Israéliens et les Ismaéliens. Quand Jérusalem tombera aux mains des armées arabes (vers 638), des artisans seront recrutés pour construire un lieu de prière sur l’emplacement du temple, au grand dam du patriarche chrétien Sophronios qui vit son diacre, tailleur de pierre, répondre à l’appel des Arabes.

Vers 640, un auteur chrétien anonyme, dans la Doctrina Jacobi, met en scène un juif qui raconte à Jacob, le héro de l’histoire : « Et nous les juifs, nous étions en grande joie. On disait que le prophète était apparu, venant avec les Saracènes (Arabes), et qu’il proclamait l’arrivée du Messie qui allait venir« . En 640, Jérusalem était déjà tombée (638).

NB : Lors de la conquête arabe, Jérusalem s’appelait Aelia et la Judée était devenue la Palestine. Ce changement de désignation était l’oeuvre de l’empereur romain Hadrien (son nom complet est Publius Aelius Traianus Hadrianus Augustus) qui, en 137, avait maté la deuxième révolte juive. Il avait détruit Jérusalem, expulsé les Juifs et rebâti une ville romaine à qui il avait donné son nom.

L’anti-judaïsme n’est pas inhérent à l’islam, il ne viendra que plus tard : les chrétiens de l’administration des Omeyyades, restés en place, persuadés que les Juifs étaient responsables de la mort de Jésus imposeront leur idéologie aux musulmans (voir l’article sur l’élaboration du Coran).

Conclusion

Cette hypothèse est-elle la véritable histoire des débuts de la conquête arabe ? A-L de Prémare, un islamologue réputé, dans son livre « Les fondations de l’islam » s’étonne : « On peut effectivement éprouver une certaine réticence à admettre que Mahomet ait envisagé, à partir du Hidjaz, une expédition aussi lointaine dans une zone aussi peuplée que la Palestine ».
Un autre historien, l’américain Hoyland, professeur à Oxford et à l’UCLA, dans son livre « Dans la voie de Dieu » voit dans les conquêtes, non pas une « invasion » musulmane, mais des insurrections d’Arabes et de non Arabes de toute confession, juifs, chrétiens ou zoroastriens, résidant dans les empires byzantins et perses et profitant du marasme causé par la fin de la guerre entre ces empires (603 à 628) et l’arrivée de la umma de Mahomet. Ces attaques sur plusieurs fronts expliquent les guerres civiles de 656 à 661 et de 683 à 692 entre les différentes armées conquérantes.

Cette vision va à l’encontre de la tradition islamique mise par écrit au IXe siècle (au IIe siècle de l’ère musulmane), alors que les lois n’étaient plus édictées par les califes, mais par les religieux. Les chroniqueurs de IXe siècle ont réinterprété les expéditions et les conquêtes à l’aune du contexte de leur époque, en amplifiant l’aspect religieux, en exaltant et en glorifiant l’islam.

La conversion des peuples conquis n’a jamais été un objectif pour les conquérants. Comme indiqué dans la charte de Yathrib, à chacun sa religion. Cette maxime est même reprise dans le Coran, sourate 2, verset 256 : « Nulle contrainte en religion. Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. Donc, quiconque mécroit au Rebelle (Satan) tandis qu’il croit en Dieu saisit l’anse la plus solide qui ne peut se briser« . Il n’est pas question de religion dans les premières années de la conquête. Il faudra attendre la fin de la seconde guerre civile en 692 sous le règne d’Abd al-Malik pour que Mahomet soit mentionné en tant que prophète par les califes omeyyades. Son nom va apparaître sur les pièces de monnaie et dans le Dôme du Rocher. A ce moment, on peut parler de l’islam en tant que religion califale.


Naissance de l’Etat d’Israël

D’après le film « Une terre deux fois promise » de William Karel et Blanche Finger.

Le sionisme

En 1894, le journaliste austro-hongrois, Théodor Hertzl assiste en France à la dégradation du capitaine Dreyfus dans un climat anti-juif qui le choque. En 1896, il publie un livre qui fera grand bruit… plus tard : « l’État des Juifs » dans lequel il prône la création d’un pays pour les Juifs : « Donnez-nous un bout de terre, on fera le reste« . Le sionisme est né. L’année suivante se tient à Bâle le premier congrès du mouvement sioniste qui appelle les Juifs à se libérer par eux-mêmes dans un pays : la Palestine, le foyer juif. Peu diffusée, cette idée ne sera pas un succès d’autant que, pour les rabbins de toutes tendances, la diaspora (la dispersion des Juifs hors d’Israël) est une punition de Dieu, seul le Messie peut reconduire les Juifs en Palestine.

En 1905, au 7ème congrès sioniste, après avoir envisagé l’Ouganda et l’Argentine, c’est bien la Palestine qui est choisie comme foyer juif. Pour les Européens, c’est une terre désertique. Grave erreur, elle est habitée par 500.000 Arabes et quelques milliers de Juifs qui vivent en harmonie.

En 1907, fuyant les pogroms en Ukraine, quelques étudiants sionistes idéalistes émigrent en Palestine (alors région de l’Empire ottoman) au cri de « ce pays est à nous ». Deux ans plus tard, ils créent le premier kibboutz. Pour eux, c’est une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Les Arabes ont déjà compris que l’affrontement sera inévitable.

Conséquences de la guerre 14-18

En 1917, l’état-major britannique pour le Proche-Orient, basé en Egypte, promet au shérif (chef religieux descendant de Mahomet) de La Mecque, Hussein ben Ali, la création d’un grand Etat arabe si une armée arabe aide les Britanniques à vaincre les Turcs ottomans (sujet du film « Lawrence d’Arabie »).
La même année, le ministre britannique des Affaires Etrangères, Lord Balfour, publie une lettre dans le Times du 2 novembre 1917, adressé à Lionel Rothschild, financier du mouvement sioniste :

Cher Lord Rothschild,

J’ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l’adresse des aspirations juives et sionistes, déclaration soumise au Parlement et approuvée par lui.
Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.

A la fin de la guerre, on se rend compte que les diplomates Sykes (GB) et Picot (F) avaient décidé dès 1917 de partager les territoires ottomans du Proche-Orient entre leurs pays. Oubliée la promesse faite aux Arabes. En 1920, cinq nouveaux Etats sont ainsi créés : le Liban et la Syrie sous mandat français ; l’Irak, la Palestine et la Transjordanie sous mandat britannique.

Les Arabes se sentent floué et le nationaliste Mohammed Rachid Rida répand l’idée que les Juifs dirigent le monde et sont les ennemis des Arabes. Les Protocoles de Sion, parodie anti-juive, qui ont été édités en 1903 en Europe, sont publiés au Caire en 1925 et à Jérusalem en 1926. L’antisémitisme qui était une notion européenne, gagne le monde arabe.

La Palestine britannique

La Grande-Bretagne organise un recensement en 1919 en incluant une notion ethnique. Il y aura deux catégories de Palestiniens : les Arabes (700.000) et les Juifs (70.000).

Entre 1920 et 1926, de nombreuses émeutes anti-juives ont lieu, s’opposant à l’immigration massive des Juifs dont la population double.

En 1933, Hitler est au pouvoir en Allemagne. Les premières lois raciales poussent les Juifs à émigrer vers la Palestine, encouragés par le gouvernement allemand. La seule condition pour obtenir un visa est l’abandon de tous ses biens. La tension monte d’autant plus que le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, adhère aux idées nazies et crée une légion arabe SS.

La Grande-Bretagne réagit : elle ne veut pas d’un Etat juif en Palestine. Elle arrête l’immigration juive.

En ,juillet 1938, à Évian, une conférence, réunie à l’initiative du président américain Franklin D. Roosevelt, débat sur l’accueil des Juifs persécutés par les nazis. On propose de les accueillir en Algérie. Le ministre français Henry Bérenger refuse. On propose alors la Palestine. Les Anglais, qui gèrent le territoire, refusent. Que faire ? La Suisse, submergée par les Autrichiens, fuyant leur pays qui vient d’être occupé, ferme sa frontière et instaure des visas pour les demandeurs d’asile. L’Australie se retire, elle ne veut pas importer le « problème juif » sur ses terres. Personne ne prend d’engagement et la conférence se termine sur une annonce « triomphale » : on va créer le CIR, le Comité Intergouvernemental pour les Réfugiés !

Conséquences de la guerre 39-45

Les Juifs d’Europe, survivants de la Shoah, regroupés dans des camps en Europe, tentent d’émigrer en Palestine. Ils sont refoulés par les Britanniques qui les parquent dans des camps à Chypre. Un diplomate américain dira au président Truman : « On traite les juifs comme l’ont fait les Allemands sauf qu’on ne les extermine pas« .

En 1947, face à la situation, une commission international de l’ONU propose de créer deux Etats en Palestine. C’est de la pitié pour les survivants de la Shoah, une réparation. Pour que la motion soit adoptée, elle doit obtenir 2/3 des voix des 56 pays représentés. Ce n’est pas gagné. La diplomatie s’active, Truman convainc les Philippines et Haïti de voter pour, en échange de prêts. La résolution passe de justesse 33 OUI contre 13 NON (et 10 abstentions dont la Grande-Bretagne). La Palestine est découpée.

Première guerre israélo-arabe : 1948

Le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël voit le jour à Tel-Aviv, Jérusalem étant en Transjordanie. Les Palestiniens juifs échangent leur passeport palestinien pour un document israélien leur permettant de voyager partout dans le monde… sauf en Allemagne. David Ben Gourion en est le premier ministre après avoir été, entre autres, président de l’Agence juive et chef de l’Haganah, l’armée clandestine juive lors du mandat britannique.

Tout a commencé par des attentats juifs et arabes. En mars 1948, deux cents habitants arabes de la petite ville de Dar Yassin sont tués parce qu’ils ont résisté à leur expulsion par l’Irgoun, un mouvement paramilitaire juif. La peur s’installe chez les Arabes. Les Britanniques qui ont maintenu l’ordre tant bien que mal quittent la Palestine. La guerre peut commencer. Tous les pays arabes attaquent Israël : l’Egypte, la Jordanie, l’Irak, la Syrie, le Liban, l’Arabie saoudite, le Yémen, des volontaires venant du Pakistan et du Soudan ainsi que des membre des Frères musulmans. La guerre n’a pas été préparée, elle est improvisée, mal coordonnée, elle va durer presqu’un an.

La création d’un Etat juif provoque l’arrivée massive des survivants de la Shoah, mal reçus lorsqu’ils voulaient rentrer chez eux. En Pologne, ils sont massacrés. En France, ceux qui ont bénéficié des biens confisqués aux Juifs manifestent dès juin 1945 en proclamant : « La France aux Français ». On y a même entendu des slogans comme « mort aux Juifs »  ou « les Juifs au crématoire »… un mois après la signature de la capitulation de l’Allemagne.
Cette immigration gonfle les effectifs de l’armée israélienne qui passe de 40.000 à 110.000 hommes en 6 mois.

Conséquences de la guerre de 1948

Contre toute attente, bien que mal armé, Israël sort vainqueur de cette guerre : en 1949, les différents pays arabes signent successivement une trêve avec le nouvel État.
On se rend compte aujourd’hui que l’initiative arabe fut une grave erreur. Les pays arabes réclament maintenant l’application de la résolution de l’ONU votée en 1947.

Durant la guerre, 300.000 Palestiniens fuient la Palestine vers les pays voisins, par peur des Juifs, mais aussi sur les conseils des pays arabes : « fuyez la guerre, vous reviendrez quand on aura exterminé Israël« . Pour se débarrasser des Palestiniens, les Israéliens ont mis à leur disposition des camions et des bateaux dans le port de Jaffa. A l’époque, personne ne s’émeut d’un tel déplacement de population : en Europe, des millions de personnes errent sur les routes. Les Arabes qui sont restés en Israël et ceux qui sont revenus ont reçu la nationalité israélienne. Ils représentent actuellement 20% de la population, soit un peu moins de 2 millions d’habitants. Tous les israéliens ont les mêmes droits, mais les musulmans ne sont pas tenus de faire leur service militaire.

Les pays d’accueil des Palestiniens ne tenteront jamais de les intégrer, les réfugiés n’auront pas accès à la nationalité, ils vivront dans des camps. Cette situation est voulue, elle maintient un conflit permanent entre les Palestiniens et les Israéliens qui refusent leur retour. L’idée d’un Etat palestinien est abandonnée.

Exode des Palestiniens

Suite à sa victoire, Israël regagne des territoires et occupe maintenant Jérusalem ouest. La vieille ville reste jordanienne. Les Juifs de Jérusalem-est sont expulsés par les Jordaniens.

Situation en 1949

Après la guerre, les Juifs sont expulsés d’Égypte, d’Irak, du Maroc et d’Aden. Alors que le pays n’avait accueilli jusqu’alors que les Européens, l’arrivée des Juifs d’Afrique provoque un choc culturel. Ils sont rejetés par la majorité de la population. Les 40.000 migrants d’Aden, incultes, sont même qualifiés de pré-primitifs !

Cette arrivé massive de migrants provoque une grave crise économique. Les biens de première nécessité sont rationnés.

Conséquence inattendue : la Grande-Bretagne est accusée de ne pas avoir soutenu suffisamment les pays arabes. Elle doit quitter l’Irak, la Jordanie, où les Britanniques viennent de mettre fin à leur mandat, et l’Egypte, où des troupes étaient toujours stationnées pour contrôler le canal de Suez,.

En 1967, une nouvelle guerre opposera Israël aux pays arabes (voir l’article : 1967, Israël conquiert Jérusalem).

70 : Jérusalem incendiée par les légions romaines

Contexte historique

En 63 avant notre ère, le général romain Pompée, conquiert la Syrie en battant le dernier roi grec, Mithridate VI, d’origine perse. Pour la petite histoire, notons que son frère s’appelait Mitridate Chrestos. Personne ne lui a voué un culte, car « chestos » signifie « bon ou bienfaisant ».

La Judée, dirigée par la dynastie hasmonéenne qui a acquis une quasi indépendance vers 167 avant notre ère, s’est agrandie petit à petit en profitant de la faiblesse des Grecs, descendants des généraux d’Alexandre le Grand.

A l’arrivée des Romains en Syrie, deux frères se disputent le trône de Judée : Hyrcan II et Aristobule II. Pompée intervient, prend Jérusalem et fait de la Judée un protectorat romain sous le contrôle du gouverneur romain de Syrie. Après sa victoire, Pompée visite le temple de Jérusalem, ce qui sera considéré comme une grave profanation.

Suite à la guerre qu’il a menée en Judée, Pompée ramène à Rome des prisonniers qui lorsqu’ils passeront du statut d’esclaves à celui d’affranchis constitueront les premières communautés juives de Rome. A cette époque, Babylone et Alexandrie (Egypte) comptaient déjà d’importantes communautés juives.

Avec l’accès au trône d’Antigone, le neveu d’Hyrcan II, la situation devient confuse. Les Parthes, ennemis des Romains, qui occupaient un vaste territoire à l’est de l’Euphrate, envahissent Israël.

L’empire romain et l’empire parthe sous l’empereur Auguste. La carte est extraite de l’Atlas historique mondial de Christian Grateloup que je recommande chaudement.

En 37 avant notre ère, les Romains placent Hérode sur le trône de Judée. Il sera appelé le Grand à la suite des travaux qu’il va entreprendre dans le pays : construction de villes (Césarée maritime, etc.), de forteresses (Machéronte, Massade, etc.), d’un théâtre et d’un amphithéâtre à Jérusalem et surtout il va agrandir et embellir le temple de la ville qui deviendra un des temples les plus imposants de l’Empire romain. Les travaux débuteront en 19 avant notre ère et se termineront 82 ans plus tard, en 63 de notre ère. Le gros oeuvre n’avait demandé que 7 ans et le temple semble n’avoir jamais été fermé.

Reconstitution du temple de Jérusalem

A la mort d’Hérode, en l’an 4 avant notre ère, son territoire est partagé, selon ses souhaits, entre trois de ses fils :

  • Archélaos obtient la Judée avec Jérusalem avec le désert du Néguev.
  • Hérode dit Antipas, obtient la Samarie et la Galilée au nord de la Judée.
  • Philippe obtient les territoires à l’est du Jourdain, jusqu’à la frontière nord du royaume des Nabatéens (Pétra).

En l’an 6 ou 7 de notre ère, Archélaos est destitué par les Romains qui prennent le contrôle direct de la Judée. Elle devient une province impériale, dirigée par un préfet qui s’installera à Césarée maritime, avec une petite armée d’un millier d’hommes. C’est à cette occasion que le gouverneur de Syrie envoie son légat, Quirinus, effectuer un recensement. Ce recensement a pour objectif de déterminer l’impôt des personnes. Comme je l’ai dit par ailleurs, ce recensement ne concerne que la Judée (pas la Galilée) et a été fait 11 ans après la mort d’Hérode. La naissance de Jésus racontée dans l’Évangile de Luc est une fable. C’est le gouverneur de Syrie qui contrôle le recensement, car un préfet n’a pas de prérogatives financières sur le territoire qu’il dirige.

Sous l’empereur Claude (41-54), la Judée devient une province sénatoriale, gouvernée par un procurateur. Remarquons que Ponce Pilate n’était pas procurateur, mais préfet.

Les temps messianiques

Un des derniers livres de la Bible, le Livre de Daniel, écrit vers 150 avant notre ère, par un auteur inconnu, déclare que les temps sont venus… Dieu va envoyer un prince, un messie pour préparer le royaume de Dieu sur terre.

Le Livre de Daniel donne même la date du début de l’insurrection qui précédera l’arrivée des troupes célestes : la fin des temps (de malheur) arrivera 70 semaines d’années à partir de la première année du règne de Darius, fils d’Artaxerxés, soit Darius II dont le règne commença en -423. La fin des temps est donc prévue en 66/67 de notre ère (490 moins 423). Ceci sera l’œuvre d’un « prince messie », du « Fils de l’homme » et se soldera par « la destruction de la ville et du sanctuaire…causée par un prince qui consolidera une alliance avec un grand nombre et qui fera cesser le sacrifice et l’oblation … ».

Le Livre de Daniel est à la fois un livre apocalyptique, du grec « révélation, découverte » et messianique, qui a foi dans l’intervention miraculeuse de Dieu. Depuis la destruction de Jérusalem par les Babyloniens et l’exil qui s’en suivit (-586), la conception du temps pour les élites juives a changé. Le temps ne s’écoule plus indéfiniment, il a eu un début, il aura une fin. La fin des temps sera cataclysmique, mais une ère nouvelle, de paix et de justice : le royaume de Dieu, sera la récompense des épreuves qu’Israël endure.

Pour comprendre l’histoire du premier siècle de notre ère en Palestine, et par conséquent, le christianisme, il est important de prendre en compte le messianisme. Les évangiles de Matthieu (25, 15-25), de Marc (13,14-23) et de Luc (21-20,24) font d’ailleurs dire à Jésus :

« Quand vous verrez installé dans le lieu saint l’Abominable Dévastateur, dont a parlé le prophète Daniel, alors que ceux qui sont en Judée fuient dans les montagnes ; celui qui sera sur la terrasse, qu’il ne descende pas pour emporter ce qu’il y a dans la maison ; celui qui est aux champs, qu’il ne se retourne pas pour prendre son manteau… ».

Jésus est un annonciateur, il reprend les thèmes du Livre de Daniel : un messie va venir annonçant la fin des temps de malheur et l’arrivée du royaume de Dieu. L’idée sous-jacente au messianisme est que le dieu d’Israël ne peut pas avoir abandonné son peuple et sa terre à la domination étrangère. Un jour il manifestera sa puissance et sa justice et cela d’autant plus vite que son peuple observera fidèlement la loi. La terre est actuellement dominée par le mal. Il sera extirpé après une succession de calamités.
Dans les évangiles, ces événements sont imminents :

« En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive » (24-34).
Ou : « En vérité je vous le déclare, vous n’achèverez pas le tour des villes d’Israël avant que vienne le Fils de l’homme » (10-23).
Ou encore « Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son père » (16-28).
Et enfin : « En vérité, je vous le dit, tout cela va retomber sur cette génération » (23-36).

Je n’ai cité que les passages de l’Évangile de Matthieu. Jésus apparaît comme l’annonciateur du Fils de l’homme, du messie. Il n’est pas ce personnage. Mais comme la prédiction ne s’est pas réalisée du vivant de Jésus, ses disciples vont annoncer son retour, cette fois en tant que messie… pour très bientôt.

Si Jésus a annoncé les événements, d’autres se sont présentés comme messies et ont lancé la révolte. Dès la mort d’Hérode, Judas bar Ezéchiel, un descendant des Hamonéens, se proclame messie et se révolte. Il attaque l’arsenal de la ville de Sépphoris, ville dont Nazareth devait être un faubourg mais qui n’est jamais citée dans les évangiles. Sa révolte est écrasée par les légions de Varus venues de Syrie et Sépphoris est détruite. Il y aura plus de 2000 crucifiés.

Le recensement de Quirinus est l’occasion pour Judas le Gaulanite (ou Judas de Gamala) de se proclamer messie. Il crée le parti des zélotes qui s’opposent dans la violence aux envahisseurs romains et pensent qu’ils seront secondés par YHWH lors de la guerre finale qui rétablira la justice divine. Ce qui reflète bien le contenu du Livre de Daniel.
La révolte est une nouvelle fois réprimée par les légions romaines venues de Syrie. On ignore comment mourut Judas. Par contre ses fils Jacques et Simon seront crucifiés vers 44.

Flavius Josephe en guerre

En l’an 66 (quelle coïncidence !), lassés par les provocations du procurateur Florus (64-66), qui puise dans le trésor du temple pour ses besoins personnels, les jeunes prêtres du Temple refusent de procéder au sacrifice journalier financé par l’empereur romain, Néron. Sous l’impulsion des zélotes, le pays entier s’embrase. La garnison romaine de la forteresse Antonia, jouxtant le temple, est massacrée.

Agrippa II et sa sœur Bérénice, qui règnent sur la Galilée, tentent de calmer les insurgés, en vain. Rome envoie la XIIe légion basée en Syrie pour rétablir l’ordre à Jérusalem, mais elle a mal estimé l’importance de la révolte, c’est un échec.

En 67, Néron décide d’envoyer Vespasien avec 3 légions (V, XII et la Xe qui avait un sanglier comme emblème). Il se met en route à partir d’Antioche, capitale de la Syrie. Il doit faire la jonction à Ptolémaïs (Saint Jean d’Acre) avec son fils Titus commandant la XVe légion, partie d’Égypte.

Et c’est ici qu’entre en scène Joseph bar Matthias, un juif né vers l’an 30 ou 40, plus connu sous le nom de Flavius Josèphe. Il va prendre une part active dans la révolte de 66. Il est chargé par Anan, le grand prêtre, de ralentir la progression des légions de Vespasien venant de Syrie. Il va donc défendre la Galilée. (C’est du moins ce qu’il racontera dans ses ouvrages.)

Après avoir résisté 40 jours, il est fait prisonnier lors du siège de Jotapata. Chose étrange, il est le seul rescapé du siège de la ville. Il va séduire Vespasien en prédisant qu’il sera le futur empereur romain. Dans la prophétie de Daniel, un prince doit voir le jour en Judée. La plupart y ont vu le messie juif, or Josephe déclare que ce prince, c’est Vespasien. Et l’avenir lui donnera raison.

La conquête du territoire va prendre de longs mois. Car à Rome, des troubles ont éclaté à la mort de Néron en 68. Cette année verra se succéder trois empereurs, proclamés par leurs légions. Et à ce petit jeu, c’est Vespasien, soutenu par les généraux du Danube, qui l’emportera. Il part à Rome en juillet 69, confiant les légions à son fils Titus qui, en 70, assiège Jérusalem.

Dans la ville encerclée, les vivres commencent à manquer. Trois factions rivales défendent encore la cité : Eléazar ben Simon commande les zélotes qui sont retranchés dans l’enceinte intérieure du Temple, Jean de Gischala défend le parvis extérieur du Temple et Simon bar Gioras, un chef de bande, règne sur le reste de la ville.

Titus fait ériger un mur de 7 kilomètres autour de la ville, pour ce faire, il fait abattre tous les arbres des environs. A titre de comparaison, l’enceinte construite autour de Paris par Philippe Auguste ne mesurait que 5 kilomètres. Il profite des sabbats, jours chômés par les juifs, même en temps de guerre, pour ériger une terrasse face à la partie nord du temple, le point le plus exposé, les autres côtés étant protégés par des ravins.

Enceintes de Paris

En juillet 70, les légions de Titus donnent l’assaut. C’est la curée, le temple est incendié et une bonne partie de Jérusalem s’enflamme. Le trésor du temple, dont la ménorah, le chandelier à sept branches, est ramené à Rome et exhibé lors du triomphe de Titus. Le butin et la vente des esclaves serviront, entre autres, à construire le fameux Colisée.

La ménorah rapportée par les légionnaires romains (détail de l’arc de triomphe de Titus à Rome)

Les fils de la lumière n’ont pas triomphé des forces du mal… mais la prophétie de Daniel s’est réalisée dans sa totalité. Ne prédisait-elle pas : « la destruction de la ville et du sanctuaire… causée par un prince qui consolidera une alliance avec un grand nombre et qui fera cesser le sacrifice et l’oblation … ». La fin du temple marque le début du judaïsme moderne qui a dû se redéfinir sans lieu de culte et de sacrifices… et celui du christianisme qui souhaitait prendre la relève.

La tradition chrétienne veut que les disciples de Jésus aient quitté la ville de Jérusalem lors de l’insurrection pour se réfugier dans les grottes des environs de Pella. J’estime qu’au contraire, ils ont pris une part active à la révolte espérant le retour de Jésus au terme de la catastrophe annoncée. La communauté chrétienne de Jérusalem aurait disparu dans la guerre.

Flavius Josephe écrivain

Vespasien et son fils Titus, qui lui succéda à la tête des légions romaines en Judée, ont utilisé Joseph comme interprète. Après la chute de Jérusalem, il s’installe à Rome, sous la protection de Vespasien et de ses fils Titus et Domitien, dont il prend le nom de famille « Flavius », en tant qu’affranchi. Il est donc connu sous le nom de Flavius Josèphe. Il est notre principale source pour connaître l’histoire de la Judée de -175 à la chute de forteresse de Massada, tombée en 73, dernier bastion de résistance juive lors de la révolte contre les Romains.

Il a écrit quatre ouvrages :

  • La Guerre des Juifs (vers 75). En 7 livres, il développe les causes de la révolte de 66 et détaille celle-ci. Il rédige en fait l’histoire des 2 siècles précédents : de l’avènement des Hasmonéens à la destruction du temple de Jérusalem.
    Les copies que nous possédons (en grec) datent des Xe et XIe  siècles.
  • Autobiographe. C’est la suite du précédent où il justifie sa conduite lors de la guerre contre les Romains. Il ne faut pas oublier qu’il est un traître pour les Juifs.
  • Antiquités juives (vers 93). En 20 livres il raconte, pour le public romain et grec, l’histoire des Juifs de la création du monde jusqu’au procurateur Gessius Florus (64).
  • Contre Apion (vers 95). Dans ce document, il défend le peuple juif et le judaïsme qu’Apion avait critiqué. Apion était mort sous l’empereur Claude.
On remet ça !

En 132, sous l’empereur Hadrien, les Juifs se révoltent à nouveau sous la conduite d’un messie : Bar Kokhba, « le fils de l’étoile » (de David). Il faudra trois années aux Romains pour venir à bout de la guérilla. Les conséquence seront terribles : les Juifs se verront interdire l’accès à Jérusalem, qui sera entièrement détruite et rebâtie. Elle prendra le nom d’Aelia Capitolina, du nom de famille d’Hadrien (Aelius) et des attributs de Jupiter (capitolin) dont le temple sera construit sur l’emplacement du temple juif. La Judée deviendra la Palestine. Le messie vaincu sera renommé Bar Koziba dans le Talmud, « le fils du mensonge ».

Cette nouvelle défaite va creuser le fossé entre le judaïsme et le christianisme. Marcion, un penseur chrétien ne va-t-il pas prôner d’abandonner de la Bible hébraïque (l’Ancien Testament) et de rejeter YHWH comme dieu ? Le fossé deviendra infranchissable au IVe siècle, lorsque le concile de Nicée (325) fixera la date de Pâques au dimanche suivant la Paque juive. Jusqu’alors, il n’était pas rare que les juifs et les chrétiens célèbrent ensemble les fêtes de Pâque(s) et de la Pentecôte.

Chronologie biblique

L’objectif de cet article est d’offrir un cadre pour des articles à venir sur Moïse, David et Salomon et la destruction du temple de Jérusalem.

Légende biblique

Tout commence le 23 octobre 4004 (avant notre ère) comme l’a « calculé » James Ussher, archevêque d’Armagh en 1650. En 6 jours, Dieu crée la terre, les cieux, les animaux, la végétation, l’homme et la femme… puis il se repose.
On connaît deux fils d’Adam et Ève : Abel et Caïn. Caïn, le cultivateur, tue Abel, l’éleveur, par jalousie : Dieu préfère le fumet d’un barbecue aux effluves du pain qui cuit. Avis aux croyants végans.
Mais c’est d’un troisième fils qu’est née l’humanité : Seth, l’ancêtre des patriarches, dont Noé. Âgé de 600 ans, Noé survit à l’anéantissement de toute vie sur terre. Dieu regrettant sa création provoque le déluge. Nous sommes en –2349. Note : bien qu’elles reflètent la chronologie biblique, ces dates sont fantaisistes, elles n’ont aucune valeur historique.

Les trois fils de Noé se séparent et vont peupler la terre : Sem l’Asie, Japhet l’Europe et Cham l’Afrique : « Tels furent les fils de Noé, selon leur clan et leur langue, d’après leurs pays et leurs nations. »

Rideau. On n’en saura pas plus.
Le temps a passé, l’horloge marque –1923, le deuxième acte débute par l’entrée en scène d’Abraham venu de Mésopotamie, littéralement, « le pays entre deux fleuves » : l’Euphrate et le Tigre. Dieu le choisit pour donner naissance à son peuple, le peuple élu. Il a deux fils : Ismaël et Isaac. Isaac engendrera, entre autres, Jacob qui après avoir lutté contre un « ange » sera appelé Israël, ce qui signifie : « celui qui a lutté avec Dieu« .

La généalogie des patriarches touche à son terme : Jacob (Israël) aura 12 fils, avec 4 femmes différentes. Vous avez deviné, ils vont donner naissance (indirectement) aux 12 tribus mythiques d’Israël. L’entente n’est pas parfaite entre eux : Joseph est vendu par ses frères à une caravane qui va en Egypte. Après des péripéties, Joseph devient vizir du pharaon en –1715. Il fera venir toute sa famille en Egypte lorsqu’elle ne trouvera plus de quoi se nourrir en Canaan.

D’où vient ce nom de Canaan ? C’est le nom d’un des fils de Cham (le fils de Noé qui a hérité de l’Afrique). Désobéissant aux directives de Noé, il se serait arrêté en chemin. C’est la Palestine romaine aujourd’hui occupée par Israël et les territoires palestiniens. J’utiliserai indifféremment les noms de Canaan ou de Palestine pour désigner cette région.

Rideau. Le troisième acte commence. On est entre –1451 et –1266 suivant les livres de la Bible, les descendants de Jacob, les Hébreux, sont maintenant réduits en esclavage au pays de Pharaon. Dieu mandate Moïse pour les en sortir et les ramener à Canaan. Je n’insiste pas sur cet épisode que je commenterai prochainement.

Quand la pièce reprend, les Hébreux se choisissent un roi : Saül. On a fait un bond dans le temps, nous sommes à la fin du XIe siècle avant notre ère. Vont lui succéder David (1009-970) puis son fils Salomon (970-931). J’en reparlerai.

On entre enfin dans l’Histoire

Les Hébreux forment deux Etats distincts et rivaux. Israël au nord, avec comme capitale Samarie, plus étendu, plus riche, plus puissant et Juda au sud autour de Jérusalem, petit pays pauvre.

En –722, les Assyriens, venant du nord de la Mésopotamie, envahissant Israël et déportent une partie de sa population pour la remplacer par des étrangers. Beaucoup d’Israélites se réfugient chez leur voisin, à Jérusalem.

Petit aparté : Abraham est un personnage des récits du sud de la Palestine (Juda), plus précisément d’Hébron. Par contre, Jacob est un héro du nord de la Palestine (Péniel). Ils ont été réunis artificiellement par Isaac… qui ne joue aucun rôle dans le récit biblique. Leur union « familiale » a été consacrée après la fuite des Israélites vers Jérusalem pour créer une histoire commune à tous les Hébreux.

En -597, puis en –586, c’est au tour de Juda d’être envahi par les Babyloniens de Nabuchodonosor II, peuple du sud de la Mésopotamie. Le temple attenant au palais royal est détruit et l’élite judéenne, la cour et les prêtres, emmenée en captivité à Babylone. C’est un événement majeur de l’histoire des Hébreux. J’en reparlerai.

La roue tourne, les Perses venus d’au delà du Tigre, chassent les Babyloniens (-539) et libèrent les Hébreux qui retournent à Jérusalem et bâtissent un second temple, inauguré en –515. Les Perses créent la satrapie de Transeuphratène qui englobe la province de Judée et s’étend du l’Euphrate à la Mer Rouge. Ce détail a son importance.

Les Perses seront défaits par Alexandre le Grand qui annexe la Judée en –332 avant notre ère. Les Judéens vont vivre sous domination grecque pendant près de 300 ans. Après une révolte contre les Grecs vers –160, une dynastie judéenne, les Hasmonéens, va acquérir une certaine autonomie. Mais faute de s’entendre lors d’une succession, les Romains interviennent en –63 et portent sur le trône le père de celui que l’on nomme Hérode le Grand. Il doit son surnom à l’embellissement de la ville de Jérusalem et principalement son temple.

Le Dôme du Rocher

Un voile de mystère entoure cet édifice parmi les plus photographiés au monde.
Qui l’a construit et quand ? Cette question peut paraître saugrenue dès lors que j’ai affirmé dans un article précédent qu’il était l’oeuvre du calife Abd al-Malik (685-705). Et pourtant un doute subsiste.
Quel est ce rocher que protège la coupole ?
Pourquoi a-t-il été construit ?
Quel était son aspect originel ?

Le Dôme du Rocher avec à l’arrière plan la coupole de la mosquée al-Aqsa.

Comme chacun le sait le Dôme du Rocher est situé à Jérusalem, sur l’Esplanade des Mosquées pour les musulmans, sur le Mont du Temple pour les juifs. Bien qu’étant à Jérusalem, l’esplanade est gérée par le WAQF, une fondation religieuse islamique contrôlée par la Jordanie. Ainsi, sans précaution archéologique, en 1999, le WAQF a déplacé 400 camions de déblais pour rénover la mosquée Marwan qui se trouve sous la mosquée al-Aqsa et les a versé dans la vallée du Cédron. Cinq ans plus tard, des archéologues ont entrepris des fouilles de sauvetage en analysant ces déblais. Des milliers d’objets retraçant l’histoire mouvementée du site ont ainsi pu être récupérés.
Depuis 1998, les visites du Dôme ont été « suspendues ».


Mosquée Marwan aussi appelée (à tort) les écuries du roi Salomon

Qui a construit le Dôme du Rocher ?

Les inscriptions sur les arcades ne laissent aucun doute, la date de l’inauguration est indiquée : 72. Cette année de l’ère musulmane correspond à 691/692 de notre ère, soit durant le règne d’Abd al-Malik. Alors pourquoi douter ? L’inscription porte également le nom du calife bâtisseur : al-Mamun (786-833). Que vient faire ce calife en 72 ? Si on considère comme date de départ du calendrier non pas la date de l’Hégire, mais la prise de pouvoir de la dynastie des Abbassides dont fait partie al-Mamun, on obtient 72 + 750 = 822… juste sous le règne de ce calife ! Mystère ? Non, usurpation, car sur l’inscription de la porte est (dont je parle plus bas), le même calife, al-Mamun, a fait graver la date de 216, soit 831/832 de notre ère.

Aucun pèlerin chrétien ayant visité Jérusalem ne mentionne le Dôme du Rocher donc ne permet de dater effectivement l’édifice. Néanmoins, on attribue sa construction à Abd al-Malik. Son fils Walid a fait construire la Mosquée al-Aqsa sur la même esplanade. Elle se situe sur le côté sud. Si le Dôme n’avait pas existé, il aurait centré la mosquée. De plus, depuis l’occupation de Jérusalem (Aélia à l’époque) par les Arabes en 638, l’édification d’un « temple » était projetée. Théodore, un contemporain de l’événement s’offusque que l’archidiacre Jean, marbrier de son état, se soit enrôlé pour la construction. En 670, un évêque franc, Arculfe, y voit lors d’un pèlerinage un édifice fait de planches et de poutres. A-t-il vu les échafaudages précédant la construction ?

Quelle est l’origine du Rocher ?

La signification de ce rocher a évolué au fil du temps. Au départ, il semble avoir été le rocher sur lequel Dieu s’est reposé avant de remonter au ciel. Ensuite, il fut la pierre sur laquelle Abraham s’apprêtait à sacrifier son fils Ibrahim, pour les musulmans, … ou Isaac, pour les juifs.


Le rocher à l’intérieur du Dôme

Les juifs ont emboîté le pas aux musulmans en changeant leurs traditions :

  • Ainsi, le rocher est devenu le « rocher de la fondation » qui se trouvait sous le saint des saints dans le temple… alors que ni les textes anciens, ni la Bible n’en parlent.
  • Et le mont sur lequel l’esplanade a été construite a été rebaptisé « Mont Moriah » car dans la Bible, c’est sur ce mont qu’Abraham a offert son fils Isaac en sacrifice… alors qu’à l’origine, ce mont s’appelait le Mont Sion, mentionné plusieurs fois dans la Bible. Ainsi dans le psaume 74 : « Souviens-toi de ce mont Sion où tu fixas ta résidence ! » . Le mont Sion a été « déplacé » vers une autre colline de Jérusalem !

Au IX° siècle, le rocher prend une tout autre signification : c’est l’endroit où Mahomet pris appui pour monter au ciel lors de sa visite nocturne à Jérusalem. La Sira nous conte cet événement : alors qu’il habitait La Mecque, Mahomet fut réveillé par l’ange Gabriel qui l’emmena la nuit vers Jérusalem sur le dos d’un animal fabuleux, Buraq, cheval à tête de femme, sorti tout droit de la mythologie perse. Cette légende a pour origine le verset 1 de la sourate 17 : « Gloire à celui qui a fait voyager de nuit son serviteur du lieu de prière sacré vers le lieu de prière éloigné dont nous avons béni l’enceinte pour lui montrer nos merveilles. » Ce verset ne parle ni de Mahomet, ni de Buraq, ni de l’ange Gabriel pas plus que de La Mecque ou de Jérusalem. On remarquera que la mosquée construite à Jérusalem s’appelle « Mosquée al-Aqsa » qui en arabe signifie « Mosquée éloignée »… le tour est joué !

Mais d’où vient cet amas rocheux ? Pour élucider le mystère, il nous faut remonter dans le temps.

Vers 515 avant notre ère, les Judéens, revenus d’exil de Babylone avec le consentement des Perses qui ont vaincu les Babyloniens (Chaldéens), construisent un temple à Jérusalem. En 63 avant notre ère, le général romain Pompée est à Jérusalem. Il est venu aider le protégé de Rome à conquérir le trône de Judée. Il pense que les juifs vénèrent une tête d’âne. Pour en avoir le cœur net, il profane le temple et dans le saint du saint, ne trouve rien. Il est vide. S’il avait vu un amas rocheux, il aurait pensé que les juifs vénéraient une pierre, comme les bédouins arabes qui se déplaçaient avec une pierre symbolisant la présence de leur dieu. Mais rien !

En l’an 19 avant notre ère, un autre protégé de Rome, le roi Hérode le Grand, entreprend de bâtir le plus grand temple de l’empire romain. Plus par vanité que par ferveur religieuse. Le temple reposera sur une plateforme de 480 mètres sur 280 construite sur le mont Sion (le mont du Temple). Les travaux dureront 82 ans. Soit dit en passant, si Jésus a été au temple à Jérusalem, il n’a pu le voir qu’en construction, celle-ci s’est achevée en 63 de notre ère… mais le service religieux n’avait jamais été interrompu. Dans le temple d’Hérode, toujours pas d’amas rocheux, mais une esplanade parfaitement plane.

Ce temple n’a pas fait la gloire de la Judée très longtemps. Suite à une révolte des Judéens, il est détruit par le futur empereur romain Titus en 70.
En 133-135, l’Histoire se répète, nouvelle révolte, nouvelles destructions. Mais cette fois, l’empereur Hadrien rase la ville et construit une ville romaine qu’il appellera Aelia Capitolina. Aelius est son nom de famille et il place la ville sous la protection de Jupiter Capitolin en lui consacrant un temple qu’il fait bâtit sur l’esplanade probablement avec les matériaux du temple juif. Le temple est consacré à Jupiter, Junon et Minerve. On ne voit pas pourquoi les Romains auraient laissé un amas rocheux dans leur temple.

Emplacement du temple de Jupiter projeté sur l’esplanade actuelle.

Au IV° siècle de notre ère, des fanatiques chrétiens détruisent le temple. Lors de l’arrivée des Arabes à Jérusalem, l’esplanade est considérée comme un dépotoir, c’est ce que nous disent Théodore, un contemporain, ainsi que les chroniqueurs musulmans : Tabari (IX°s) (« Dieu a envoyé un prophète sur la décharge publique… ») et al-Bahri (XI°s) (« A cette époque, c’était une décharge publique »).

Que peut-on déduire de l’origine de ce « rocher » ? Il est très probable que ce soit les ruines du temple romain, lui-même construit avec les restes du temple juif.

Pourquoi l’édifice a-t-il été construit ?

On n’a pas de document d’époque décrivant l’usage de cet édifice. On sait que ce n’est par une mosquée : une grotte a été creusée sous le bâtiment pour servir de lieu de prière. Mais cette grotte n’est pas d’origine. Au X° siècle, un auteur musulman, al-Yaqubi prétend que le Dôme du Rocher devait remplacer la Kaaba à La Mecque comme lieu de pèlerinage, car à cette époque, La Mecque était aux mains de l’anti-calife al-Zubayr.

C’était très probablement un lieu de pèlerinage, mais pas comme celui de La Mecque, avec un cérémonial bien défini, mais un lieu de pèlerinage comme le Saint Sépulcre que les chrétiens visitent en se recueillant. Il faut se replacer dans le temps. L’islam n’est pas encore la religion formatée et rigide qu’elle deviendra à partir de la seconde moitié du IX° siècle : les hadiths (les paroles du Prophète) n’existent pas, pas plus que la charia et les cinq piliers de l’islam. C’est une religion en devenir, qui se cherche. C’est la religion d’Abraham, qui a donné naissance au judaïsme et au christianisme, mais quelle forme lui donner… elle n’a pas de clergé. A ce moment de l’histoire, cette nouvelle religion aurait pu prendre le même chemin que le mormonisme qui est devenu l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, née en 1830. C’est une religion, basée sur la Bible, révélée par le livre d’un prophète : Mormon (personnage mythique ayant vécu de 311 à 385… aux Etats-Unis).

Le pèlerinage à La Mecque qui attire des centaines de milliers de musulmans est un phénomène très récent qui date de la prise de pouvoir de la famille Séoud conseillée par les religieux wahhabites vers 1930. A cette époque on ne dénombrait que 50.000 pèlerins par an. C’est le voyage par avion qui a drainé les foules.

La Mecque est probablement un lieu de pèlerinage très ancien, fréquenté par les bédouins qui venaient implorer leurs dieux leur réclamant de l’eau. A La Mecque ? Cette cuvette aride ! A certaines périodes, des pluies torrentielles dans les montagnes environnantes inondent la cuvette. En 1630, la Kaaba fut emportée par les flots. Encore aujourd’hui, les pèlerins doivent dévaler en courant la colline d’Arafa vers la plaine de Mina pour simuler le flux des eaux. La dernière inondation date de 2014. En 2018, une tempête perturba le pèlerinage, le voile couvrant l’édifice s’envola. Vu les travaux d’infrastructure, les inondations sont de plus en plus fréquentes malgré les aménagements et le drainage.

Inondations de 1941

La Kaaba est donc un édifice pré-islamique qui servait probablement à entreposer les bétyles symboliques des bédouins. La Sira ne rapporte-t-elle pas que Mahomet y détruisit 360 idoles ?

En conséquence, le Dôme du Rocher n’est pas un édifice à la gloire de l’islam, mais est destiné aux chrétiens « orthodoxes » pour leur montrer leurs erreurs. Le dogme du christianisme actuel dit nicéen ou chalcédonien a été défini aux conciles de Nicée (325) et de Chalcédoine (451) : il n’y a qu’un seul dieu, mais il y a trois personnes en Dieu de même « substance » et qui n’ont pas été créés : le Père, le Fils et le Saint-esprit. Une de ces personnes, Jésus (le fils) a deux natures, l’une divine et l’autre humaine, chaque nature a sa propre volonté. Les Arabes de Syrie s’opposaient à ces arguties byzantines. Les inscriptions originelles du Dôme le prouvent. Voici la traduction de toutes ces inscriptions. Notez que rien n’est typiquement musulman dans ces textes, sauf la mention du prophète Mahomet, mis sur le même pied que Jésus.

Sur la face interne des arcades (face au rocher) sur 240 mètres :
Au nom de Dieu, le miséricordieux, le compatissant, il n’y a d’autre dieu que Dieu. Il est UN. Il n’a pas d’associé. A lui appartient la souveraineté et à lui la louange. Il donne la vie et donne la mort. Il a le pouvoir sur toute chose. Mahomet est le serviteur de Dieu et son messager. Dieu et ses anges déversent des bénédictions sur le prophète. O vous qui croyez, demandez des bénédictions sur lui et saluez-le dignement. Que dieu le bénisse et que la paix soit sur lui. O gens du livre, n’exagère pas ta religion, ne dit rien sur Dieu sauf la vérité. Le Messie Jésus (ou Jésus-Christ), fils de Marie, n’était qu’un messager de Dieu, c’était sa parole qu’il a transmise par Marie et son esprit. Alors, croyez en Dieu et en ses messagers, et ne dites pas TROIS. Cessez, c’est mieux pour vous. Loin de sa transcendance d’avoir un fils, il a tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Dieu se suffit. Jésus se contente d’être un serviteur de Dieu, comme les anges. Oh mon Dieu, bénis ton messager et ton serviteur Jésus, fils de Marie. La paix soit sur lui, le jour de sa naissance, le jour de sa mort et le jour où il ressuscitera. Tel était Jésus, fils de Marie, la vérité dont ils doutent. Il ne convient pas de donner à Dieu un fils. Gloire à lui. Dieu est mon seigneur et ton seigneur, alors sers-le.
Remarques : pour les musulmans, contrairement au texte, Jésus n’est pas mort, il est monté directement au ciel d’où il reviendra pour le jugement dernier. L’inscription parle du Messie Jésus, alors que pour les musulmans, il n’en est pas un. Est-ce une mauvaise traduction de Jésus-Christ ?
Le texte comporte des signes diacritiques ce qui prouve que la langue arabe était finalisée à la fin du VII° siècle.

Sur la face externe des arcades :
(1) Au nom de Dieu, le miséricordieux, le compatissant, il n’y a d’autre dieu que Dieu. Il est UN. Il n’a pas d’associé. Il est Dieu, UN, l’éternel, il n’a pas été engendré, il n’a pas engendré. Il est incomparable. Mahomet est le message de Dieu, que la bénédiction de Dieu soit sur lui. (2) Au nom de Dieu, le miséricordieux, le compatissant, il n’y a d’autre dieu que Dieu. Il est UN. Il n’a pas d’associé. Mahomet est le messager de Dieu. Dieu et ses anges déversent des bénédictions sur le prophète. O vous qui croyez, demandez sa bénédiction et saluez-le dignement. (3) Au nom de Dieu, le miséricordieux, le compatissant, il n’y a d’autre dieu que Dieu. Louange à Dieu qui n’a pas de fils, ni de partenaire, ni de protecteur. Louez-le avec magnificence. Mahomet est le messager de Dieu, que Dieu le bénisse ainsi que les anges et les prophètes. Que la paix soit sur lui, que Dieu ait pitié de nous. (4) Au nom de Dieu, le miséricordieux, le compatissant, il n’y a d’autre dieu que Dieu. Il est UN. Il n’a pas d’associé. A lui la souveraineté et les louanges. Il donne la vie et la mort. Il a le pouvoir sur toute chose. Mahomet est le messager de Dieu, que Dieu le bénisse. Qu’il intercède lors du jugement dernier pour son peuple. (5) Au nom de Dieu, le miséricordieux, le compatissant, il n’y a d’autre dieu que Dieu. Il est UN. Il n’a pas d’associé. Mahomet est le messager de Dieu, que Dieu le bénisse. Le dôme a été construit par le serviteur de Dieu (= Abdullah) al-Mamun, commandeur des croyants, en l’an 72. Que Dieu l’accepte de lui et en soit content. Amen, Seigneur des mondes, Dieu soit loué.
Remarques : c’est volontairement que le même texte se répète plusieurs fois, car si les inscriptions intérieures se voient en un coup d’œil, celles des arcades extérieures ne sont visibles qu’au fur et à mesure que l’on se déplace dans le déambulatoire. Comme il y a plusieurs portes d’entrée, on ne sait pas où commence le texte.
L’arabe s’écrit de droite à gauche, sauf les nombres. 72 n’est pas écrit 27.

Inscriptions de l’entrée est

Inscriptions sur plaque de cuivre de l’entrée est :
Au nom de Dieu, le miséricordieux, le compatissant. Louange au vrai Dieu, le vivant, l’éternel, maître des cieux et de la terre, lumière des cieux et de la terre, pilier des cieux et de la terre, l’UN, l’éternel. Il n’a pas engendré et n’a pas été engendré. Personne ne peut se comparer à sa gloire. Dieu donne la vie à qui il veux, il la retire s’il veut. Gloire à Dieu, le miséricordieux, le compatissant… Bénis Mahomet ton serviteur, ton prophète, accepte qu’il intercède en faveur de ton peuple, qu’il soit béni et que la paix soit sur lui. Que Dieu préserve la vie d’Abdullah al-Mamun, commandeur des croyants, frère du commandeur des croyants Abu Ishaq, fils du commandeur des croyants al-Rashid. Que Dieu lui donne longue vie. Ce travail a été effectué par Salih ben Yahua, affranchi du commandeur des croyants dans le mois de rabi al-Akhir de l’année 216.
Remarques : la facture de l’inscription est plus grossière. La plaque a été posée à la demande d’al-Mamun mais Dieu n’a pas exaucé sa demande de longévité, il s’éteint en 218 de l’ère musulmane.

Inscriptions sur plaque de cuivre de l’entrée nord :
La plaque du portail nord porte des inscriptions identiques, mais elles ne sont pas signée.

Quel était son aspect originel ?

Il est fort probable que l’intérieur ait été conservé tel quel malgré quelques restaurations. Par contre, l’extérieur a été embelli à l’époque ottomane. Ainsi, des émaux et des inscriptions ont été ajoutées, elles sont l’oeuvre d’artisans émailleurs du quartier arménien de Jérusalem (sud-ouest) au XVI° siècle. Le toit, en feuille d’or, ne semble pas originel. Sur les peintures du XIX° et du XX° siècle, il est tantôt doré, tantôt gris. Quoiqu’il en soit, il a été restauré en 1994.