A Naplouse, en Cisjordanie, et à Holon, en Israël, vit une communauté mystérieuse de juifs de moins de 1000 membres : les samaritains. Qui sont-ils ? En quoi sont-ils différents ? Quelle a été leur histoire ?
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Qui est Juif ?
A la recherche d’une définition
Répondons tout d’abord à la question « qui est juif ? ». Est considéré comme juive toute personne qui suit peu ou prou les préceptes du judaïsme. Dans ce cas, on écrit un juif avec une minuscule, comme on écrit un chrétien ou un musulman.
Répondre à la question « qui est Juif ? » (avec la majuscule) est beaucoup plus complexe. Jérôme Segal, dans son ouvrage « Athée et Juif » assure que toute personne qui se dit juive est juive. C’est un raccourci. Attention à la syntaxe ! Si on écrit Juif en tant que nom (avec une majuscule), on écrit juif en tant qu’adjectif, quelque soit la signification.
Quels sont les critères qui définissent l’identité juive, c’est-à-dire la judéité ?
La judéité ce n’est pas une race. Aujourd’hui sur terre, il n’y a qu’une seule race d’hommes : les Homo sapiens. Voici 40.000 ans, cette race cohabitait avec ses cousins, les Néandertaliens et les Hommes de Denisova, ou Dénisoviens.
La judéité, ce n’est pas une ethnie. Certains Juifs sont jaunes (des Chinois et des Japonais), certains viennent d’Éthiopie et sont noirs. Ils ont tous émigrés vers Israël où ils ont été assez mal accueillis : les hommes ont été re-circoncis, certaines femmes ont été stérilisées à l’occasion d’une hypothétique vaccination (voir l’article sur l’Éthiopie). D’autres juifs sont caucasiens (blancs) ou sémites, cousins des Arabes. Contrairement à la définition des dictionnaires, les Juifs ne sont pas (tous) des descendants du peuple hébreu.
Ce n’est pas une nationalité. Tous les Juifs ne vivent pas en Israël, loin s’en faut, comme on va le voir.
Enfin, la judéité n’est pas une religion. Il y a des Juifs athées et même des Juifs chrétiens, comme Bob Dylan (Robert Zimmerman) par exemple.
La meilleure définition fait appel à la descendance : est considérée comme Juive toute personne s’étant convertie au judaïsme ou née d’une mère juive. Cette disposition est inscrite dans le Talmud, édité au IVe ou Ve siècle de notre ère. La judéité est inaltérable, quand bien même le Juif serait idolâtre, incroyant, hérétique ou apostat.
On ne trouve pas trace de cette filiation dans la Bible hébraïque (L’Ancien Testament), sauf dans le Livre d’Esdras.
Vers -537, les premiers Judéens, ou du moins leurs descendants, sont de retour de captivité à Babylone. Ils sont minoritaires, les Juifs qui n’ont pas été déportés ont continué à vivre sur les ruines laissées par les Babyloniens. Soixante ou quatre-vingt ans plus tard, Esdras revient sur la terre de ses ancêtres et constate que les Juifs ont épousé des femmes « étrangères ». Il se désole, pleure, se prosterne et s’adresse à YHWH : « pourrions-nous encore violer tes commandements et nous allier à ces gens abominables ? » Alors le peuple jure : « Nous avons trahi notre Dieu en épousant des femmes étrangères… Nous allons prendre devant notre Dieu l’engagement solennel de renvoyer toutes nos femmes étrangères et les enfants qui en sont nés » (Es. 10, 2-3). Ces enfants n’étaient donc pas considérés comme des Juifs.
Les Juifs dans l’Allemagne nazie
En 1935, dans l’Allemagne nazie, sont édictées les « Lois de Nuremberg » retirant aux Juifs la nationalité allemande, les considérant dorénavant comme des « sujets de l’Allemagne« . Ils sont exclus de la fonction publique, il leur est interdit d’épouser des « aryen-ne-s » et de prendre à leur service des citoyens allemands. Certains métiers leur sont interdits, comme rédacteur dans les journaux, enseignants, etc.
Pour mettre en application ces lois, les juristes nazis ont dû définir la notion de Juif. Ce ne fut pas sans mal, tellement ils ont trouvé d’exception. Au départ, pour les nazis, est Juif celui qui a au moins trois grands-parents juifs. Voici la liste des critères adoptés par l’État français du Maréchal Pétain en 1941 :

Juifs laïcs et religieux
A la Knesset, le parlement israélien, les laïcs et les religieux se déchirent sur la définition de l’État d’Israël. La Knesset est actuellement (juillet 2021) composée comme suit (huit partis sont représentés) :
- 50 venant de partis nationalistes de droite dont l’ancien premier ministre Benyamin Netanyahou du parti Likoud
- 38 laïcs (droite ou centre) dont le premier ministre actuel Mickey Levy du parti Yesh Atid (centre laïc)
- 22 ultra orthodoxes
- 10 Arabes
Les nationalistes veulent faire d’Israël une démocratie juive comme l’avait décrété l’ONU en 1947, lors de la résolution de création de deux États en Palestine, » l’un juif et l’autre arabe ». Cette vision des nationalistes suggère que seuls les Juifs en seront citoyens, à l’exclusion des Arabes qui n’avaient pas quitté la région lors de la création d’Israël et qui avaient reçu la nationalité israélienne.
Aujourd’hui, seul 75% de la population d’Israël est juive d’après le Ministère de l’intérieur.
Les laïcs, eux, veulent que l’État reste multiculturel.
Les ultra orthodoxes souhaitent qu’Israël devienne une théocratie, un État régit par les lois religieuses.
Les ultra orthodoxes
Il suffit de se rendre dans un quartier ultra orthodoxe à Jérusalem pour voir ce que signifie pour eux un État régit par les lois religieuses.
- code vestimentaire strict, interdiction de suivre la mode. Les ultra orthodoxes s’habillent comme dans l’Allemagne et la Pologne du XIXe siècle.
- respect complet du shabbat : les quartiers sont fermés lors du shabbat, personne n’y rentre, personne ne sort.
- éloignement des étrangers : les Juifs vivent entre eux. Les femmes sont aussi tenues à l’écart.
Le journal israélien Yediot Aharonot, repris par le quotidien français Libération, a révélé qu’un catalogue Ikea destiné à la communauté juive ultra-orthodoxe avait été publié. L’ouvrage présente des livres religieux alignés sur les étagères, un père et ses deux garçons portant kippas et papillotes, une armoire remplie de vêtements masculins traditionnels. Il ne comporte aucune image de femme ! Ce n’est pas un acte isolé. Il n’est pas rare que les femmes soient effacées des photos de presse dans les journaux, c’est ce qui arrive souvent à Angela Merkel. Dans les manuels scolaires en Angleterre, les images des femmes ont été floutées.
Comme au XIXe siècle Photo du gouvernement israélien : les femmes ont été floutées
Les ultra orthodoxes (les haressim) vivent isolés dans des quartiers qui leur sont réservés, ou plutôt qu’ils se sont réservés. Ils représentent 11% de la population d’Israël, mais leur taux de fécondité est de sept enfants. En 2060, ils pourraient représenter 25% de la population.
La plupart des hommes ne travaillent pas, ils étudient la Torah. Ils vivent des dons d’associations et des allocations de l’État. Se sont leurs femmes qui font vivre le ménage en plus de s’occuper de l’éducation des enfants. On estime que 45% des haressim vivent dans la pauvreté.
Ils constituent une exception en Israël : ils sont exemptés du service militaire alors que toute la population, femmes et hommes, est appelée sous les drapeaux… mais ils bénéficient de tous les avantages sociaux.
Les nationalistes
Le mouvement sioniste moderne est né au XIXe siècle parmi les Juifs d’Europe centrale et de l’Est en réaction à l’antisémitisme et aux pogroms (« tout détruire » en russe) dont ils étaient victimes. Theodor Herzl va concrétiser les aspirations des Juifs en les invitant à s’unir et à avancer des idées lors du premier congrès sioniste en 1897 dont le thème est : « un État, une nation pour un peuple« . Au départ, le mouvement ne vise pas la création d’un État en Palestine alors sous domination ottomane, même si le baron Edmond de Rothschild y achète des terres et finance les premiers établissements juifs. L’Angleterre leur avait proposé l’Ouganda… rejeté à l’unanimité.
Le rêve commencera à prendre forme après la première guerre mondiale, lorsque la Palestine passe sous mandat britannique et que Lord Balfour, dans une lettre adressée au baron Lionel de Rothchild prétend que : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif… » (voir l’article sur la naissance d’Israël).
Avant la création de l’État d’Israël, la population juive de Palestine était passée de 80.000 à 650.000. Cette croissance avait donné naissance à un nationalisme arabe.
De nos jours, les nationalistes s’opposent à la création d’un État arabe et poussent à la colonisation de tous les territoires occupés jadis par les Juifs, avant l’écrasement de la révolte de 135 contre les Romains. Ils veulent un État hébreu totalement juif.
Note : Parler de Palestine pour désigner cette région du Proche Orient n’a aucune signification politique, ce n’est pas une prise de position pour les Palestiniens. La région a été appelée Palestine par les Romains après la seconde révolte des Juifs de 132 à 135. Ce changement de nom s’est accompagné de l’expulsion des Juifs de la région de Jérusalem qui a été rasée et reconstruite sur le modèle des villes romaines. La ville a même perdu son nom pour s’appeler Aelia Capitolina. Aelius était le nom de famille de l’empereur Hadrien. Palestine vient de « philistin », un peuple qui occupait le littoral de la région dès 1200 avant notre ère. Ils avaient fondé cinq cités-États dont Gaza, qui n’a jamais été une ville juive.
Les laïcs et les athées
Les laïcs ne sont pas nécessairement athées, mais la religion n’est pas leur préoccupation principale. Par contre, il y a bien des Juifs athées : ils ne croient pas en Dieu et considèrent la Torah comme un récit mythologique. Pourquoi se disent-ils juifs ? On a vu que la judéité est inaltérable : les enfants nés d’une mère juive sont juifs et le resteront toute leur vie… aux yeux de leur communauté. Ils ne peuvent pas demander à être exclus de l’assemblée, comme les chrétiens peuvent le faire en demandant à l’évêché d’être débaptisés.
La plupart des Juifs athées restent attachés à leur communauté. Sous la « pression » de leur entourage, surtout la famille, certains font circoncire leurs fils ou se marient suivant le rite traditionnel.
Parmi les Juifs athées célèbres on peut citer l’anarchiste Emma Goldman, les communistes Léon Trotski (Lev Davidovitch Bronstein) et Grigori Ziniviev, le père du sionisme Theodor Herzl, Sigmund Freud, Woody Allen, Daniel Cohn-Bendit et le philosophe Emanuel Lovi.
Mais que penser de la réponse de l’ancienne première ministre Golda Meir à la question d’un journaliste sur ses croyances : « Je crois au peuple juif et le peuple juif croit en Dieu« .
Les Juifs dans le monde
Un peu moins de 30% de la population mondiale est chrétienne, c’est-à-dire, a été baptisée selon le rite chrétien. Cette proportion diminue avec le temps. A peu près le même nombre est de religion musulmane, car née d’un père musulman et cette proportion, elle, grandit car l’apostasie est interdite dans l’islam et est punie de mort bien que la sanction soit rarement appliquée.
On parle ici de 2 milliards d’adeptes, de fidèles. A côté de ces religions, on ne compte que 14 millions de Juifs dans le monde… soit moins que la population des Pays-Bas !
La majorité des Juifs ne résident pas en Israël, mais ont la nationalité israélienne. Ils sont citoyens d’Israël et peuvent venir s’installer par le pays, ce que récuse le grand rabbinat tenu par des ultra orthodoxes qui se méfie des « étrangers ».
Répartition dans quelques pays :
- Israël : 6.665.600 (en 2019)
- État-Unis : 5.700.000
- France : 450.000
- Russie : 165.000
- Allemagne : 118.000
- Belgique et Pays-Bas : 29.000
- Turquie : 14.000
- Iran : 8.300
- Pologne : 4.500.
Massada : un symbole
Le site archéologique de Massada, à cent kilomètres au sud de Jérusalem et à moins de deux kilomètres de la Mer Morte, attire énormément de touristes. Pourtant Massada n’est pas citée ni dans la Bible, ni dans le Nouveau Testament. C’est une forteresse aménagée par Hérode le Grand pour protéger le sud de son pays, la grande Judée. Hérode avait aussi fait transformer les forteresses existantes d’Hérodion et de Machéronte.
Maquette d’Hérodion Représentation de Machéronte
La prise de Massada par les Romains
Massada est restée totalement ignorée jusqu’en 1927, lorsqu’un émigré Ukrainien, Yitzhak Lamdan, publia un poème intitulé « Massada ». Massada est plus un événement qu’un lieu : c’est le dernier bastion qui a résisté aux Romains lors de la première révolte juive de 66 à 73.
Alors que Jérusalem est prise et le temple incendié en 70, des résistants se réfugient dans la forteresse de Massada. Ils sont environ 900, dont des femmes et des enfants. Leur histoire a été contée par Flavius Josephe dans le livre VII de son ouvrage « La guerre des Juifs« .
Ce document peut être consulté sur le site http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre7.htm.
C’est en 73, après avoir nettoyé les dernières poches de résistance dans le territoire de Judée que les Romains, commandés par Flavus Silva mirent le siège devant la colline de Massada. La forteresse était commandée par Éléazar, un des descendants de Judas de Galilée qui s’était opposé au recensement de Quirinus lorsque la Judée était devenue une province romaine en l’an 8.
La forteresse était imprenable, elle était pourvue de bassins qui fournissaient l’eau et des vivres avaient été stockées en prévision du siège : « en effet, on tenait en réserve du blé, en quantité suffisante pour un long temps, plus beaucoup de vin et d’huile, de légumes secs d’espèces variées, des monceaux de dattes. » (Flavius Josephe).
Les Romains entourèrent le site d’une palissade pour empêcher la fuite des assiégés et entreprirent la construction d’une rampe d’accès… ce n’était pas les esclaves qui manquaient ! Mais quand ils parvinrent dans la citadelle, tous les défenseurs étaient morts. Ils avaient choisi le suicide collectif.


A gauche, la maquette de Massada, à droite le site actuel avec la rampe construite par les Romains.
Exploitation du symbole
1927
La Palestine est sous mandat britannique. L’immigration est contrôlée et en Europe de l’est, les Juifs sont persécutés, parfois l’objet de pogroms. Pour Yitzhak Lamdan, Massada est un symbole social. Pour les Juifs de son temps, il n’y a que deux destinations : là où ils ne peuvent pas aller (pour les modernes, la Palestine, pour les anciens, Jérusalem) et là où ils ne peuvent pas vivre (l’Europe de l’est et Massada).
1948
A la création de l’État d’Israël (voir l’article), le symbole a changé : comme les défenseurs de Massada, les Israéliens sont encerclés par des forces hostiles et supérieures en nombre. Massada devient le symbole de la volonté nationale, le symbole de la résistance.
1967
Les Arabes, harangués par le président égyptien Nasser, ont décidé de détruire Israël (voir l’article). En Israël, alors qu’on creuse des tombes dans les parcs et les terrains de sport, le paradigme change. On ne veut pas d’un nouveau Massada. Les militaires proclament que les Israéliens ne seront pas pris au piège dans leur petit pays, leur forteresse. Ils doivent précipiter les événements et attaquer les premiers. Ce qui sera fait et la menace réduite à néant en six jours.
L’exemple de Massada reste, mais, dans l’avenir, il devra être évité à tout prix.
Qu’en disait Flavius Josephe ?
Lorsqu’il écrit la Guerre des Juifs, vers 90, Flavius Josephe réside à Rome, il est l’hôte de l’empereur Domitien, le fils de Vespasien à qui le prisonnier de guerre Josephe servait d’interprète. Il n’est plus prisonnier, il a été affranchi et il tient à flatter ses bienfaiteurs.
Dans le livre 7, les défenseurs de Massada ne sont pas de braves résistants Juifs qui veulent défendre leur pays contre l’envahisseur romain, mais des brigands, des sicaires, des zélotes. Leur attitude « n’était qu’un prétexte pour voiler leur cruauté et leur avidité… »
Il est vrai que lors du siège de Jérusalem, plusieurs bandes rivales s’opposaient et n’hésitaient pas à massacrer d’autres Juifs, qui comme eux, défendaient la ville : « les uns avaient la passion de la tyrannie, les autres celle d’exercer des violences et de piller les biens d’autrui« . Josephe parle d’une maladie contagieuse qui s’était emparée des défenseurs de Jérusalem. Leur violence a causé leur perte.
Massada, d’un fait divers peu glorieux, qui s’est terminé par un « suicide » collectif, raconté par le seul Flavius Josephe, ignoré pendant des siècles, est devenu au XXe siècle un symbole de la résistance d’une nation.
Comprendre la guerre de Syrie
Un peu d’histoire
La Syrie est un pays jeune. Il n’a connu ses frontières actuelles qu’en 1920, lors du démembrement de l’Empire ottoman. Selon un accord secret signé en mai 1916, entre les diplomates français (Picot) et britannique (Sykes), le nouveau pays sera placé sous tutelle française, malgré l’opposition des Arabes qui ont aidé l’armée britannique dans sa guerre contre les Turcs ottomans. Ils avaient créé un gouvernement provisoire et nommé le prince Fayçal roi de Syrie. Cette saga a été contée dans le film « Lawrence d’Arabie ». Fayçal s’était rendu à Paris pour défendre la position arabe lors de la conférence de la paix en 1918 et 1919. En vain. L’occupation française se fera les armes à la main.
Le pays deviendra indépendant en 1946, après de longues négociations avec différents gouvernements français. Celles-ci ont duré 10 ans.
Après la défaite de la Syrie (et des autres pays arabes) dans la guerre contre Israël en 1948 (voir mon article : Naissance de l’État d’Israël), la Syrie va connaître une succession de coups d’État menant en 1966, Hafez al-Hassad au pouvoir. La famille al-Hassad est originaire de l’ouest de la Syrie, elle appartient à la minorité religieuse alaouite, une branche du chiisme qui représente moins de 15% de la population syrienne.
En 2000, Bachar al-Assad (ou el-Assad), né en 1965, succède à son père après un référendum. Il a fait des études d’ophtalmologie à Damas puis s’est spécialisé à Londres. Il y rencontre son épouse Asma Fawaz Akhras (née en 1975), une femme d’affaire syro-britannique.

Avertissement
La guerre de Syrie est très difficile à comprendre car c’est une guerre mondiale qui ne veut pas dire son nom. La Syrie a servi de champ de bataille à toute une série de pays cherchant à s’octroyer des avantages géopolitiques.
A côté de la position « officielle » des chancelleries occidentales : « Bachar al-Assad est un tyran sanguinaire qui a précipité son pays dans le chaos« , plusieurs journalistes sur le terrain ont défendu des thèses différents. Ils se sont fait traités de conspirationnistes, de traîtres, de séniles, de propagandistes à la solde des Russes, etc. Parmi eux :
- Robert Fisk (anglais) : il a reçu le prix Amnesty International en 2000 pour ses reportages en Serbie sous les bombardements de l’OTAN et le David Watt Memorial Award en 2001 pour sa couverture du Proche-Orient. Il a nié l’usage des armes chimiques à Douma en 2018 où il était présent. Il a réalisé le documentaire « En première ligne » sur la guerre de Syrie (diffusé sur ARTE).
- Seymour Hersh, un journaliste d’investigation américain, prix Pulitzer en 1970 pour avoir dénoncé le massacre perpétré par des marines américains à My Lai au Vietnam. Il met en cause les milices du front al-Nosra (un groupe djihadiste affilié à Al-Qaïda) dans l’attaque au gaz sarin dans la Ghouta, la banlieue de Damas, en 2013. C’est à cette occasion qu’Obama a déclaré que la « ligne rouge » était franchie. Il accuse Obama de se servir du même mécanisme de sélection que celui utilisé pour justifier la guerre en Irak par son prédécesseur : George W. Bush.
- John Pilger (australien) : il a été le premier à dénoncer les violations des droits de l’Homme par les Khmers rouges au Cambodge. Il a obtenu deux fois le prix britannique de « jounalist of the year« . Il affirme n’avoir jamais connu d’époque auparavant où la pensée dominante était à ce point impliquée dans un « déluge de propagande » visant selon lui la Russie.
Le printemps arabe : 2011
Au printemps 2011, comme en Tunisie, en Egypte et au Barhain, la population syrienne manifeste contre le régime autoritaire de leur président. Le gouvernement réprime la contestation dans le sang. Les forces armées tirent sur la foule. Vidéo sur les manifestations : France Télévision.
Le printemps arabe échoue en Syrie comme il a échoué au Barhain et pour les mêmes raisons. Les deux régimes sont aux mains d’une minorité : sunnite au Barhain alors que la majorité de la population est chiite et l’inverse en Syrie. Pour assurer le pouvoir à la minorité, le régime a placé des hommes sûrs, issus de cette frange de la population, à tous les postes de l’État : armée, services secrets, administration, etc. La contestation échoue parce que les forces de l’ordre restent fidèles au gouvernement. Notons que l’armée saoudienne a dû intervenir au Barhain pour mettre fin aux manifestations.
Les manifestations virent à la révolution : interventions étrangères : 2012
Face à l’échec, le mouvement de contestation se transforme en rébellion.
Les États-Unis organisent à Istanbul un « Congrès National » regroupant des opposants réfugiés dans les pays occidentaux et toutes les composantes politiques de la société syrienne, des communistes aux radicaux islamistes, soit plus de 40 partis, 40 points de vue différents. L’objectif est de former un gouvernement provisoire et de coordonner les actions sur le terrain. Pour eux, Bachar al-Assad est déjà mort.

Vu les divergences de vue, c’est un échec. Sur le terrain, l’Armée syrienne libre (ASL) qui s’était constituée cède petit à petit l’initiative à des milices islamistes salafistes dont les principales comptent plus de 10.000 hommes venant de tous les pays : le front al-Nosra, branche d’al-Qaïda, Ahrar al-Sham et Jaych al-Islam (Armée de l’Islam). Qui arme ces milices ? L’initiative de la révolution vient des États-Unis, mais ils ne peuvent pas fournir d’armes à des belligérants sans l’accord du Sénat. La CIA fait donc appel à ses alliés dans la région : la Turquie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar. La diversité de l’origine de l’armement renforce les dissensions entre les différents groupes armés qui sont la cible de l’armée syrienne aidée de l’Iran et du Hezbollah (le parti de Dieu) libanais. A ce stade, on assiste à une guerre entre chiites et sunnites. Plus d’une cinquantaine de groupes armés s’affrontent ! Un observateur estime qu’une milice se crée chaque semaine. Elles sont de plus en plus extrémistes.
Le conflit s’internationalise : USA-Russie (2012-2013)
La force de feu est disproportionnée entre le régime de Bachar al-Assad qui utilise chars et avions, et les milices rebelles équipées d’armes légères. Les États-Unis ont explicitement interdit qu’on leur livre des lance-roquettes. Ils ont en mémoire le sort des armes qu’ils avaient livrés aux moudjahidin afghans qui luttaient contre les Soviétiques. Ces armes se sont retournées contre les Américains lorsqu’ils ont envahi l’Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001.
Comme les milices sont engagées dans une guérilla urbaine, les troupes de Bachar al-Assad bombardent les quartiers où les opposants se sont mélangés à la population. Celle-ci n’a d’autre choix que de fuir quand c’est possible, subir ou aider les insurgés.
Les USA et la Russie vont s’affronter à l’ONU. Toutes les résolutions déposées par les États-Unis pour chasser Bachar al-Assad n’aboutissent pas : la Russie y oppose son veto, imité par la Chine. Le président Obama hésite quant à la stratégie à mener en Syrie. Lorsque le gouvernement syrien est accusé d’utiliser des armes chimiques, il menace d’une intervention directe de l’armée américaine si de nouvelles frappes chimiques ont lieu. Mais il n’agit pas quand cela se produit, au grand dam du président français, François Hollande, qui avait préparé l’envoi d’un contingent. Au contraire, Obama se range à l’avis du président russe Poutine de démanteler l’arsenal chimique de la Syrie. La Russie marque le conflit de son empreinte.
Pourquoi la Russie soutient-elle la Syrie ? La Syrie est alliée à la Russie de longue date, elle permet à la flotte militaire russe de mouiller dans le port méditerranéen de Tartous. La Russie est par principe opposée à tout droit d’ingérence, elle est opposée à toute intervention militaire qui viserait à renverser un pouvoir en place. Notons que l’intervention soviétique en Afghanistan visait à soutenir le régime en place. Une autre raison est économique : la Syrie est le quatrième client de la Russie en valeur. Les États-Unis, eux, s’opposent à la Syrie, non seulement parce qu’elle est l’alliée de la Russie, mais aussi parce que la Syrie est l’ennemie d’Israël et l’alliée de l’Iran. Pour les États-Unis, les amis de mes ennemis sont mes ennemis. Ils mènent au Proche-Orient une politique de cour de récréation d’école maternelle.
Conquêtes de DAESH (2013)
Début 2013, l’État islamique, qui s’est constitué en Iraq, pénètre en Syrie où les milices djihadistes lui prêtent allégeance. De leur fusion naît DAESH, l’État islamique en Iraq et au Levant (le Sham, c’est la Syrie). Cette organisation est lourdement armée, elle a pillé les arsenaux américains de la région de Mossoul. Elle balaie tout sur son passage. Les États-Unis et ses alliés européens décident alors d’intervenir militairement par des frappes contre DAESH. La Russie leur emboîte le pas. Pour ne pas se gêner, la Syrie est divisée en deux zones militaires : à l’ouest de l’Euphrate, la Russie, à l’est, les États-Unis.
Les États-Unis vont accuser la Russie de mener des attaques contre les milices rebelles, ce qui n’est pas faux puisque celles-ci se rallient à DAESH, l’acteur le plus puissant au sol. Pour contrer l’État islamique, dans leur zone d’influence, sans intervenir directement, les État-Unis soutiennent les milices kurdes qui n’ont pas pris position contre Bachar al-Assad. Les Kurdes préfèrent une solution négociée, espérant la formation d’un État fédéral comme en Irak.
La prise de Raqqa par DAESH à la frontière turc crée un couloir par où vont affluer des centaines d’islamistes venant grossir les rangs de l’État islamique.
Maintenant de deux maux, il faut choisir le moindre. Le choix se pose entre DAESH et Bachar al-Assad. L’intervention conjointe de la Russie, de l’OTAN et des Kurdes finira par venir à bout des islamistes de DAESH… et des milices syriennes qui les ont rejoints. Fin 2017, malgré quelques poches de résistance, DAESH est vaincu. Bachar al-Assad a sauvé son trône.
Conflit Iran-Israël (2015)
A la frontière sud de la Syrie, sur les hauteurs du Golan, l’armée israélienne veille. Son pire ennemi, l’Iran a installé des bases en Syrie. Israël craint des frappes massives que son bouclier anti-missiles ne pourrait pas intercepter. Elle entreprend donc des pourparler avec la Russie qui l’assure de sa bienveillance. La Russie ne cautionnera pas les attaques de l’Iran, elle ne soutient pas les visées de son allié : Israël pourra se défendre sans craindre de représailles. Israël mènera, depuis son territoire, plusieurs attaques contre des positions iraniennes trop avancées. La Russie conforte sa position, elle devient un acteur fort dans la région.
Conflit Turquie-Kurdes (2018)
La Syrie a 900 km de frontière avec la Turquie et cette zone est occupée par les Kurdes.

Or le président turc Erdogan a déclaré la guerre au PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, dans son pays. Cette organisation a été reconnue comme groupe terroriste par les États-Unis et ses alliés européens. Erdogan prétend que les Kurdes syriens (le YPG : voir mon article sur les Kurdes) sont les alliés du PKK. Il veut empêcher la constitution d’un État kurde à sa frontière. Il veut aussi affirmer sa puissance dans la région… ancien territoire de la Turquie ottomane. Il envoie ses troupes envahir le nord de la Syrie et déloger les Kurdes. Les États-Unis qui ont soutenu les Kurdes contre DAESH les abandonnent et quittent la zone revendiquée par la Turquie. Le diplomate Robert Ford dans le documentaire « Syrie : les dessous du conflit » (ARTE) a déclaré que la Maison blanche avait décidé, dès le départ, de s’appuyer sur les Kurdes et de les abandonner dès que la situation le nécessiterait.
Conséquences de la guerre
On ne peut pas parler de LA guerre de Syrie, mais DES guerres de Syrie tant il y a eu de belligérants et d’objectifs opposés. Aujourd’hui, le régime de Bachar al-Assad, aidé des milices chiites, de l’Iran et de la Russie a récupéré la majorité de son territoire. Seule la Turquie et ses alliés islamistes (l’Armée national syrienne) occupent encore le nord de la Syrie.
En octobre 2020, l’aviation russe a bombardé la région d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie, occupée par les milices islamistes alliées à la Turquie. Ce qui n’empêche pas la Turquie et la Russie de patrouiller ensemble à la frontière nord.
La Syrie est un pays dévasté, sans population, sans habitat. 50% des Syriens ont perdu leur domicile, soit 10 millions de personnes dont rois millions sont nourries par l’ONU. Il y a 6,5 millions de déplacés dans le pays, 3,6 millions ont trouvé refuge en Turquie. Le Liban, qui ne compte que 4 millions d’habitants, accueille un million de Syriens. En Europe, l’Allemagne a pris en charge 750.000 Syriens et la Suède, 250.000.
Mais ce sont les Kurdes qui supportent les conséquences de la guerre : ils gèrent les membres de DAESH fait prisonniers. Cinq mille s’entassent dans des prisons bien souvent improvisées. 70.000 personnes sont dans des camps fermés dont 10.000 « épouses » étrangères, la plupart européennes.
Deux histoires oubliées de l’Histoire
La Syrie est accusée d’avoir tiré sur des manifestants, d’avoir torturé des prisonniers politiques, d’avoir bombardé des civils, des hôpitaux et des écoles. Ces actions ont été qualifiées de « crimes contre l’Humanité » par Kofi Annan, l’émissaire spécial de l’ONU en Syrie (2012)… sous les applaudissements des Français et des Américains.
17/10/1961 : Paris
Nous sommes en 1961 dans la France du général de Gaulle. Depuis un an, des pourparlers se tiennent à Melun entre la France et le FLN (Front algérien de Libération Nationale) pour déterminer les conditions de l’indépendance de l’Algérie. En France, des attentats perpétrés par la branche française du FLN d’une part et par les opposants à l’indépendance, d’autre part, l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète : organisation de militaires français) endeuillent le pays.
Depuis le 5 octobre, un couvre-feu est imposé aux seuls Français musulmans d’Algérie (FMA), c’est ainsi qu’on qualifie les natifs d’Algérie qui vivotent dans des bidons-villes en périphérie des grandes villes. Ils ne pourront se déplacer entre 20h30 et 5 heures du matin.
Le FLN prévoit une grande marche dans Paris le 17 octobre 1961. Le mot d’ordre est stricte : on se promène sur les grandes artères après le couvre-feu, pas de banderoles, pas de slogans, pas de drapeaux, pas de violence. Ils sont environ 20.000 à braver l’interdit. Face à eux, les gendarmes français ont été mobilisés en nombre par le préfet Maurice Papon qui harangue ses troupes et lâche : « tirez les premiers, vous serez couverts ».
Et la curée commence. Dès le début de la promenade, à Neuilly, deux Algériens sont abattus. Douze mille seront arrêtés sans résistance et conduits dans des lieux réquisitionnés pour contrôle d’identité. La police se déchaînera. Les « FMA » feront l’objet de brimades et seront roués de coups. Dès le lendemain, on repêchera dans la Seine des corps jetés à l’eau, certains noyés vivants, d’autres déjà morts. Des cadavres seront retrouvés dans les ruelles et les parcs. Combien ? Pourquoi ? Nul ne le sait, aucune enquête ne sera menée : « vous êtes couverts » avait dit Papon. Ce personnage n’était pas à son coup d’essai : il avait organisé la rafle des Juifs à Bordeaux en 1942. A la capitulation de l’Allemagne, il n’avait pas été inquiété. De Gaulle avait fait appel à lui pour sa poigne, il fallait encadrer les forces de police. En 1978, il sera même ministre de Giscard d’Estaing avant de se faire rattraper par son passé. Il sera jugé en 1997 après 18 ans de procédures. Il sera condamné à 10 ans de prison pour crimes contre l’Humanité. Ainsi fini celui que de Gaulle jugeait « tout à fait convenable ».
De gauche à droite : (1) Stèle à la mémoire des martyrs posée par la mairie de Paris (on y lit « A la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique de 17 octobre 1961″), (2) tag actuel sur le quai saint-Michel (NB : il n’y avait aucune femme lors de la marche, elles devaient défiler deux jours plus tard), (3) Algériens arrêtés en attente d’être transférés pour contrôle d’identité.
Cette partie de l’article a été inspirée du documentaire : Quand l’histoire fait date : 17 octobre 1961, un massacre colonial (ARTE)
13/02/1945 : Dresde
La guerre mondiale touche à sa fin. La ville de Dresde dans le sud-est de l’Allemagne accueille de nombreux réfugiés fuyant les armées soviétiques. Elle est appelée « la ville hôpital ». Soudain, ce 13 février, 1.300 avions américains et anglais apparaissent dans le ciel. Ils vont larguer 600.000 bombes incendiaires ou explosives dans un ballet incessant qui va durer 3 jours. Le bombardement de Dresde n’est pas un cas isolé. La plupart des villes allemandes ont été bombardées. Ce qui choque ici, c’est l’absence d’objectifs militaires ou industriels. Les Nazis n’ont même pas jugé opportun de défendre la ville par des batteries de DCA.
Le nombre de morts est estimé entre 35.000 et 70.000.
Pourquoi cette attaque ? Pourquoi cette sauvagerie ? L’excuse, car se n’est pas une justification, est que les Nazis avaient l’intention de déplacer un demi-million d’hommes vers le front de l’est en transitant par Dresde. A cette époque, même dans ses rêves les plus fous, Hitler n’avait plus les moyens de constituer une telle force armée. La vraie raison est un acte concerté de terrorisme. Terroriser la population allemande pour qu’elle se révolte contre le régime hitlérien. La révolte n’aura pas lieu et la guerre se terminera trois mois plus tard.
Naissance de l’Etat d’Israël
D’après le film « Une terre deux fois promise » de William Karel et Blanche Finger.
Le sionisme
En 1894, le journaliste austro-hongrois, Théodor Hertzl assiste en France à la dégradation du capitaine Dreyfus dans un climat anti-juif qui le choque. En 1896, il publie un livre qui fera grand bruit… plus tard : « l’État des Juifs » dans lequel il prône la création d’un pays pour les Juifs : « Donnez-nous un bout de terre, on fera le reste« . Le sionisme est né. L’année suivante se tient à Bâle le premier congrès du mouvement sioniste qui appelle les Juifs à se libérer par eux-mêmes dans un pays : la Palestine, le foyer juif. Peu diffusée, cette idée ne sera pas un succès d’autant que, pour les rabbins de toutes tendances, la diaspora (la dispersion des Juifs hors d’Israël) est une punition de Dieu, seul le Messie peut reconduire les Juifs en Palestine.
En 1905, au 7ème congrès sioniste, après avoir envisagé l’Ouganda et l’Argentine, c’est bien la Palestine qui est choisie comme foyer juif. Pour les Européens, c’est une terre désertique. Grave erreur, elle est habitée par 500.000 Arabes et quelques milliers de Juifs qui vivent en harmonie.
En 1907, fuyant les pogroms en Ukraine, quelques étudiants sionistes idéalistes émigrent en Palestine (alors région de l’Empire ottoman) au cri de « ce pays est à nous ». Deux ans plus tard, ils créent le premier kibboutz. Pour eux, c’est une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Les Arabes ont déjà compris que l’affrontement sera inévitable.
Conséquences de la guerre 14-18
En 1917, l’état-major britannique pour le Proche-Orient, basé en Egypte, promet au shérif (chef religieux descendant de Mahomet) de La Mecque, Hussein ben Ali, la création d’un grand Etat arabe si une armée arabe aide les Britanniques à vaincre les Turcs ottomans (sujet du film « Lawrence d’Arabie »).
La même année, le ministre britannique des Affaires Etrangères, Lord Balfour, publie une lettre dans le Times du 2 novembre 1917, adressé à Lionel Rothschild, financier du mouvement sioniste :
Cher Lord Rothschild,
J’ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l’adresse des aspirations juives et sionistes, déclaration soumise au Parlement et approuvée par lui.
Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.
A la fin de la guerre, on se rend compte que les diplomates Sykes (GB) et Picot (F) avaient décidé dès 1917 de partager les territoires ottomans du Proche-Orient entre leurs pays. Oubliée la promesse faite aux Arabes. En 1920, cinq nouveaux Etats sont ainsi créés : le Liban et la Syrie sous mandat français ; l’Irak, la Palestine et la Transjordanie sous mandat britannique.
Les Arabes se sentent floué et le nationaliste Mohammed Rachid Rida répand l’idée que les Juifs dirigent le monde et sont les ennemis des Arabes. Les Protocoles de Sion, parodie anti-juive, qui ont été édités en 1903 en Europe, sont publiés au Caire en 1925 et à Jérusalem en 1926. L’antisémitisme qui était une notion européenne, gagne le monde arabe.
La Palestine britannique
La Grande-Bretagne organise un recensement en 1919 en incluant une notion ethnique. Il y aura deux catégories de Palestiniens : les Arabes (700.000) et les Juifs (70.000).
Entre 1920 et 1926, de nombreuses émeutes anti-juives ont lieu, s’opposant à l’immigration massive des Juifs dont la population double.
En 1933, Hitler est au pouvoir en Allemagne. Les premières lois raciales poussent les Juifs à émigrer vers la Palestine, encouragés par le gouvernement allemand. La seule condition pour obtenir un visa est l’abandon de tous ses biens. La tension monte d’autant plus que le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, adhère aux idées nazies et crée une légion arabe SS.
La Grande-Bretagne réagit : elle ne veut pas d’un Etat juif en Palestine. Elle arrête l’immigration juive.
En ,juillet 1938, à Évian, une conférence, réunie à l’initiative du président américain Franklin D. Roosevelt, débat sur l’accueil des Juifs persécutés par les nazis. On propose de les accueillir en Algérie. Le ministre français Henry Bérenger refuse. On propose alors la Palestine. Les Anglais, qui gèrent le territoire, refusent. Que faire ? La Suisse, submergée par les Autrichiens, fuyant leur pays qui vient d’être occupé, ferme sa frontière et instaure des visas pour les demandeurs d’asile. L’Australie se retire, elle ne veut pas importer le « problème juif » sur ses terres. Personne ne prend d’engagement et la conférence se termine sur une annonce « triomphale » : on va créer le CIR, le Comité Intergouvernemental pour les Réfugiés !
Conséquences de la guerre 39-45
Les Juifs d’Europe, survivants de la Shoah, regroupés dans des camps en Europe, tentent d’émigrer en Palestine. Ils sont refoulés par les Britanniques qui les parquent dans des camps à Chypre. Un diplomate américain dira au président Truman : « On traite les juifs comme l’ont fait les Allemands sauf qu’on ne les extermine pas« .
En 1947, face à la situation, une commission international de l’ONU propose de créer deux Etats en Palestine. C’est de la pitié pour les survivants de la Shoah, une réparation. Pour que la motion soit adoptée, elle doit obtenir 2/3 des voix des 56 pays représentés. Ce n’est pas gagné. La diplomatie s’active, Truman convainc les Philippines et Haïti de voter pour, en échange de prêts. La résolution passe de justesse 33 OUI contre 13 NON (et 10 abstentions dont la Grande-Bretagne). La Palestine est découpée.

Première guerre israélo-arabe : 1948
Le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël voit le jour à Tel-Aviv, Jérusalem étant en Transjordanie. Les Palestiniens juifs échangent leur passeport palestinien pour un document israélien leur permettant de voyager partout dans le monde… sauf en Allemagne. David Ben Gourion en est le premier ministre après avoir été, entre autres, président de l’Agence juive et chef de l’Haganah, l’armée clandestine juive lors du mandat britannique.
Tout a commencé par des attentats juifs et arabes. En mars 1948, deux cents habitants arabes de la petite ville de Dar Yassin sont tués parce qu’ils ont résisté à leur expulsion par l’Irgoun, un mouvement paramilitaire juif. La peur s’installe chez les Arabes. Les Britanniques qui ont maintenu l’ordre tant bien que mal quittent la Palestine. La guerre peut commencer. Tous les pays arabes attaquent Israël : l’Egypte, la Jordanie, l’Irak, la Syrie, le Liban, l’Arabie saoudite, le Yémen, des volontaires venant du Pakistan et du Soudan ainsi que des membre des Frères musulmans. La guerre n’a pas été préparée, elle est improvisée, mal coordonnée, elle va durer presqu’un an.
La création d’un Etat juif provoque l’arrivée massive des survivants de la Shoah, mal reçus lorsqu’ils voulaient rentrer chez eux. En Pologne, ils sont massacrés. En France, ceux qui ont bénéficié des biens confisqués aux Juifs manifestent dès juin 1945 en proclamant : « La France aux Français ». On y a même entendu des slogans comme « mort aux Juifs » ou « les Juifs au crématoire »… un mois après la signature de la capitulation de l’Allemagne.
Cette immigration gonfle les effectifs de l’armée israélienne qui passe de 40.000 à 110.000 hommes en 6 mois.
Conséquences de la guerre de 1948
Contre toute attente, bien que mal armé, Israël sort vainqueur de cette guerre : en 1949, les différents pays arabes signent successivement une trêve avec le nouvel État.
On se rend compte aujourd’hui que l’initiative arabe fut une grave erreur. Les pays arabes réclament maintenant l’application de la résolution de l’ONU votée en 1947.
Durant la guerre, 300.000 Palestiniens fuient la Palestine vers les pays voisins, par peur des Juifs, mais aussi sur les conseils des pays arabes : « fuyez la guerre, vous reviendrez quand on aura exterminé Israël« . Pour se débarrasser des Palestiniens, les Israéliens ont mis à leur disposition des camions et des bateaux dans le port de Jaffa. A l’époque, personne ne s’émeut d’un tel déplacement de population : en Europe, des millions de personnes errent sur les routes. Les Arabes qui sont restés en Israël et ceux qui sont revenus ont reçu la nationalité israélienne. Ils représentent actuellement 20% de la population, soit un peu moins de 2 millions d’habitants. Tous les israéliens ont les mêmes droits, mais les musulmans ne sont pas tenus de faire leur service militaire.
Les pays d’accueil des Palestiniens ne tenteront jamais de les intégrer, les réfugiés n’auront pas accès à la nationalité, ils vivront dans des camps. Cette situation est voulue, elle maintient un conflit permanent entre les Palestiniens et les Israéliens qui refusent leur retour. L’idée d’un Etat palestinien est abandonnée.

Suite à sa victoire, Israël regagne des territoires et occupe maintenant Jérusalem ouest. La vieille ville reste jordanienne. Les Juifs de Jérusalem-est sont expulsés par les Jordaniens.

Après la guerre, les Juifs sont expulsés d’Égypte, d’Irak, du Maroc et d’Aden. Alors que le pays n’avait accueilli jusqu’alors que les Européens, l’arrivée des Juifs d’Afrique provoque un choc culturel. Ils sont rejetés par la majorité de la population. Les 40.000 migrants d’Aden, incultes, sont même qualifiés de pré-primitifs !
Cette arrivé massive de migrants provoque une grave crise économique. Les biens de première nécessité sont rationnés.
Conséquence inattendue : la Grande-Bretagne est accusée de ne pas avoir soutenu suffisamment les pays arabes. Elle doit quitter l’Irak, la Jordanie, où les Britanniques viennent de mettre fin à leur mandat, et l’Egypte, où des troupes étaient toujours stationnées pour contrôler le canal de Suez,.
En 1967, une nouvelle guerre opposera Israël aux pays arabes (voir l’article : 1967, Israël conquiert Jérusalem).
Chronologie biblique
L’objectif de cet article est d’offrir un cadre pour des articles à venir sur Moïse, David et Salomon et la destruction du temple de Jérusalem.
Légende biblique
Tout commence le 23 octobre 4004 (avant notre ère) comme l’a « calculé » James Ussher, archevêque d’Armagh en 1650. En 6 jours, Dieu crée la terre, les cieux, les animaux, la végétation, l’homme et la femme… puis il se repose.
On connaît deux fils d’Adam et Ève : Abel et Caïn. Caïn, le cultivateur, tue Abel, l’éleveur, par jalousie : Dieu préfère le fumet d’un barbecue aux effluves du pain qui cuit. Avis aux croyants végans.
Mais c’est d’un troisième fils qu’est née l’humanité : Seth, l’ancêtre des patriarches, dont Noé. Âgé de 600 ans, Noé survit à l’anéantissement de toute vie sur terre. Dieu regrettant sa création provoque le déluge. Nous sommes en –2349. Note : bien qu’elles reflètent la chronologie biblique, ces dates sont fantaisistes, elles n’ont aucune valeur historique.
Les trois fils de Noé se séparent et vont peupler la terre : Sem l’Asie, Japhet l’Europe et Cham l’Afrique : « Tels furent les fils de Noé, selon leur clan et leur langue, d’après leurs pays et leurs nations. »
Rideau. On n’en saura pas plus.
Le temps a passé, l’horloge marque –1923, le deuxième acte débute par l’entrée en scène d’Abraham venu de Mésopotamie, littéralement, « le pays entre deux fleuves » : l’Euphrate et le Tigre. Dieu le choisit pour donner naissance à son peuple, le peuple élu. Il a deux fils : Ismaël et Isaac. Isaac engendrera, entre autres, Jacob qui après avoir lutté contre un « ange » sera appelé Israël, ce qui signifie : « celui qui a lutté avec Dieu« .
La généalogie des patriarches touche à son terme : Jacob (Israël) aura 12 fils, avec 4 femmes différentes. Vous avez deviné, ils vont donner naissance (indirectement) aux 12 tribus mythiques d’Israël. L’entente n’est pas parfaite entre eux : Joseph est vendu par ses frères à une caravane qui va en Egypte. Après des péripéties, Joseph devient vizir du pharaon en –1715. Il fera venir toute sa famille en Egypte lorsqu’elle ne trouvera plus de quoi se nourrir en Canaan.
D’où vient ce nom de Canaan ? C’est le nom d’un des fils de Cham (le fils de Noé qui a hérité de l’Afrique). Désobéissant aux directives de Noé, il se serait arrêté en chemin. C’est la Palestine romaine aujourd’hui occupée par Israël et les territoires palestiniens. J’utiliserai indifféremment les noms de Canaan ou de Palestine pour désigner cette région.
Rideau. Le troisième acte commence. On est entre –1451 et –1266 suivant les livres de la Bible, les descendants de Jacob, les Hébreux, sont maintenant réduits en esclavage au pays de Pharaon. Dieu mandate Moïse pour les en sortir et les ramener à Canaan. Je n’insiste pas sur cet épisode que je commenterai prochainement.
Quand la pièce reprend, les Hébreux se choisissent un roi : Saül. On a fait un bond dans le temps, nous sommes à la fin du XIe siècle avant notre ère. Vont lui succéder David (1009-970) puis son fils Salomon (970-931). J’en reparlerai.
On entre enfin dans l’Histoire
Les Hébreux forment deux Etats distincts et rivaux. Israël au nord, avec comme capitale Samarie, plus étendu, plus riche, plus puissant et Juda au sud autour de Jérusalem, petit pays pauvre.
En –722, les Assyriens, venant du nord de la Mésopotamie, envahissant Israël et déportent une partie de sa population pour la remplacer par des étrangers. Beaucoup d’Israélites se réfugient chez leur voisin, à Jérusalem.
Petit aparté : Abraham est un personnage des récits du sud de la Palestine (Juda), plus précisément d’Hébron. Par contre, Jacob est un héro du nord de la Palestine (Péniel). Ils ont été réunis artificiellement par Isaac… qui ne joue aucun rôle dans le récit biblique. Leur union « familiale » a été consacrée après la fuite des Israélites vers Jérusalem pour créer une histoire commune à tous les Hébreux.
En -597, puis en –586, c’est au tour de Juda d’être envahi par les Babyloniens de Nabuchodonosor II, peuple du sud de la Mésopotamie. Le temple attenant au palais royal est détruit et l’élite judéenne, la cour et les prêtres, emmenée en captivité à Babylone. C’est un événement majeur de l’histoire des Hébreux. J’en reparlerai.
La roue tourne, les Perses venus d’au delà du Tigre, chassent les Babyloniens (-539) et libèrent les Hébreux qui retournent à Jérusalem et bâtissent un second temple, inauguré en –515. Les Perses créent la satrapie de Transeuphratène qui englobe la province de Judée et s’étend du l’Euphrate à la Mer Rouge. Ce détail a son importance.
Les Perses seront défaits par Alexandre le Grand qui annexe la Judée en –332 avant notre ère. Les Judéens vont vivre sous domination grecque pendant près de 300 ans. Après une révolte contre les Grecs vers –160, une dynastie judéenne, les Hasmonéens, va acquérir une certaine autonomie. Mais faute de s’entendre lors d’une succession, les Romains interviennent en –63 et portent sur le trône le père de celui que l’on nomme Hérode le Grand. Il doit son surnom à l’embellissement de la ville de Jérusalem et principalement son temple.
1967 : Israël conquiert Jérusalem
Curieux titre !
Jérusalem n’est-elle pas la ville phare d’Israël ? En 1948, à la fin de la guerre ayant débouché sur la création de l’Etat hébreu, l’ONU a partagé la ville en deux. La vielle ville, à l’est, avec tous les édifices religieux, musulmans et chrétiens, de même que le Mur des Lamentations, les fondations du temple d’Hérode détruit par les Romains en 70, a été rattachée à la Jordanie, l’enceinte ottomane servant de frontière.
Mai 1967, Gamal Abdel Nasser, le président égyptien prêche l’invasion d’Israël, l’éradication des Israéliens, leur rejet à la mer. Des manifestions monstres déferlent dans les rues des villes égyptiennes, des drapeaux israéliens sont brûlés et des effigies de Juifs pendues aux lampadaires… Heureusement le plupart des Juifs ont été expulsés d’Egypte lors de l’affaire du Canal de Suez.
Remontons dans le temps. Nasser est colonel dans l’armée égyptienne. En 1952, il participe au renversement du roi Farouk proche des Britanniques et devient le deuxième président en 1956. Socialiste et pan-arabe, il nationalise, la même année, la Compagnie du Canal de Suez, dont les actionnaires français, britanniques et américains avaient refusé de financer la construction du barrage d’Assouan. En octobre, l’ONU ayant avalisé la nationalisation, les Français et les Britanniques signent un accord secret avec Israël pour prendre le contrôle du canal et renverser Nasse. Israël doit attaquer l’Egypte, les troupes françaises et britanniques s’interposant en prenant le contrôle du canal. Très vite, l’armée égyptienne est submergée. Les Français et les Britanniques débarquent à Port Saïd. Début novembre, l’affaire est réglée… C’est sans compter sur l’ONU dont la résolution de renvoyer les belligérants chez eux est approuvée unanimement. Américains et les Russes ont marqué leur accord.
Résultat final : le canal est nationalisé, les Casques bleus déployés dans le Sinaï, les Juifs expulsés, les cadres et employés français et britanniques priés de rentrer chez eux. C’est ainsi qu’un jeune homme de 17 ans vint s’installer avec sa famille à Nice. Il s’appelait Claude François.
Revenons au printemps 1967. La tension monte, l’armée égyptienne occupe le Sinaï d’où les troupes de l’ONU se sont retirées à la demande de Nasser. En 1966, l’Egypte avait signé un accord militaire avec la Syrie. Aujourd’hui, le 30 mai, un général égyptien prend le commandement de l’armée jordanienne… bien que le roi Hussein se déclare toujours adversaire de la guerre. Israël est encerclée.
Elle mobilise… mais rien ne se passe. Les militaires, dont Yitzhak Rabin et Moshe Dayan, préconisent une action préventive, le président israélien, Zalman Shazar hésite. L’économie israélien est à l’arrêt, toutes les forces vives sont mobilisées. Le pays ne tiendra pas longtemps d’autant plus que Nasser bloque le port d’Eilat dans le golfe d’Aqaba depuis le 23 mai.
Les militaires vont alors instiller un climat de terreur dans le pays : la rumeur parle d’un nouvel holocauste, les terrains de sport, les parcs et les vergers sont réquisitionnés pour creuser 50.000 tombes ! C’est la panique dans la population. Le président Shazar cède enfin après un mois d’hésitation.
Le commandement militaire israélien a eu ce qu’il voulait, mais il n’était pas dupe, il savait que l’Egypte, malgré les provocations, n’était pas prête à la guerre.
Les puissants s’en sont mêlés : les Etats-Unis de Johnson ont fait savoir à Israël que le déploiement des troupes égyptiennes dans le Sinaï n’est que défensif. En relation avec Johnson, Alexeï Kossyguine a prévenu Nasser qu’en cas d’attaque d’Israël, il n’aura aucun soutien.
Mais la machine est lancée, ce n’est pas l’Egypte qui attaquera ! Le 5 juin, au matin, les avions israéliens surgissent de la Méditerranée et détruisent l’aviation égyptienne au sol. La plupart des avions sont complètement détruits. Simultanément les chars israéliens et l’infanterie pénètrent dans le Sinaï, mettant en déroute l’armée égyptienne : 10.000 morts, plus de 4.000 prisonniers.
Mais le soir même, Nasser, mal informé par ses généraux, persiste, il fanfaronne et annonce la victoire. La population descend dans la rue et manifeste sa joie. Par contre, la radio israélienne reste muette sur l’issue de ce premier jour. Croyant la victoire acquise l’armée jordanienne bombarde Israël, les Israéliens ripostent et les para entrent dans la vieille ville de Jérusalem et conquièrent la rive occidentale du Jourdain (la Cisjordanie) alors administrée par la Jordanie. Le 7 juin, les opérations militaires sont terminées sur le front jordanien.
Le 9 juin, l’armée israélienne attaque la Syrie et conquiert le plateau du Golan. La confusion est grande en Syrie : la radio anticipe l’avancée des troupes israéliennes en annonçant des prises de villes qui n’ont pas encore eu lieu. Les Etats-Unis et l’URSS, qui a menacé d’intervenir, imposent un cessez-le-feu qui prend effet le 10 juin. La guerre des six jours est finie, Israël a triplé son territoire et annexé toute la ville de Jérusalem.
Épilogue
C’est l’euphorie dans la population. Des foules se précipitent dans la vieille ville de Jérusalem conquise pour prier au Mur des Lamentations, qui était interdit aux Juifs. Les ultra orthodoxes annoncent l’imminence des temps messianiques : tous les Juifs de la Diaspora peuvent rentrer dans le grand Israël qui a, ou plutôt aurait, retrouvé les frontières du royaume de David. Actuellement, encore près de 60% des Juifs, soit 8 millions de personnes, sont installés hors d’Israël. Des commandos essaient même de détruire le Dôme du Rocher dans la vielle ville. Ils sont repoussés par l’armée qui protègent les lieux de culte musulmans.
Le gouvernement ne partage par cet enthousiasme. Il est certes heureux de l’issue de la guerre, même s’il déplore 779 morts et plus de 2.500 blessés, mais il s’attend à ce qu’une résolution de l’ONU l’oblige à ramener les troupes vers leurs bases. Cette résolution ne viendra jamais, les Etats-Unis opposant leur veto.
Comme en 1948, lors de la création de l’Etat d’Israël, des milliers de Palestiniens prennent le chemin de l’exil vers les camps de réfugiés.
Fin 1967, les pays arabes, réunis à Khartoum, prennent une résolution commune :
- pas de paix avec Israël,
- pas de reconnaissance d’Israël,
- aucune négociation avec l’Etat hébreu.
Pour avoir outrepassé ces résolutions (accords de Camp David), le président Anouar el-Sadate a payé de sa vie, assassiné en octobre 1981 lors d’un défilé par des membres du Djihad islamique égyptien.
Mais quel est aujourd’hui le statut de Jérusalem-est ? Jamais Israël n’a mentionné l’annexion de Jérusalem-est, bien qu’en 1980, le Knesset, le parlement israélien, ait proclamé Jérusalem capitale de l’Etat, une et indivisible. Jérusalem n’est pas annexée, elle est réunifiée… nuance diplomatique.
Récemment, le 19 juillet 2018, la Knesset a promulgué une loi faisant de l’Etat hébreu, l’Etat-nation du peuple juif. Israël devient le porte-parole de tous les Juifs du monde alors que la grande majorité vit en dehors du pays. Le loi spécifie également que les implantations dans les territoires occupés sont d’intérêt national. L’arabe perd par la même occasion son statut de langue officielle alors que 20% de la population est d’origine arabe, soit musulmane, soit chrétienne.