732 : les Arabes sont arrêtés à Poitiers

Voici une date et un événement qui nourrit l’imaginaire (historique) des Français. Mais que s’est-il passé à Poitiers en 732 ?

Qu’est devenu l’Empire romain ?

Voici déjà plus de 400 ans que les peuples germains ont remplacé les Romains dans les territoires de l’ouest de l’Empire. Les Germains au contact des Gallo-romains se sont romanisés. Ils sont chrétiens et considèrent l’évêque de Rome comme chef de l’Eglise. Mais l’institution religieuse est déjà en déclin : les fils cadets des familles nobles occupent les postes d’évêques… sans renoncer aux plaisirs de la vie : sexe, chasse et ripailles.
On parle latin dans les hautes sphères du pouvoir, mais la culture s’est appauvrie : seule une très petite minorité sait lire et écrire. Dans l’Empire romain, les personnes cultivées étaient nombreuses, non seulement parmi les citoyens, mais aussi parmi les esclaves. Le monopole de la fabrication des papyrus venant d’Egypte avait permis la diffusion de textes écrits. Un écrit sur papyrus pouvait s’acheter pour le montant d’un jour de solde d’un légionnaire. On a retrouvé la trace de 20 bibliothèques à Rome.
Par contre, au VIIIe siècle, les documents sont écrits sur du parchemin, des peaux d’animaux traitées par un processus long et coûteux. Les livres ne sont plus à la portée du peuple. Ecrire et lire devient un art.

La solde des légionnaires a évolué suite à l’inflation : de 1200 sesterces au Ier siècle, elle a atteint 7200 sesterces fin du IVe siècle. C’est un montant brut ! L’Etat gardait 20% pour la retraite du légionnaire, après 25 ans de service… ou comme pension pour sa veuve et ses orphelins. L’armée en prélevait 50% pour la nourriture et l’équipement. Au Ier siècle, le légionnaire gagnait donc 10 sesterces nets par jour, soit 2,5 deniers ou 40 as (1 denier = 4 sesterces = 16 as). Il faut ajouter les primes de victoires et les gratifications des empereurs à l’occasion de leur nomination ou de la naissance d’un héritier.
Un litre de vin coûtait de 2 à 8 as en fonction de sa qualité, une visite dans une maison de prostitution revenait à 4 ou 8 as, boissons non comprises.

Au fil des successions et des mariages, le territoire de l’ancienne Gaule a été partagé ou s’est reconstitué. Au sud, le duché d’Aquitaine, territoire wisigoth, mis à mal par Clovis (456-511), s’est reformé avec comme capitales Toulouse et Bordeaux, il occupe les anciennes régions d’Aquitaine, du Limousin, du Midi-Pyrénées et une partie du Poitou.
La Burgondie, aussi appelée Bourgogne, pays des Burgondes, s’étend d’Orléans à Avignon.
Les Alamans se sont installés en Franche-Comté et en Suisse.
Les Francs gouvernent la Neustrie qui occupe les territoires au nord-ouest de la Loire, d’Arras à Angers en passant par Paris et le royaume d’Austrasie qui s’étend sur la Champagne, l’Alsace, la Lorraine et la Belgique jusqu’au Rhin, avec comme capitales Cologne et Trèves.
Au nord, les Frisons, à l’est les Saxons et au sud-est les Bavarois sont en « cours de conversion au christianisme », euphémisme pour dire qu’ils sont toujours païens. 

Le roi mérovingien d’Austrasie s’appelle Thierry IV. Il a repris les fonctions des anciens rois francs : il règne mais ne gouverne pas. L’histoire nous a fait connaître ses rois sous le nom peu flatteur de rois fainéants. L’autorité est aux mains des maires du palais, les maîtres du palais : les magister palatii. À l’époque qui nous occupe le maire du palais est Charles Martel (688-741), fils de Pépin de Herstal, père de Pépin le Bref et grand-père de Charlemagne.
D’où tient-il son nom ? Il aurait été appelé « le marteau de Dieu » par le pape Grégoire II, d’où son surnom de Martel. Une autre hypothèse, plus prosaïque, lui donne comme nom Charles Martieaux, une variante de Charles Martin ; Martin étant le saint protecteur des Francs.

En 717, à la suite d’un conflit de succession au trône, Pépin le Bref prend le contrôle de la Neustrie.

Cette carte est extraite de l’Atlas historique mondial de Christian Grataloup (Les Arènes) que je recommande chaleureusement.
L’Espagne (al Andalus)

Arrivés en Espagne en 711, d’où ils ont chassé les Wisigoths, il ne faut que huit ans aux musulmans pour conquérir la Septimanie, la région de Narbonne.

Les musulmans qui ont débarqué en Espagne ne sont pas des Arabes. Ce sont essentiellement des Berbères, des habitants du Maghreb, appelés Maures en référence à la province romaine de Maurétanie. Dans l’Espagne, l’entente n’est pas cordiale entre ses premiers arrivés, les Berbères, et les Arabes envoyés par le califat de Damas : la distribution des terres n’a pas été équitable, les Berbères n’ont reçu que des terres incultes dans les régions montagneuses. En 20 ans il n’y aura pas moins de 14 émirs à la tête de ce qui s’appelle al Andalous.

À partir de la Septimanie, en remontant le Rhône, les Maures lancent des raids vers la Burgondie. Beaune et Autun sont même dévastées. Ils s’attaquent également à l’Aquitaine, mais en 721, ils sont défaits et mis en déroute devant les murs de Toulouse.

La chevauchée le l’émir abd er-Rahman

Ce n’est que partie remise, en 732, l’émir abd er-Rahman remonte le long de la côte et pille Bordeaux. Cet émir n’a rien à voir avec le dernier des Omeyyades, ni avec celui qui se proclamera calife à Cordoue en 911. Le nom d’abd er-Rahman est très répandu, il signifie le « serviteur du Miséricordieux« .
Face aux attaques, le duc d’Aquitaine, Eudes, demande l’aide de Charles Martel pour se débarrasser des envahisseurs. Il sait que cette requête va inévitablement mettre fin à l’indépendance de son territoire, mais de deux maux il choisit le moindre.

Bordeaux ruinée, les musulmans continuent leur route vers le nord, pillant églises et monastères qui regorgent d’ustensiles d’or et d’argent, comme l’ont fait avant eux les Huns et comme le feront après eux les Normands. Ce n’est pas une armée de conquérants, mais une expédition de razzia, de pillage.

La bataille de Poitiers

En octobre 732, ils sont dans la région de Poitiers. La date n’est pas certaine, des calculs plus récents la situe en octobre 733 car d’après les sources, la bataille a eu lieu un samedi, le premier jour du mois de ramadan.
C’est là que Charles Martel a rassemblé une armée composée non seulement d’Austrasiens et d’Aquitains mais aussi de Frisons, de Burgondes, d’Alamans et de Bavarois. Un chroniqueur, l’Anonyme de Cordoue, probablement Isidore de Beja, désignera cette armée sous le nom d’Européens. Dans ses Chroniques mozarabes, il écrit : « … au point du jour, les europenses voient les tentes du camp».
Quelles sont les forces en présence ? 1000, 10.000, 50.000 hommes. L’histoire ne nous le dit pas. Il est probable que les forces n’étaient pas très équilibrées, un Arabe pour trois coalisés et quelques milliers de combattants peut-être, bien que la légende fasse état de 375.000 morts du côté arabe !

L’issue de la bataille ne fait pas de doute, les troupes de Charles Martel prennent le dessus sur l’armée de l’émir. Une partie des Maures tente de fuir, mais ralentis par leurs chariots remplis d’or, ils sont rattrapés et massacrés. D’autres, moins cupides, ne seront même pas poursuivis : l’armée franque ne disposant pas de cavalerie capable de rivaliser à la course avec les cavaliers musulmans : les Arabes utilisaient des étriers qui venaient à peine d’être découverts par les Francs. Contrairement à ce que montrent les films, l’étrier était inconnu des Romains. C’est une invention chinoise qui s’est propagée lentement vers l’ouest. À l’origine, il semble n’y avoir eu qu’un seul étrier, pour faciliter l’installation du cavalier.

Mosaïque représentant un cavalier vandale au Ve siècle.
Conséquence de la bataille

Les prisonniers furent remis au duc d’Aquitaine qui les envoya dans ses mines d’argent. Le butin des Maures ne fut pas rendu à leurs propriétaires, les églises et les monastères pillés, mais emmené par les Francs chez lesquels il restait un fond de barbarie.

Comme pressenti par le duc d’Aquitaine, Charles Martel aura tôt fait d’annexer son territoire, mais il faudra attendre son fils, Pépin le Bref, pour conquérir la Septimanie et rejeter les Arabes au-delà des Pyrénées malgré deux sièges infructueux de Charles Martel devant la ville de Narbonne. Ces deux expéditions se soldèrent par le pillage et la destruction des villes d’Agde, de Béziers, et d’Avignon… par les Francs.

Un émirat subsistera une centaine d’années (889-973) dans les environs de Saint-Tropez, d’où le nom de massif des Maures.

En 750, Pépin le Bref (714-768) fera destituer le dernier roi mérovingien, Childéric III, par le pape Zacharie auquel il avait posé la question : « Qui, de celui qui porte le titre de roi ou de celui qui en exerce réellement les pouvoirs, doit ceindre la couronne ? ». Le roi mérovingien Childéric sera tonsuré et placé dans un monastère. Depuis, la croyance populaire a répandu le bruit que les rois mérovingiens tenaient leur pouvoir de leur abondante chevelure et dès qu’on les tondait, ils perdaient cette force et leurs sujets les abandonnaient. Ce qui est bien sûr une légende.
Ainsi prend fin la dynastie mérovingienne et commença le règne de la dynastie carolingienne.

C’est son fils, Charlemagne (742 ou 747 ? – 814), qui réunifiera tous les territoires peuplés de Germains en un vaste empire, mais à sa mort l’empire sera de nouveau partagé entre ses trois fils.

Les Turcs contre les Arabes

Introduction

Au VIIe siècle, les tribus turques nomades occupaient les steppes d’Asie intérieure à l’est de la Volga et au nord de la mer Caspienne, jusqu’au monts de l’Altaï. Elles n’allaient pas tarder à entrer en contact avec les Arabes.

Les Arabes à la conquête de l’Empire perse

La conquête de l’Empire perse fut facilitée par le délitement de l’autorité du dernier empereur perse Yazdgard III dont la fuite vers l’est provoqua l’anarchie dans l’empire.Plusieurs gouverneurs des provinces perses se rallièrent aux Arabes. En échange d’un impôt, ils gardaient la mainmise sur leur territoire. Pour eux, la situation changeait peu : au lieu de payer l’impôt à l’empereur, ils rétribuaient les conquérants. Vers 650, les Arabes avaient déjà atteint l’Indus, ils étaient sur les traces d’Alexandre le Grand.

La route de la soie

A l’est de l’Empire perse, se situait la province de Sogdiane, un important carrefour commercial dont les habitants semblent être d’origine scythe. Les villes de Samarcande et Tachkent, aujourd’hui en Ouzbékistan, contrôlaient la « route de la soie » qui reliait la Chine à Byzance à travers la Perse.
Ces villes accueillaient les caravanes et leur fournissaient une escorte pour traverser la région. Elles abritaient des marchés très florissants où s’échangeaient les produits du monde entier.
Au temps de leur splendeur, Pétra et Palmyre étaient des villes étapes sur cette route.

La route de la soie et les confins de la Perse.
Cette carte est extraite de l’Atlas historique mondial de Christian Grataloup (Les Arènes) que je recommande chaleureusement.

Le relief de cette région, aujourd’hui partagée par l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le nord de l’Afghanistan, est très particulier, on y trouve des montagnes, des vallées fertiles, des déserts et des oasis. La configuration du terrain a façonné la structure politique de la région : un moine chinois, Xuanzong, qui voyageait dans la région entre 629 et 644, a dénombré pas moins de 27 royaumes bouddhistes ou zoroastriens.

Cet éparpillement de l’autorité va avoir des conséquences sur la conquête arabe. Elle va la faciliter car les royaumes sont peu puissants, parfois rivaux et leurs troupes peu nombreuses, mais d’un autre côté, les Arabes vont devoir se battre sur plusieurs fronts et disperser leurs forces. C’est au général Qutayba ibn Islam que revient l’honneur des premières conquêtes au delà du fleuve Oxus (aujourd’hui le Sir Daria) : Boukhara tombe en 709 après 4 ans de guerre, Samarcande est prise en 712.

L’intervention des Turcs

Mais en 715, à la mort du Calife Walid Ier, fils d’Abd al-Malik, les opérations militaires cessent à l’est : son successeur, Sulayman (715-717), se tourne vers Constantinople qu’il espère conquérir. Les royaumes de Sogdiane, sous l’autorité des Arabes, mais où les dirigeants étaient restés au pouvoir, font appel à l’empereur de Chine. On a conservé les courriers qui ont été échangés.

(Roi de Samarcande) : Pendant 35 ans, nous nous sommes constamment battus contre les brigands arabes… sans recevoir la moindre aide militaire de l’empereur. Il y a six ans, le général en chef des Arabes, Qutayba est venu avec une immense armée… nous avons subi une grande défaite…

(Roi de Surkhab (au sud de Kaboul)) : Tout ce qui se trouvait dans mon trésor et mes entrepôts, tous mes objets et bijoux précieux, comme les richesses de mes sujets, ont été saisis par les Arabes…

(Roi de Boukhara) : Chaque année nous subissons les incursions et les pillages des brigands arabes. Notre pays n’ a aucun répit.

Ces seigneurs demandent à l’empereur d’ordonner aux Turcs de leur venir en aide. Et effectivement, une armée turque commandée par un certain Subuk (715-738) leur vient en aide en 730. Il chasse les Arabes qui ne gardent que la ville de Samarcande. Mais en 736, Subuk qui s’est allié aux Tibétains, ennemis des Chinois, est battu par ceux-ci avant d’être écrasé deux ans plus tard par les Arabes commandés par Nasr ibn Sayya. Ce gouverneur du Khorassan (province perse de l’est, aujourd’hui au Turkménistan et en Afghanistan) se montre très magnanime, il pardonne aux rebelles et instaure une ère de paix.

Mais la dynastie omeyyade est en danger. En 747, une armée hétéroclite conduite par Abu Muslim, un chiite non-arabe, nouvellement converti, part du Khorassan et marche sur Damas. Le dernier calife omeyyade est renversé en 750. Les partisans d’Abu Islam souhaitaient l’égalité de tous les musulmans par opposition aux Omeyyades qui ont mené une politique élitiste pro-arabe. La dynastie abbasside voit le jour.

La rencontre des Chinois : Talas (751)

En Sogdiane, les troupes chinoises associées à des tribus turques de l’est viennent au secours d’un de leur allié (le Ferghana), en guerre avec un autre roi (du Shash). Ce dernier fait appel aux Arabes alliés à d’autres tribus turques et aux Tibétains. La confrontation a lieu à Talas en 751. On connaît la bataille par les archives chinoises, mais il faudra attendre près de 700 ans pour que les musulmans la raconte. Les troupes turques de l’armée chinoise auraient fait défection et seraient passées dans le camp adverse. Cette défaite des Chinois marque la limite ouest de leurs conquêtes.

Les Turcs sont maintenant les alliés des Arabes. Ils vont se convertir à l’islam. Ils vont devenir les protecteurs du califat et son bras armé, avant de prendre le relais des Arabes : le dernier calife a été le sultan turc ottoman Mehmet V.

En 755, un général turco-sogdien, An Lushan, général en chef des garnissons du nord-est, au service de la dynastie chinoise Tang, se rebelle contre son empereur. La guerre civile qui s’en suit va durer sept ans, faire des centaines de milliers de morts et causer la perte d’un quart des territoires de la Chine stoppant ses prétentions expansionnistes. C’est de cette époque que date l’établissement des Ouïghurs, peuplade turque musulmane, dans l’est de la Chine.

La Chine étant hors-jeu, les Arabes peuvent asseoir leur domination sur la région de Transoxiane.

La route de la soie… et du papier

La tradition raconte que lors de la bataille de Talas, parmi les prisonniers chinois se trouvaient des artisans qui connaissaient le secret de la fabrication du papier et qu’ils l’auraient transmis aux Arabes. Légende !
Les Sogdiens connaissaient déjà le papier. Mais il est vrai que se sont les Arabes qui vont propagé l’usage de ce support. Le papier était utilisé depuis le IIe siècle avant notre ère en Chine. Il arrive en Occident vers 1100, par l’Espagne. Il n’atteindra le nord de la France qu’au milieu du XIVe siècle.
Le plus ancien document conservé sur papier se trouve aux archives de Marseille, c’est le registre des minutes du notaire Giraud Amalric, qui date de 1248.

Les Berbères contre les Arabes

Introduction

Les Berbères occupaient ce qu’on appelle aujourd’hui le Maghreb (ⵜⴰⵎⴰⵣⵖⴰ en berbère), c’est à dire le couchant. Dans l’Histoire, ils ont reçu plusieurs dénominations. Les Grecs les appelaient les Libyens, pour les Phéniciens qui ont fondé Carthage, c’étaient des Numides et pour les Romains, des Maures. Le mot « berbère » vient de « barbare », nom que donnaient les Grecs puis les Romains à tous les peuples dont ils ne comprenaient pas la langue ou qui avaient une culture différente.
Les Berbères formaient plusieurs tribus très indépendantes les unes des autres. Il n’était pas rare qu’ils combattent dans des camps différents, comme ce fut le cas lors des guerres puniques, durant lesquelles ils appuyaient et les Carthaginois et les Romains.

Les Berbères occupent cette région depuis la « nuit des temps ». Ils ont laissé des peintures rupestres à Tassili n’Ajjer, dans le Sahara algérien. Ces peintures ont plus de 10.000 ans. A cette époque, le Sahara était une savane qui s’est asséchée progressivement avec la fin de la dernière ère glacière (voir l’article sur le Déluge).

La région fut conquise par les Vandales vers 430. C’est tout un peuple germanique qui s’installe dans le nord de l’Afrique. Ils n’occupent que les terres agricoles proches de la côte, surtout dans l’est, aujourd’hui en Tunisie. Les Berbères jouissent alors d’une très grande autonomie dans les zones montagneuses et désertiques. Ils sont en majorité chrétiens et leur culture est un mélange d’éléments maures et byzantins. Un de leur roi se présentait comme « le roi des Maures et des Romains« , un autre comme « chef et empereur, qui ne fut jamais déloyal envers les Maures et les Romains« .

En 530, les Romains de Byzance reprennent le contrôle de la région et tentent d’imposer leur autorité. Les Berbères se révoltent. Il faudra quatre ans aux Byzantins (544-548) pour mater le soulèvement… mais la confiance était rompue, jamais une paix complète ne fut rétablie.

Islamisation

En 647, les premiers contingents arabes font leur apparition dans ce qui est aujourd’hui la Tunisie (la province Proconsulaire pour les Romains). Ils ne rencontrèrent pas une grande résistance de la part des Byzantins. Les Arabes fondent la ville de Kairouan, à 160 kilomètres au sud de l’actuelle Tunis, une ville de garnison d’où ils vont pouvoir mener la conquête du reste du Maghreb.

En 670, les Arabes s’aventurent plus à l’ouest, en Maurétanie romaine. Mais là, ils vont se heurter aux armées d’un certain Kusayla qui a réussi à fédérer les Berbères et les Byzantins. En 689, il prend même Kairouan. Mais cette occupation ne sera que temporaire. Les Arabes se réorganisent, des troupes fraîches arrivent d’Égypte et de Syrie.

En 695, puis en 698, Carthage, qui était restée byzantine, tombe. Les Arabes peuvent progresser vers l’ouest. Mais ils vont devoir faire face à une nouvelle opposition dans les Aurès, dans le nord-est de l’Algérie moderne. Une femme, Dihya, appelée la Kahina (prophétesse) a rassemblé une armée de Berbères. Elle va mener la vie dure aux conquérants de 692 à 697.

Au fur et à mesure des conquêtes, l’islamisation progresse. Les Arabes enrôlent des Berbères dans leurs armées et les convertissent. En 708, les Arabes prennent Tanger à l’extrême ouest du Maghreb. Mais la conquête n’est pas complète. La région est un vrai patchwork. Certaines régions sont toujours aux mains des Berbères et les Byzantins résistent encore à certains endroits, comme dans le port de Ceuta, aujourd’hui ville espagnole du Maroc.

La conquête de l’Espagne

L’Espagne est un royaume wisigoth divisé en principautés autonomes. La Septimanie autour de Narbonne (grosso modo le Languedoc-Roussillon actuel) et les Vascons (la Gascogne, le Pays basque) ont déjà fait sécession. Depuis plus d’un siècle, les Wisigoths sont devenus catholiques alors qu’ils étaient ariens (voir l’article). Ce changement fut néfaste aux Juifs brimés puis persécutés.

En 711, le roi Wittiza meurt. Un noble du nom de Rodéric brigue le pouvoir. Il fait appel au comte byzantin de Ceuta, Julien, qui lève une armée de Berbères et organise la logistique pour son passage vers l’Espagne. Les troupes berbères sont commandées par le musulman Tariq ben Zayd, commandant de la place de Tanger. C’est le début de l’occupation musulmane de l’Espagne. Avec l’aide des communautés juives et s’alliant à des nobles wisigoths en échange de leur indépendance, les musulmans vont progressivement conquérir une grande partie de la péninsule espagnole.

Tariq va laisser son nom au rocher de Gibraltar (Djebel Tariq, le mont de Tariq).

La révolte des Berbères

Mais bientôt, le calife Abd al-Malik mène une politique pro-arabe. Les Berbères, bien que musulmans, sont considérés comme des citoyens de seconde zone, ils doivent payer l’impôt comme les non-musulmans. En Espagne, les Arabes se sont appropriés les meilleures terres. Les Berbères adhèrent alors à des mouvements radicaux s’opposant au calife. Des révoltes éclatent dans tout l’ouest du Maghreb, les Berbères chassent les Arabes du pouvoir et constituent des royaumes indépendants.

Notons que la politique élitiste pro-arabe des Omeyyades leur sera fatale. En 747, ce sont des convertis non-arabes qui vont se révolter dans l’est de la Perse et porter au pouvoir la dynastie des Abbassides. Le calife va quitter Damas pour s’établir en territoire perse et fonder la ville de Bagdad.

Le Maghreb au VIIIe siècle : des royaumes berbères indépendants. En rose, les régions contrôlées par les Berbères.
Les empires indépendants

En 1061, alors que le califat de Bagdad perd un a un ses territoires (voir l’article sur la fin des califats), une tribu berbère venant du grand sud désertique prend le contrôle de tout le Maghreb, du fleuve Sénégal à la Méditerranée. Cette riche tribu qui contrôle les routes caravanières de l’ouest, fonde l’empire almoravide. A l’initiative d’un religieux radical, elle est mue par l’esprit de guerre sainte. Elle installe sa capitale à Marrakech.
Le calife de Cordoue fait appel à eux pour contenir les rois chrétiens du nord de l’Espagne qui contestent son pouvoir. Mais à la mort du calife, les Almoravides chassent les derniers Omeyyades et prennent le contrôle de l’Espagne (al-Andalus).

Divers émirats, indépendants et concurrents, vont se partager ce territoire, ce sont les taïfas (faction en arabe). Al-Andalus ne forme plus un Etat unique.

En 1147, une autre tribu berbère, issue des monts Anti-Atlas, dans le sud du Maroc actuel, va s’imposer et créer un nouvel empire sur les ruines de l’empire almoravide. Ce sont les Almohades dont le nom signifie « les unificateurs« . Eux aussi sont conduits sur le chemin du djihad par un prédicateur radical qui prône une morale rigoureuse. En Andalus, ils repoussent les assauts des rois chrétiens à Alarcos en 1195, mais ils sont défaits en 1212 à Las Navas de Tolosa face aux 12.000 hommes des royaumes chrétiens coalisés (Aragon, Castille, Léeon, etc.). Ils délaissent alors Al-Andalus et se replient sur le Maghreb où ils furent supplantés par une autre dynastie berbère, les Mérinides, qui subsista jusqu’en 1465.
En Andalus, ils furent remplacés dès 1237 par une dynastie arabe, les Nasrides, qui régna sur le dernier bastion musulman, le royaume de Grenade, jusqu’en 1492.

Les richesses des Almohades leur ont permis de bâtir de somptueux édifices telle la mosquée de Séville dont le minaret a été incorporé à la cathédrale après la reconquête de l’Espagne. Ce minaret est appelé « Giralda« .

Cathédrale de Séville. La Giralda s’élève à gauche.

Toutes les cartes de cet article sont extraites de l’Atlas historique mondial de Christian Grataloup (Les Arènes) que je recommande vivement.

Islam : la prière en question

Allah a imposé à ses fidèles de le vénérer cinq fois par jour. Il a codifié le rituel de la prière : la génuflexion, la prosternation et la direction de celle-ci. Mais il a oublié que le monde, qu’il est censé avoir créé, évolue.

Le 10 octobre 2007, le médecin Sheikh Muszaphar Shukor s’envole à bord du vaisseau Soyouz TMA-11 pour une mission de 10 jours à bord de la Station spatiale international (ISS). Le médecin est malaisien et musulman.

Un comité d’oulémas se réunit en urgence pour déterminer comment il devra prier une fois arrivé là haut, où physiquement tout est différent : la station fait 16 fois le tour de la Terre par jour, on a donc une succession de 16 jours et de 16 nuits par 24 heures, la station tourne sur elle-même et tous les modules ne sont pas pressurisés : les passagers sont souvent en apesanteur. De plus, le planning est très strict et l’espace exigu.

Le travail des oulémas n’est pas facile, mais il faut définir un mode de prière adéquat, car Sheikh Muszaphar Shukor est maintenant un homme public, héro vers qui toute la Malaisie porte les yeux. Première chose, sa femme devra porter le voile, ce qu’elle ne portait sur les premières photos du couple.

Très vite, les oulémas oublient la direction de la prière, trop difficile à déterminer alors que rien n’assure que l’astronaute sera face à la Terre, il se présentera peut-être de dos. Ils passent sous silence les ablutions et le changement de vêtement qui précédent la prière… impossibles dans la station spatiale.
Dans la mesure du possible, il devra placer son front sur le sol de l’habitable, mais il sera dispensé du rite de la génuflexion que l’apesanteur rend trop difficile. Si la prière rituelle n’est pas possible, on lui demande de trouver un lieu et un geste approprié. En dernier recours, il devra se contenter de s’imaginer qu’il prie, de prier dans sa tête. L’important n’est pas le cérémonial, mais la sincérité de la prière.

Est-ce valable pour tous les musulmans ?

Rappelons que les modalités de la prière ne sont pas fixées par le Coran qui ne spécifie pas comment prier, ni quand prier. J’ai traité ce sujet en détail dans un article sur le salafisme.

La circoncision

« Huit jours plus tard, quand vint le moment de circoncire l’enfant, on l’appela du nom de Jésus… » (Luc 2, 21). Jésus était juif, il fut donc circoncis. Dans l’Antiquité, la circoncision était déjà pratiquée par les Égyptiens. Une stèle du site de Saqqarah montre un prêtre accroupi pratiquant une circoncision sur un homme debout. Mais on ignore la portée de cet acte et son ampleur. La circoncision était-elle généralisée ou était-ce un marqueur social ? Cette pratique faisait horreur aux Grecs et aux Romains, qui l’assimilaient à une mutilation.

La circoncision, comme acte rituel, est une « obligation » religieuse pour tous les garçons juifs d’après la Bible. Elle se pratique le huitième jour de la naissance. En Genèse 17, 10-12, Dieu dit à Abraham : « Et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, et ta postérité après toi : que tous vos mâles soient circoncis. Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l’alliance entre moi et vous. Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération. »

Le Coran n’en parle pas. Malgré la centaine de versets sur Abraham, pas de trace de la circoncision. Il faut recourir aux hadiths pour expliquer le rituel musulman. Quand les fidèles se posaient des questions comme « faut-il circoncire mon garçon ? », quelqu’un se souvenait des paroles du prophète : « j’ai entendu dire par X qui le tenait de Y que le prophète a dit… ». Et un nouvel hadith prenait vie. En 20 ans de révélations, Allah a fait descendre 6236 versets du Coran. Pendant la même période, Mahomet a prononcé des dizaines de milliers de hadiths. Entre autres, il aurait dit : « Cinq actes font partie de la nature saine originelle : la circoncision, le rasage du pubis, le fait de se couper la moustache, le fait de se couper les ongles et l’épilation des aisselles« .

Situations en Europe

En France

Autrefois, fête tribale ou rituel religieux, la circoncision est devenue une banale opération chirurgicale effectuée en clinique, bien souvent aux frais de la société, dans laquelle les communautés musulmanes et juives sont minoritaires. Donc, dans certains pays, c’est la Sécurité Sociale qui prend en charge l’acte médical, dans d’autres pays, ce sont les parents qui paient l’intervention. Ainsi, en France, une circoncision coûte environ 900 EUR aux parents.

En Belgique

En Belgique, en 2012, l’assurance maladie-invalidité (INAMI) est intervenue pour 25.286 circoncisions, pour un coût total de 2,476 millions d’euros, révèle le quotidien Le Soir (10/8/2012). Alors que certains s’interrogent sur la pertinence du remboursement de cet acte chirurgical, le nombre d’interventions prises en charge par l’INAMI aurait augmenté de 21% entre 2006 et 2011. On estime que depuis 25 ans, environ un garçon sur trois né en Belgique serait circoncis. Si aucune statistique officielle ne permet de distinguer les circoncisions effectuées pour raisons médicales, personnelles ou rituelles (l’INAMI n’impose pas au médecin de spécifier les raisons de la circoncision), selon les hôpitaux wallons et bruxellois, 80 à 90 % des cas répondraient à un impératif culturel et/ou religieux.

En 2017, le Comité d’éthique médicale des hôpitaux de Bruxelles, a émis un certain nombre de questions :

  • Est-il éthiquement admissible de procéder à une circoncision en dehors de toute indication médicale ?
  • Est-il éthiquement admissible qu’une circoncision en dehors de toute indication médicale soit pratiquée par un médecin et en milieu hospitalier ?
  • Est-il éthiquement admissible que cette intervention soit à charge de la sécurité sociale ?
  • Est-il éthiquement admissible que la loi traite différemment la circoncision masculine et la circoncision féminine (excision) ?

[NB : l’excision est qualifiée de “torture” selon l’article 3 de la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle est passible de 15 ans de prison et 150.000 d’amende en France, qui poursuit également les délits commis hors de son territoire. Tous les pays européens ont des législations équivalentes.]

Le Comité bruxellois précise : « Le simple fait de poser une question éthique, même lorsqu’elle entretient un rapport étroit avec des prescrits religieux ou des conformités culturelles, ne peut, dans une société pluraliste et tolérante comme la nôtre, être compris comme une atteinte à cette religion, à cette culture ou à la liberté de religion ou d’opinion et à la liberté de manifester celles-ci« .

Allemagne

En Allemagne, toujours en 2012, une polémique est née après une circoncision ratée par un médecin.
La justice allemande a estimé que la circoncision d’un enfant pour des motifs religieux était une blessure corporelle passible d’une condamnation. Dans son jugement, le tribunal de grande instance de Cologne a estimé que « le corps d’un enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision. Cette modification est contraire à l’intérêt de l’enfant qui doit décider plus tard par lui-même de son appartenance religieuse. Le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents« .
Les droits des parents en matière d’éducation et de liberté religieuse ne sont pas bafoués s’ils attendent que l’enfant soit en mesure de décider d’une circoncision comme « signe visible d’appartenance à l’islam », poursuit le tribunal.
Mais le gouvernement n’a pas suivi la Justice. Le circoncision reste permise. On ne s’érige pas contre une communauté de 4 millions de personnes qui sont de potentiels électeurs. Depuis la fin des années 1970, tout ce qui touche à l’islam est devenu tabou. L’Europe a peur. Même les historiens hésitent à défendre des thèses allant à l’encontre de la tradition musulmane : la Sîra et les récits des expéditions et de la conquête, écrits au IXe siècle, sont devenus la référence.

L’idée que chacun puisse disposer de son corps à sa guise est très louable… mais contraire à la charia. Tout enfant né d’un père musulman est musulman de facto. Une musulmane ne peut épouser qu’un musulman… pour ne pas se laisser convaincre par son mari. On est musulman à vie : tout apostat est puni de mort. Cette loi a probablement été édictée au début de la conquête arabe lorsque les non musulmans se sont convertis en masse pour bénéficier des avantages accordés aux musulmans (respect, impôts, libertés). Une fois musulmans, ils ne pouvaient plus revenir à leur religion d’origine sous peine de mort.

Union européenne

En octobre 2013, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe adopte, par 77 voix pour et 19 contre, la résolution 1952 invitant les États membres à prendre des mesures contre les « violations de l’intégrité physique des enfants« . Les parlementaires recommandent d' »adopter des dispositions juridiques spécifiques pour que certaines interventions et pratiques ne soient pas réalisées avant qu’un enfant soit en âge d’être consulté« .
Cette résolution, qui ne cite pas nommément la circoncision, n’a jamais été mise en application dans la législation des pays membres.

Deux poids, deux mesures : le tatouage

Dans la Bible, le livre du Lévitique 19, 28 proclame « Vous ne vous ferez pas d’incisions sur le corps pour un mort et vous ne vous ferez pas de tatouages« . Les rabbins justifient cette interdiction en rappelant que le corps est un don de Dieu, le temple du Seigneur. Il faut le conserver tel quel pour ne pas lui manquer de respect. Il était interdit aux mutilés de pénétrer dans le temple. Donc, pour les juifs, la circoncision n’est pas une mutilation, enlever le prépuce n’est pas une modification du corps, temple de Dieu ?

[NB : dans certaines sociétés tribales, on s’incisait le corps lors de la mort d’un proche pour marquer son deuil.]

La même interdiction des tatouages se retrouve, bien entendu, dans l’islam, bien que le Coran n’en parle pas.
A la question « Pourquoi les tatouages sont-ils interdits en Islam alors qu’ils n’ont aucun effet sur la santé ? « , un spécialiste de la loi islamique (un ouléma) donne un avis juridique (une fatwa) sur le site islamweb.net : le tatouage est considéré comme un changement dans la création d’Allah, donc interdit… mais pas la circoncision, ni l’excision.

Voici le texte intégral de la fatwa. Certains musulmans sont atteints de schizophrénie qui « se caractérise par des pensées ou des expériences qui semblent complètement détachées de la réalité, un discours ou un comportement désorganisé« . Vouloir appliquer des normes tribales d’un autre temps à la réalité d’une société interconnectée conduit inexorablement à un dérèglement mental. Satan doit être omniprésent dans leur monde.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Sachez, qu’Allah, exalté soit-Il, est Sage dans Ses Lois et Ses Décrets. Toutes Ses Paroles sont véridiques et tous Ses jugements sont équitables. Il dit (sens du verset) : « Et la parole de ton Seigneur s’est accomplie en toute vérité et équité… » (Coran : 6/115). Sa Législation tout entière émane d’une parfaite Sagesse. Il nous rend licites des choses en raison de leurs immenses bénéfices et Il rend illicites des choses en raison de leurs immenses méfaits. Il se peut que l’être humain ne soit pas au courant de tous ces bénéfices et ces méfaits.

C’est pour cela qu’il incombe au musulman de se soumettre aux ordres d’Allah, exalté soit-Il. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah et Son messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir…  » (Coran 33/36)

Le mieux que nous puissions dire concernant l’interdiction du tatouage est que cette interdiction provient du Messager d’Allah et est une Révélation d’Allah, exalté soit-Il. Abû Djuhayfa a dit : « Le Prophète a maudit les tatoueuses et les tatouées. » (Boukhari : NB : Boukhari et Mouslim sont des collecteurs d’hadiths)

Il n’y a pas d’inconvénient à chercher la sagesse contenue dans certaines interdictions après  avoir cru et s’être conformé aux ordres pour augmenter la foi dans le cœur. Parmi les sagesses mentionnées par les oulémas figure le fait que le tatouage est un changement de la création d’Allah, exalté soit-Il. Certains hadiths font allusion à ce fait : «[…] modifiant ainsi la création d’Allah.  » (Boukhari et Mouslim). Aussi, le tatouage peut causer des dommages au corps et n’a aucun bénéfice véritable.

Sachez enfin que les tatouages n’ont aucune incidence sur les ablutions car ils se trouvent sous la peau et n’empêchent pas l’eau d’atteindre celle-ci.

Et Allah sait mieux.