Les Templiers

A cause de leur origine obscure et de leur disparition tragique, ces moines-soldats ont suscité de nombreux fantasmes et rumeurs. Dans ce premier article, je me contenterai d’exposer les faits historiques. Dans un prochain article j’aborderai les mystères entourant l’ordre.

Naissance d’un ordre religieux

Une dizaine d’années après la prise de Jérusalem (juillet 1099) par les croisés, un petit nombre de chevaliers français, la tradition en rapporte neuf, se mettent à la disposition des chanoines du Saint-Sépulcre pour escorter les pèlerins sur les chemins de Jérusalem. Parmi eux, se trouvent Hugues de Payns et André de Montbard.

En 1129, Hugues de Payns revient dans sa Champagne natale où se tient le concile de Troyes. Sa fraternité est reconnue et devient un ordre religieux d’un nouveau genre : ses membres seront des chevaliers. Il est probable que cette reconnaissance soit due à Bernard de Clairvaux (saint-Bernard), parent d’André de Montbard qui rédigea « De laude novæ militiæ » (Éloge d’une nouvelle chevalerie).

La règle de l’ordre est stricte. Les frères-chevaliers doivent faire vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. En entrant dans l’ordre, ils se dépouillent de tous leur biens, ils ne possèdent plus rien en propre.
En retour, l’ordre lui bénéficie d’importants avantages. Il ne sera pas soumis à la dîme, ni à aucune taxe, il ne répondra que devant le pape. Il échappe donc à la justice seigneuriale qu’elle soit royale ou épiscopale.

Rapidement, de tous les pays d’Europe, les dons affluent, des seigneurs leur confient des bois, des friches et même des villages. De nombreux candidats se pressent pour rejoindre le nouvel ordre. Lorsqu’il revient à Jérusalem en 1130, Hugues de Payns est escorté d’une troupe nombreuse.

Le roi de Jérusalem, Baudouin II, loge les nouveaux chevaliers dans son palais royal qui n’était autre que la mosquée al-Aqsa, sur le mont du temple. Ils porteront le nom de Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, en abrégé, les Templiers. Le roi déménage sa résidence dans la Tour de David, une construction du 2ème siècle avant notre ère, rénovée pour l’occasion.

Cette milice religieuse comprend trois catégories de membres :

  • les chevaliers qui doivent être nobles. Ils sont revêtus d’un long manteau blanc frappé d’une croix rouge. L’ordre leur alloue trois ou quatre chevaux. Ils vivent en commun, comme des moines, ils sont tenus d’assister aux offices religieux, ils doivent faire l’aumône et se contenter de ce que l’ordre leur donne.
    Les chevaliers ne seront jamais très nombreux, à leur apogée, il n’y aura pas plus de 2000 chevaliers du temple.
  • les frères chapelains, ordonnés prêtres, ils s’occupent de l’encadrement spirituel. Ils sont en petit nombre.
  • les frères sergents dont une partie combat aux côtés des chevaliers, ce sont les sergents d’armes et l’autre s’occupe des tâches quotidiennes et de la gestion, les sergents de métier. Ils portent un manteau brun ou noir. Ce sont les plus nombreux.

L’ordre est dirigé par un grand maître, élu à vie, assisté d’un chapitre de 12 conseillers. En 188 ans d’existence, l’ordre du Temple aura connu 23 grands maîtres.

Croix templières

Réalisations en Orient

Ils forment l’armée permanente des Etats latins. Après une croisade, la plupart des combattants retournaient chez eux. Seuls restaient ceux qui avaient pu s’approprier une terre. La défense des Etats reposait donc sur les ordres religieux. Ils étaient rompus aux techniques de combats et n’hésitaient pas à affronter des adversaires bien plus nombreux qu’eux. Les forces qu’ils alignaient peuvent paraître dérisoires : quelques centaines de chevaliers et de sergents d’armes accompagnés de fantassins payés pour appuyer les combattants. Leur force résidait dans leur discipline et leur courage.
A côté de l’ordre du temple, on trouvait d’autres ordres de moines-soldats :

  • Les chevaliers teutoniques (manteau noir et croix blanche) qui avaient comme mission initiale de prendre soin des malades et des blessés. Ils recentreront leurs activités sur la frontière est de la chrétienté, la Prusse où ils combattront les Lituaniens.
  • L’ordre de Saint Lazare qui soignaient les lépreux (croix verte).
  • Et surtout l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, plus connu sous le nom d’Hospitaliers (manteau rouge et croix blanche). Ce sont les concurrents et parfois les adversaires des Templiers. Cet ordre existe toujours sous le nom d’Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, mais ce n’est plus un ordre religieux.
Croix de Malte

En Orient, les Templiers vivaient dans des monastères ou dans des forteresses qu’ils ont construites le long des frontières des Etats latins. Lors des croisades, ils accompagnaient les troupes venues d’Occident, conseillant et appuyant les souverains engagés dans la croisade, même s’ils n’approuvaient pas les décisions prises par ceux-ci, comme lors de la bataille de Mansourah (Égypte), où Louis IX (Saint-Louis) est fait prisonnier.

Réalisations en Occident

En Occident, les Templiers gèrent les terres qu’ils ont acquises comme dons. Ils ont construit des commanderies, des fermes-châteaux, un peu partout. Ces commanderies sont gérées par un chevalier ou un sergent. On peut dire qu’ils ont apporté la paix et la sécurité dans un Occident brutal et barbare. Ils ont sécurisé les routes et les marchés et garanti l’accès libre aux ponts favorisant ainsi les déplacements. Ils accueillent les voyageurs et protègent leurs biens : en tant que moines, ils jouissent du droit d’asile. Il ont créé les premiers chèques de voyage : le marchand déposait son argent dans une commanderie et le récupérait à son arrivée… grevé d’une légère taxe.
C’est exploitation des commanderies qui génère la richesse de l’ordre, richesse qui est investie dans la défense des Etats latins d’Orient.

La situation des Templiers en Espagne et au Portugal est différente : ils combattent aux côtés des rois chrétiens qui tentent de conquérir les territoires pris par les musulmans aux Wisigoths après 711.
Mais dans le Languedoc, où ils ont de nombreuses commanderies, jamais ils ne prendront part à la croisade des rois de France contre les Albigeois (voir l’article sur les Cathares).

Les grandes défaites en Orient

En Orient, les musulmans sont divisés, chaque ville de Syrie est tenue par une famille qui ne représente pas un danger pour les Etats latins. Aucun calife de Bagdad n’a jamais tenté de chasser les « infidèles ». Les califes fatimides d’Égypte, pourtant chassés de Terre sainte par les croisés, ont des problèmes internes à régler. Les Francs ont donc peu de combats importants à livrer. Mais vers 1170, la situation change, la menace se précise. Le calife d’Égypte nomme un nouveau vizir : Saladin, issu d’une famille qui gouverne le nord de la Syrie (Damas, Mossoul). Saladin finira par prendre le pouvoir en Égypte. Les Etats latins sont alors pris en étau entre la Syrie et l’Égypte… et ils sont faibles : le nouveau roi de Jérusalem est lépreux et peu apte à diriger.
Cependant, Saladin privilégie la diplomatie : il conclut une trêve de 5 ans avec les chrétiens en 1180 qu’il renouvelle en 1185. Il est trop occupé à conforter son pouvoir en Égypte et en Syrie.

A la mort de Baudouin IV, le roi lépreux, différents barons briguent le pouvoir qui devient instable. C’est le moment que choisit Renaud de Châtillon, seigneur d’Hébron, pour attaquer des caravanes. Saladin demande au roi de Jérusalem d’intervenir, mais il n’a aucun autorité sur le félon qui avait même envisagé de voler le corps de Mahomet à Médine et de détruire la Kaaba.

La guerre est inévitable, les chrétiens réunissent une armée puissante, comme on n’en avait jamais vue en Terre sainte. Saladin les attend en Galilée, aux Cornes de Hattin. Les Francs sont rassemblés à 25 km de là. Le grand maître des Templiers, malgré l’opposition du grand maître des Hospitalier, persuade le nouveau roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, de ne pas attendre et de passer à l’attaque en allant à la rencontre de Saladin. L’armée se met en marche de jour, en plein soleil, sans ravitaillement en eau : Saladin a fait saler ou empierrer les puits. L’affrontement ne fait pas de doute. C’est un massacre, le roi et la plupart de ses barons sont capturés, les Templiers et les Hospitaliers résistent comme leur règle les y obligent. Ils se font tuer sur place ou sont capturés blessés. Pour eux, il n’y a pas de différence. Si les barons capturés seront libérés contre rançon, eux qui ne possèdent rien et ne peuvent donc pas se racheter sont égorgés.
Nous sommes en 1187, le royaume de Jérusalem va disparaître. Profitant de sa victoire et de l’anéantissement des armées chrétiennes, Saladin met le siège devant Jérusalem sans défense. Suite à une négociation, les habitants peuvent quitter la ville contre une rançon. Ceux qui ne peuvent pas payer seront vendus comme esclaves. Alors que les prêtres quittent la ville emportant leur or, les Templiers restant paient la rançon des pauvres.

Un domaine chrétien va subsister en Terre sainte encore un siècle, accroché à quelques ports dont le dernier Saint-jean d’Acre tombera en 1291. Alors que les marchands vénitiens, génois et pisans se livrent une guerre interne, les Templiers et les Hospitaliers rassemblent leurs dernières forces et résistent sur les remparts qui finiront par céder. Bien peu pourront prendre les derniers bateaux et se réfugier à Chypre avec l’espoir de revenir. Le grand maître du Temple perdra la vie dans la bataille. En tout, six grands maîtres périront au combat.

Disparition

Tandis que les Hospitaliers s’installent à Chypre, le nouveau grand maître du Temple, Jacques de Molay, s’installe dans l’enclos du Temple à Paris. Il serait aujourd’hui dans le 5ème arrondissement de la capitale française, mais à l’époque, c’était un village fortifié hors des murs de Paris, dont il ne subsiste plus rien… que des marquages au sol. C’est dans la tour du temple (au fond à droite sur l’image) que le roi de France Louis XVI sera détenu avant son exécution.

Enclos du temple

Tout semble bien se passer entre Jacques de Molay et le roi de France, Philippe IV dit le Bel. Le roi a même confié la gestion de son trésor au Temple. Mais le vendredi 13 octobre 1307, les Templiers, les chevaliers au blanc manteau, sont arrêtés dans tout le royaume. Un mois plus tôt le roi avait fait parvenir une lettre cachetée, à n’ouvrir que le 13 octobre, à tous les baillis du royaume.

Ils sont accusés, selon les dénonciations de deux anciens Templiers exclus de l’ordre, de quatre crimes :

  • Initiation secrète accompagnée d’insultes à la croix, du reniement du Christ et de baisers infâmes.
  • Omission des paroles de consécration lors de la messe.
  • Adoration d’une idole comme image du vrai Dieu.
  • Autorisation de pratiquer le « crime contre nature », c’est-à-dire l’homosexualité.

Les interrogatoires sont menés par l’Inquisition qui n’hésite pas à recourir à la torture quand les réponses aux questions ne correspondent pas à leur attente. Les inquisiteurs dépendent des évêques qui en France sont nommés par le roi.

En Angleterre et au Portugal, les Templiers ne sont pas inquiétés. En Espagne, ils se retranchent dans leurs forteresses et dans l’Empire germanique, ils se présentent en armes lors d’un concile. C’est donc une affaire typiquement française.

Le pape Clément V, qui pourtant doit son élection à Philippe le Bel, s’insurge dès le 28 octobre et casse le pouvoir des inquisiteurs. Fin novembre, il ordonne que de tous les Templiers lui soient remis. Il prend donc les Templiers sous sa protection en feignant de suivre l’initiative du roi de France.

Le roi de France résiste et accuse le pape de simonie, d’avoir favorisé ses parents. Il garde ses prisonniers. D’autant plus que la plupart ont avoué puis se sont rétractés lors de l’intervention du pape.

En été 1308 va se dérouler un événement inexplicable. Le pape, qui réside à Poitiers, en France, demande à interroger personnellement 72 Templiers. Après l’interrogatoire de quelques-uns, ils les remet à la justice royale. On ignore ce que les templiers ont révélé pour être abandonnés par le pape. En juin 1311, l’instruction est terminée et le dossier remis au pape.

Le 3 avril 1312, après plus de 4 ans de procédures, un concile est convoqué à Vienne (en France). La lumière va être faite sur cette affaire. Mais coup de théâtre, dès la première séance, le pape donne lecture de la bulle « Vox clamantis in excelso » (la voix de celui qui pleure là-haut) dans laquelle il dissout l’ordre du Temple, « non pas par décision de justice, mais par ordonnance apostolique ». Toute personne qui posera une question sur cette affaire sera excommuniée.

Le 18 mars 1314, les hauts dignitaires de l’Ordre, sont amenés sur l’île aux Juifs, aujourd’hui disparue et devenue Square du vert Galant à la pointe ouest de l’île de la Cité à Paris. Ils vont recevoir, en public, leur sentence prononcée par l’évêque de Paris, le seul à Paris à pouvoir juger les crimes relevant de la religion. Ils sont condamnés à la réclusion à perpétuité. Mais Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay, commandeur de Normandie, se rebellent et nient les faits. Relaps, ils sont condamnés au bûcher. Le soir même, ils sont brûlés face à la cathédrale Notre-Dame.

square du vert Galant où une stèle rappelle les faits.

Motivations de Philippe le Bel

Pourquoi Philippe le Bel s’est-il acharné sur les Templiers ? On n’a aucune certitude, les historiens pensent qu’il espérait récupérer les biens des Templiers lui dont le trésor avait fondu. Mais leurs biens fonciers ont été donnés aux Hospitaliers. Le roi a récupéré son trésor qui s’élevait à 300.000 livres plus 60.000 de frais de procès. Une livre tournois pèsait environ 80 grammes d’argent (20 sous de 4,2 g).

On a accusé Philippe le Bel d’avoir dilapidé sa fortune dans des guerres. Ce qui est faux, il a juste financé deux guerres, l’une contre son vassal le roi d’Angleterre, seigneur de Guyenne (Aquitaine) et l’autre contre le comte de Flandre lui aussi son vassal.
En fait, c’est son grand-père, Louis IX (saint-Louis) qui par ses dépenses somptuaires a ruiné le royaume. Il n’a cessé d’être en guerre. Il a mené la croisade contre les Cathares. Il a entrepris deux croisades désastreuses. Lors de la première il a été fait prisonnier et a dû payer une rançon de 500.000 livres tournois. La seconde lui a été fatale, il est mort à Tunis avant d’atteindre son objectif.
De plus, il a fait construire la Sainte-Chapelle (toujours visible) dans le palais de l’île de la Cité, pour la somme de 40.000 livres. Cette chapelle était son musée personnel où il a exposé les reliques de Passion de Jésus qu’il a achetées à l’empereur byzantin. La grand châsse en or, pour contenir la couronne d’épine, lui a coûté 100.000 livres. A l’époque, les matériaux étaient plus chers que la main-d’oeuvre.

On avance aussi une autre explication. Philippe le Bel voulait asseoir son autorité sur l’Église de France. Il ne pouvait tolérer l’indépendance d’une force religieuse comme les Templiers, qui étaient placés sous la tutelle et l’autorité exclusive du pape. Il les a donc compromis et jeté la suspicion sur leur ordre.

Coupables ou innocents

Légalement, le procès n’a pas débouché sur un verdict clair : les Templiers n’ont pas été déclarés coupables ni innocentés, l’ordre a été dissous. Comme la torture a été appliquée, il est difficile de se faire une idée à la lumière des minutes du procès.
Presque tous les accusés ont nié avoir eu des relations homosexuelles, ils ont aussi réfuté la modification des paroles de consécration, qui étaient prononcées non pas par les chevaliers mais par les chapelains dans les grands monastères. Dans les commanderies, la messe était publique.

Quelques-uns ont dit avoir aperçu une « idole » sous forme de tête, mais les descriptions données sont tellement discordantes qu’il nous faut rejeter cette accusation d’autant plus que personne n’a parlé de rites autour de cet idole. Était-ce simplement une relique, comme chaque église en possédait ?

Par contre, la plupart ont avoué avoir dû cracher sur la croix lors de leur initiation. Ils se sont démarqués du geste en affirmant qu’ils ont cru que c’était pour éprouver leur serment d’obéissance. Quelle est la signification de ce rituel ? Pourquoi à deux reprises, le pape a-t-il évité un débat public sur les « crimes » des Templiers (à Poitiers et à Vienne) ? Quel secret devait être caché à tout jamais ?
Les Templiers n’ont probablement pas renié le Christ. Ils suivaient régulièrement la messe, ils étaient très attachés au culte marital ; la dernière demande de Jacques de Molay est d’avoir les mains jointes et le regard tourné vers la cathédrale Notre-Dame. C’était donc contre la croix et le crucifié que leur aversion se portait. Avaient-ils la conviction que Jésus n’avait pas été crucifié ? On ne le saura jamais, le secret a été bien conservé. J’ai rédigé plusieurs articles sur une histoire différente de Jésus que celle présentée par les évangiles (voir la liste des articles).

Que sont devenus les Templiers ?

Leurs biens fonciers ont été attribués aux Hospitaliers de Saint-Jean.
Les Templiers qui avaient avoué ont été remis en liberté, ils pouvaient rester dans leur commanderie ou rejoindre un autre ordre. Ceux qui étaient revenus sur leurs aveux ont probablement été conduits au bûcher comme relaps.

Dans les autres territoires que ceux du roi de France, les Templiers n’ont pas été condamnés.
Au Portugal, ils ont formé un nouvel ordre, l’ordre du Christ dont le roi est devenu le grand-maître. En Aragon, toutes les possessions des Templiers ont été données à un nouvel ordre, qui se substitua aux Templiers, l’ordre de Santa Maria de Montesa, qui s’ajoute aux ordres déjà établis comme les Hospitaliers de Saint-Jean, les ordres de Santiago, Calatrava et Alcantara. La péninsule ibérique est une terre de guerre contre l’Islam qui ne gardait à cette époque que l’émirat de Grenade. Les chevaliers du Temple restaient indispensables.

Le vaccin anticovid est-il halal ?

Cet article est inspiré d’un sujet de la télévision belge

C’est la question qu’a posée Joko Widodo, le président de l’Indonésie, le pays qui compte le plus de musulmans. Pour les musulmans, la question est vitale : pour se prémunir d’une maladie mortelle, faut-il risquer la « damnation éternelle » ?

Pourquoi le vaccin ne serait-il pas halal ? Certains vaccins utilisent de la gélatine fabriquée à partir de déchets animaux, dont des porcs. Ce sont les vaccins dit protéiques comme par exemple celui de la rougeole.
Après examen minutieux de la composition du vaccin chinois Sinovac, le Conseil théologique d’Indonésie l’a déclaré halal. Dans un article précédent, j’avais déjà fait référence à ce Conseil théologique qui devait statuer sur les prières à bord de la station orbitale ISS qui accueillait un Indonésien musulman (voir « la prière en question« ).

Aucun vaccin contre le/la Covid ne contient de gélatine, ce ne sont pas des vaccins protéiques.
Le roi du Maroc, Mahommed VI, a montré l’exemple en se faisant vacciner en public avec un autre vaccin chinois, le Sinopharm. Le président indonésien, rassuré, a fait de même.
Au 15 septembre 2021, l’Indonésie comptabilisait plus de 4 millions d’infections et près de 140.000 morts.

Les imams des pays arabes comme l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn de même que le Pakistan ont également déclaré les vaccins halal.

Néanmoins, dans plusieurs pays, certains imams influents estiment qu’une fatwa, une loi islamique qui stipule que les vaccins sont halal est nécessaire pour décider les hésitants. C’est le cas de l’imam anversois Nordin Taouil, qui prévient que « Certains musulmans ne veulent pas être vaccinés parce qu’ils sont influencés par des théories conspirationnistes prétendant que le vaccin n’est pas autorisé par les autorités religieuses ».

Peut-on se faire vacciner durant le ramadan ?

Autre préoccupation : le ramadan. Les imams semblent d’accord à ce sujet : les vaccins, quels qu’ils soient, n’interfèrent nullement sur l’observation du jeûne, ils ne rompent pas le jeûne car ils n’ont aucun effet nutritionnel.

Et les médicaments sous forme de gélule ?

Les gélules sont faites avec de gélatine. Donc, elles peuvent potentiellement contenir des résidus de porc, et elles s’avalent comme un aliment. Les musulmans doivent-ils les proscrire ?

Les juristes de l’Organisation islamique des sciences médicales font remarquer que la nécessité l’emporte sur la prohibition. C’est pourquoi l’insuline pour le traitement du diabète, qui peut être fabriquée à base de pancréas de porc, est autorisée. Donc, les gélules comme médicaments sont halal.

Les mêmes juristes ont également jugé que les nombreux traitements chimiques pour produire la gélatine la rendent pure (istihala), et par conséquent autorisée. Les gélules comme complément alimentaire sont donc également halal.

11 septembre : 20 ans déjà

Cet article est inspiré du dossier « Les États-Unis et le Monde. 2001-2021, le grand tournant » paru dans le magasine l’Histoire de septembre 2021.

Article connexe :
La naissance du djihad moderne et la montée de Ben Laden : « 1979 : que le djihad commence« 

Conséquences du 11 septembre

Sous le coup de l’émotion des attentats qui ont fait près de 3000 morts et 16000 blessés, les États-Unis, par la voix de leur président, George Bush, ont déclaré la guerre au terrorisme (war on terror) et débuté la traque de Ben Laden, jugé responsable, protégé par les talibans qui régnaient sur l’Afghanistan. Cette guerre totale les conduira au Pakistan, en Irak (de 2003 à 2011 sous mandat de l’ONU), au Yémen, dans la Corne de l’Afrique et aux Philippines… sans grands résultats.
Dès le 18 septembre, quand le Congrès a voté le recours aux armes, la parlementaire californienne Barbara Lee a justifié son opposition en déclarant : « qu’elle refusait de cautionner une guerre sans stratégie de sortie ni cible précise. » La proposition a été votée à la majorité… moins une voix.

L’attaque de l’Afghanistan n’est pas une guerre des États-Unis, mais bien de l’OTAN : l’article 5 de la charte atlantique a été invoqué. Il déclare que s’attaquer à un membre est considéré comme une agression contre tous les membres.

La dérive

45 jours après l’attaque terroriste, le Patriot Act a été voté. Il fragilisait l’État de droit : il permettait au FBI d’accéder à la correspondance privée et aux comptes bancaires sans décision de Justice ; la NSA pouvait mettre n’importe qui sur écoute ou perquisitionner sur base d’un soupçon ; la CIA pouvait détenir et interroger des présumés terroristes sans limite de temps.

Plus la traque s’éternisait, plus les mesures se renforçaient. Ainsi, des interrogatoires « agressifs » vont être autorisés sans en référer au Congrès. La décision a été prise en petit comité : par le vice-président de Bush, Dick Cheney, le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, le ministre de la Justice, John Ashcroft et le directeur de la CIA, George Tenet.

Ces décisions, prises hors du cadre légal, vont mener à des abus comme la torture dans la prison d’Abu Ghraïb (Irak : 2004), le massacre de civils à Haditha par des marines en novembre 2005 ou l’exécution de 17 civils sur la place Nisour à Bagdad en septembre 2007 par une compagnie privée de sécurité, la Blackwater.

Le Patriot Act avait été voté pour une durée de quatre ans. Il a été remplacé en 2015 par son frère jumeau, le USA Freedom Act. On se demande de quelle liberté on parle !

Sous la présidence d’Obama (2009-2017)

Barack Obama va tenter de changer de stratégie… d’occupation, car il n’a toujours pas de stratégie de sortie des guerres entreprises par son prédécesseur : George Bush (2001-2009).
Il réduit drastiquement le nombre de militaires au sol, qu’il remplace par des agents de sécurité privés. Avant son mandat, en 2007, il y avait déjà 180.000 agents privés pour 160.000 soldats pour en Irak.

Il accentue l’utilisation des drones, la technologie devient un acteur important de la guerre. Les drones n’empêchent pas les bavures. Ainsi un citoyen américain a été abattu par un drone. C’était probablement un terroriste, mais l’opinion publique américaine s’est mobilisée contre cette exécution sans jugement. Qui décide de la peine de mort ?

L’administration Obama a donné son feu vert au projet Maven dont l’objectif est de rendre les drones tueurs autonomes. Un programme de reconnaissance faciale décide de la cible à atteindre. Est-ce un de ces drones qui a envoyé un missile lors d’un mariage dans la province de Kandahar en Afghanistan tuant 37 personnes ? Des dégâts collatéraux ? Et ce n’est pas la seule bavure en Afghanistan, au Yémen, en Irak et même au Pakistan.
Google a quitté du projet en 2018 à la suite de ses errements.

Dans sa traque contre Ben Laden, Obama ne va pas hésiter à violer l’espace aérien de pays amis comme le Pakistan.

Vingt ans de guerre pour rien

La réaction aux attentats de 11 septembre a coûté 6000 milliards de dollar, 7000 morts du côté américain, 350.000 civils tués (ce chiffre est contesté) et 40 millions de réfugiés.

Notons que 6000 milliards sur 20 ans, soit 300 milliards par an représente 0,015% du PIB° des États-Unis et 42% de leurs dépenses militaires.

Et toutes ces dépenses en vies humaines et en matériel pour rien ! Al Qaïda est toujours actif, une nouvelle organisation terroriste a vu le jour : DAESH. Les talibans ont repris le contrôle de l’Afghanistan et y appliquent toujours une charia d’un autre âge.
L’Irak est totalement déstabilisé : un nouveau despote dirige le pays où règne la corruption. Il faut savoir que la première mesure prise par les Américains a été de limoger tous les fonctionnaires et les militaires appartenant au parti de Saddam Hussein, le parti Baas. En 1945, dans l’Allemagne vaincue, les fonctionnaires, nazis ou non, avaient été maintenus à leur poste pour faire redémarrer le pays.

L’Iran a tiré profit des guerres. Malgré l’assassinat en janvier 2020 du général iranien Qassem Soleimani, tué par un drone américain à sa sortie de l’aéroport de Bagdad, son plan de désenclavement de l’Iran a été mené à bien. Il voulait créer un front chiite au Proche Orient, du Hezbollah libanais pro-iranien à l’Iran en passant par la Syrie et l’Irak où le Hezbollah irakien s’est constitué suite à l’invasion américaine. L’Iran contrôle toute une bande de territoire.

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?

Il est plus simple de voir ce qui a fonctionné : les invasions ont été très rapides, Kaboul a été libérée en novembre 2001 et Bagdad est tombée moins d’un mois après le début de la guerre.
Mais après… les États-Unis n’avaient aucune stratégie. Les Afghans et les Irakiens devaient leur tomber dans les bras pour les remercier de leur avoir apporté la démocratie. C’est tout le contraire qui s’est produit. En traînant pour mettre fin aux pillages et pour rétablir l’électricité, l’eau et le ramassage des immondices, les Américains se sont fait des ennemis des Irakiens les plus enthousiastes.

Quant à la démocratie, on en est loin. Les États-Unis entretenaient l’illusion que des élections libres allaient engendrer un gouvernement démocratique. Au lieu de cela, les électeurs ont pu choisir les corrompus qui allaient s’enrichir des millions de dollars que les États-Unis allaient déverser sur leur pays.

En Afghanistan, ils ont commis une autre erreur. Ils ont voulu ignorer que le Pakistan était l’allié des talibans. Les États-Unis et la France ont continué à livrer des armes aux Pakistanais qui les transféraient en Afghanistan. Ces deux pays étaient pourtant au courant puisqu’en 2001, lors du retrait des talibans de Kaboul, ils avaient découvert des armes livrées au Pakistan dans les caves des bâtiments occupés par les talibans.

La fin de la guerre

Le 31 août 2021, les troupes américaines ont quitté l’Afghanistan. La situation n’a pas évolué en 20 ans, les talibans sont de nouveau au pouvoir. Ils ont négocié le départ des troupes américaines à Doha, au Qatar… sans compensation. Avec le retrait des troupes, les civils Américains et leurs collaborateurs ont essayé de s’extirper de l’Afghanistan. On a vécu les mêmes scènes de chaos, de bousculades, de drames que lors de l’évacuation de Saïgon en 1973. A Kaboul, au moins, les États-Unis n’ont pas oublié de soldats. Au Vietnam, une dizaine de soldats avaient été oubliés dans l’ambassade. Tout s’est bien terminé pour eux, après quelques négociations, un hélicoptère a pu les évacuer par le toit.

En Irak, bien que les militaires se soient officiellement retirés en 2011, il reste toujours des conseillers chargés de former la police et l’armée… en plus des sociétés privées de sécurité.

Un autre ennemi

La guerre est terminée, les Américains continuent à commémorer les attaques du 11 septembre. Ils restent convaincus que leur pays est le garant de la liberté dans le monde et qu’il agit toujours dans le respect du droit international. Jamais ils ne s’interrogent sur les causes de la tragédie de 2001. Or aujourd’hui, les causes sont toujours présentes et plus vivaces que par le passé, car la population de plusieurs pays ont subi l’effroi des bombardements intensifs et l’occupation d’une armée étrangère. Le problème n’a pas disparu, il s’est aggravé. Le sentiment de vengeance reste vivace dans les deux camps.
De plus, si l’Occident considère l’évacuation de l’Afghanistan comme une défaire politique, les ennemis des États-Unis la considèrent comme une défaite militaire : une milice islamique a fait mordre la poussière au géant américain. Tout devient possible.

Les Américains veulent oublier le Moyen-Orient trop lointain, ils sont passés à autre chose, ils se sont déjà trouvé un nouvel ennemi : la Chine. Un sondage Gallup de mars 2021 révèle que 50% des citoyens américains voient la Chine comme une priorité absolue de la politique étrangère à mettre en place par Jo Biden. De plus, 80% d’entre eux considèrent la Chine comme un ennemi, au mieux un adversaire, qui effraie par son pouvoir militaire, technologique et économique.

Or si l’on compare les effectifs militaires des deux pays, la Chine est loin de posséder un armement comparable aux États-Unis. (La Chine est 4 fois plus peuplée que les États-Unis). Elle n’entre pas dans la course aux armements qui a causé la chute de l’URSS qui vivait au-dessus de ses moyens pour égaler les États-Unis en puissance militaire.

                              Chine                       États-Unis
Dépenses annuelles            205 milliards de $          705 milliards de $ 
Soldats actifs                2,2 M (0,15 % population)   1,4 M (0,42%)
Porte-avions                  2                           11
Navires de guerre             777                         490
Ogives nucléaires             280                         6450
Avions                        3260                        13233

Notes

Le PIB d’un pays est la richesse produite par ce pays en un an. Le PIB peut être calculé comme suit (du point de vue des entreprises) : la somme des salaires payés + les bénéfices + la plus-value boursière + les rapports des immeubles (bâtis ou non) + l’accroissement des stocks – les subventions.

L’Opus Dei. Ange ou démon ?

L’Opus Dei (Œuvre de Dieu), également appelé Prélature de la Sainte Croix est une institution de l’Église catholique fondée en 1928 en Espagne par Jose Maria Escriva de Balaguer. Elle compte près de 90.000 membres, des prêtres en minorité (moins de 2.000) et des laïcs.

Cette organisation a comme objectif de « promouvoir la sainteté au milieu du monde ».

Elle a fait l’objet de différentes controverses, notamment en ce qui concerne son aspect secret, son influence politique et l’étendue réelle de ses moyens financiers.

L’Opus Dei vu par lui-même

Vu les polémiques dont l’institution fait l’objet, laissons d’abord s’exprimer sa porte-parole : Béatrice de La Costa : « Le principal message de l’organisation est que chacun peut transformer son travail, ses loisirs et sa vie de famille en des moments de rencontre avec Dieu. Chacun peut mettre ses pas dans les pas du Christ et y trouver le vrai bonheur. Les membres sont appelés à transmettre le grand message d’amour du Christ à son entourage. »

« Les membres sont des gens heureux qui racontent autour d’eux la merveilleuse aventure de leur vie quotidienne ». Et voilà pour la publicité.

Qui est le fondateur : Jose Maria Escriva de Balaguer ?

Escriva de Balaguer est un prêtre espagnol qui a vécu la guerre civile d’Espagne (1936-1939) du côté des généraux auteurs du coup d’État et particulièrement de Franco. Pour lui, le communisme c’est le Diable. Il est viscéralement anticommuniste et antisémite. Il aurait dit : « Hitler contre les Juifs, Hitler contre les slaves, c’était Hitler contre les communistes ».

A la fin des années 60, il achète un titre de noblesse. Le petit prêtre devient le marquis de Peralta.

Il était très proche du cardinal Wojtyla qui deviendra pape sous le nom de Jean-Paul II en 1978, trois ans après la mort de Escriva de Balaguer. Ce pape transforma le mouvement en « prélature« , c’est-à-dire en « diocèse extraterritorial » : l’Opus Dei dépend directement du pape et ses membres n’ont aucun compte à rendre aux évêques. C’est le même Jean-Paul II qui canonisera Escriva de Balaguer en 2002, quelques années après sa mort, le voilà saint.

Aujourd’hui l’Opus Dei est dirigé depuis 2019 par Fernando Ocariz, théologien né en 1944, en France, sa famille ayant fui la guerre civile espagnole.

Organisation et prosélytisme

Sans entrer dans le détail, l’opus Dei comprend quatre grandes catégories de membres :

  • les numéraires, clercs ou laïcs qui s’engagent à la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Ils vivent en communauté dans les locaux de l’organisation.
  • les agrégés font les mêmes vœux, mais ne vivent pas en communauté.
  • les surnuméraires sont des laïcs qui vivent dans le monde mais contribuent financièrement. Ils représentent 70% des membres.
  • les coopérateurs sont des sympathisants, qui ont les mêmes devoirs que les surnuméraires… mais ils ne doivent pas être baptisés dans la foi catholique (ils peuvent être protestants).

Les membres doivent suivre un « plan de vie » qui comprend surtout des prières quotidiennes, des lectures, la confession et des chants. En se levant, ils disent « serviam« , « je vais servir« . La plupart s’infligent des mortifications suivant en cela la pensée du fondateur qui dans son livre « el camino » (le chemin) a écrit : « Bénie soit la douleur, aimée soit la douleur, sanctifiée soit la douleur ».

L’Opus Dei est très présent sur les campus universitaires où il recrute des jeunes qui deviendront cadres ou dirigeants politiques.

L’Opus Dei rencontre de grands succès en Italie, en Espagne et en Amérique latine. Aux Etats-Unis, on compte 3000 membres et son siège à New York est un bâtiment de 17 étages sur Lexington Avenue, n° 243. Une soixantaine d’autres centres ont ouverts dans le pays, la plupart sur des campus universitaires.

L’Opus Dei est présent à Bruxelles et à Strasbourg, en contact direct avec la Communauté européenne. Son journal, Europe Today, est même financé par la CEE. Dans ce journal, il défend les positions les plus réactionnaires de la droite catholique. Dans le n° 124 d’août 1994, on peut lire : « Les méthodes naturelles de contrôle de naissance sont efficaces à 99% tandis que les méthodes artificielles ne le sont qu’à 50% ». Bien entendu, l’abstinence est sûre à 100%.

Le culte du secret

Un des grands reproches fait à l’Opus Dei est son manque de transparence. Dans ses constitutions secrètes rédigées en 1950, mais divulguées en 1982, on peut lire : « Que les membres sachent bien qu’ils devront toujours observer un silence prudent quant aux noms des autres associés et qu’ils ne devront jamais révéler à quiconque qu’ils appartiennent eux-mêmes à l’Opus Dei« .

L’Opus Dei a justifié cette loi du silence par « l’humilité collective » et « l’efficacité apostolique« .
Vu ce manque de transparence, il est mal aisé d’identifier les membres effectifs de l’organisation, mais il est plus aisé de reconnaître ses sympathisants.

En Belgique, l’Opus Dei a investi l’Institut Robert-Schumann, une école de journalisme qui forme des « journalistes catholiques sûrs » et l’Université Catholique de Louvain où il avait installé deux résidences pour les étudiants. Mais c’était sans compter sur le nouveau vice-recteur, le Père Gabriel Ringlet qui a refusé de renouveler le bail des résidences tant que l’Opus Dei trichera sur son identité. Il justifie la décision du conseil d’administration comme suit : « L’Opus Dei ne vise que l’élite de la société ce qui est inacceptable pour notre université. La quête de la perfection a quelque chose de très orgueilleux et de malsain. Je ne peux accepter une religion qui lave plus blanc que blanc… la couleur des sépulcres ! Car au bout du chemin, on trouve toujours l’exclusion et le racisme. En ces temps de montée de l’extrême droite, on ne se prémunit peut-être pas assez contre les dictatures spirituelles.« 

Une pieuvre invisible

L’Opus Dei de par le monde s’étend par l’intermédiaire de sociétés écrans. On la nomme la « mafia blanche ». Elle s’est partiellement dévoilée avec la scandaleuse affaire Matesa, un homme d’affaires espagnol qui a détourné des sommes colossales. Le scandale, suivi de « suicides » et de faillites a éclaboussé la Banque du Vatican. Matesa, avant d’être retrouvé mort, avait avoué financer les activités de l’Opus Dei.

Plusieurs ministres de gouvernements de droite en France et en Espagne sont ou étaient pour le moins sympathisants de l’Opus Dei. On pense à Raymond Barre, ancien premier ministre français, qui a témoigné lors du procès en béatification de Escriva de Balaguer, attestant qu’il avait « détecté en lui des signes de sainteté ».

Plusieurs familles royales d’Europe ont des sympathies pour l’Opus Dei. La famille royale de Belgique appartient au « renouveau charismatique« , un mouvement traditionaliste proche de l’Opus Dei. Citons également la famille royale d’Espagne dont les enfants ont été éduqués par des précepteurs de l’Opus Dei, la famille de Habsbourg et de l’archiduc d’Autriche.

Dans les années 90, les PDG des sociétés AXA et AGF, des groupes Schneider et Renaut ont donné des conférences dans les locaux de l’Opus Dei à Paris.