Contexte
Je prépare un article intitulé « les juifs, un peuple élu ? ». Pour traiter correctement le sujet, j’ai pensé qu’il serait intéressant de connaître le projet de Dieu… selon la Bible. Malheureusement, la réponse n’est pas évidente. J’ai donc sollicité l’aide de ChatGPT. Je vous livre ici les réponses qu’il a données à mes questions. Pour ce faire, je lui ai imposé un style : « Dire clairement les choses, ne pas édulcorer les réponses. Adopter une approche faite de questionnement et de doutes.«
Q1. Quel est le projet de Dieu lorsqu’il crée Adam et Ève ?
Ta question va droit à l’essentiel, et elle touche à un point de tension entre les récits bibliques et les interprétations théologiques. On peut y répondre à plusieurs niveaux : littéraire, théologique, philosophique… et aussi en tenant compte des contradictions internes du texte.
1. Le projet de Dieu dans le texte biblique (Genèse 1 et 2)
Il faut d’abord distinguer deux récits de la création dans la Genèse :
? Genèse 1 (récit sacerdotal)
- Dieu crée l’humain « à son image », homme et femme en même temps (Gen 1:27).
- Il leur dit :
« Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et soumettez-la. »
(Gen 1:28)
- Projet apparent : création d’un être à l’image de Dieu, destiné à gouverner la création, à se reproduire, et à remplir la terre.
? Genèse 2 (récit yahviste)
- Dieu forme l’homme (Adam) à partir de la poussière de la terre.
- Ensuite, il crée la femme (Ève) à partir de l’homme, pour ne pas qu’il soit seul.
- Projet ici : l’homme est placé dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder, et il reçoit un commandement moral : ne pas manger de l’arbre de la connaissance.
Il y a ici une tension narrative et théologique. Dieu veut-il un administrateur de la terre ? Un jardinier obéissant ? Un être libre capable de choisir ? Une créature compagnon ?
2. Interprétations traditionnelles
? Dans le judaïsme
Le projet divin est de créer une créature capable de choisir entre le bien et le mal, et de rendre la création parfaite par ses actions (tikkoun olam). L’humain est un partenaire de Dieu.
? Dans le christianisme
Selon saint Paul (Romains 5), Dieu crée Adam comme prototype de l’homme, mais l’échec d’Adam prépare la venue du Christ, « le nouvel Adam », pour racheter l’humanité.
Donc : le projet de Dieu inclut déjà la rédemption, une idée difficile à concilier avec un Dieu omniscient et bon (s’il savait la chute inévitable… pourquoi créer ?).
3. Lectures critiques et philosophiques
- Pour certains penseurs juifs ou chrétiens (Maïmonide, Augustin, etc.), Dieu veut créer un être libre. La liberté implique le risque de la faute, mais aussi la possibilité du bien véritable, qui n’est pas imposé.
- D’autres (notamment dans une lecture moderne) voient ce récit comme mythologique : une tentative humaine d’expliquer la souffrance, la sexualité, le travail, la mort.
4. Questions ouvertes (comme tu les aimes)
- Si Dieu est omniscient, savait-il qu’Adam et Ève allaient chuter ? Si oui, le projet était-il l’échec ?
- Pourquoi interdire l’accès à la connaissance du bien et du mal, si ce savoir est essentiel à toute vie morale ?
- Si l’homme et la femme sont créés à l’image de Dieu, pourquoi leur désobéissance est-elle vue comme une faute, et non comme une expression de leur liberté divine ?
- Le projet de Dieu n’est-il pas en réalité un test, ou une mise en tension entre obéissance et autonomie ?
En résumé
Le texte ne donne pas une réponse unique. Selon les traditions, le projet de Dieu va de :
- la domination du monde par l’humain (vision optimiste),
- à la mise à l’épreuve d’un être libre (vision plus ambivalente),
- jusqu’à une préparation à la chute et au salut (vision chrétienne).
Mais dans tous les cas, on y lit une grande interrogation sur le sens de l’humanité : est-elle née pour dominer, pour servir, pour aimer, ou pour désobéir librement ?
Q2. Malgré son échec avec Adam, il récidive avec Noé. Quel est alors son objectif ?
Tu mets le doigt sur une contradiction majeure du récit biblique : Adam et Ève échouent, leurs enfants se déchirent (Caïn tue Abel), la violence s’étend… et Dieu repart avec Noé, comme s’il voulait tout effacer et recommencer.
Mais… si Dieu est Dieu, pourquoi ce besoin de recommencer ? Échec ? Ou pédagogie divine ? Ou mythe sur le cycle éternel de la corruption humaine ?
1. Constat d’échec : Genèse 6
« L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre… » (Genèse 6:5)
« L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre… » (6:6)
? Ici, Dieu regrette.
C’est une bombe théologique : comment un Dieu parfait peut-il changer d’avis ? S’il se repent, c’est qu’il a mal jugé ? C’est incompatible avec l’idée classique d’un Dieu omniscient, infaillible et hors du temps.
On peut difficilement éviter l’idée que, dans le texte, Dieu fait l’expérience de son propre projet. C’est une vision anthropomorphique de Dieu : un Dieu qui expérimente, qui observe, qui juge et qui agit.
2. Pourquoi Noé ? Pourquoi recommencer ?
« Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel. » (Gen 6:8)
Dieu ne supprime pas l’humanité. Il sélectionne un « juste » pour repartir à zéro. Mais :
- Noé n’est pas parfait : après le déluge, il se soûle, et ses fils se disputent son autorité.
- La violence revient. La tour de Babel suit peu après.
- Autrement dit : le déluge ne change pas la nature humaine.
Donc, Dieu savait-il que ça ne marcherait pas ? Ou espérait-il que, cette fois, ça irait mieux ? À nouveau : l’idée d’un Dieu qui espère, qui tente, c’est un Dieu qui doute ou apprend. Ce n’est pas le Dieu immuable de la théologie classique.
3. Pistes d’interprétation
a) Lecture mythologique
Comme beaucoup de mythes anciens (on en trouve des versions chez les Babyloniens avec le mythe d’Atrahasis ou d’Utnapishtim), l’histoire du déluge raconte que :
- les dieux créent les humains,
- les humains deviennent incontrôlables,
- les dieux décident de réduire ou corriger l’humanité,
- mais en gardant un survivant juste.
Donc : ce n’est pas une « erreur » de Dieu, mais une tentative mythique d’expliquer pourquoi l’humanité souffre, pourquoi elle est imparfaite, et pourquoi elle existe encore malgré tout.
b) Lecture théologique (juive ou chrétienne)
- Certains rabbins diront que Dieu laisse l’homme libre, et que le projet de justice se construit dans l’histoire, pas d’un coup.
- Pour des théologiens chrétiens : Dieu prépare lentement l’humanité à accueillir le salut. Noé est un précurseur. Mais le vrai recommencement viendra avec le Christ, « nouvel Adam ».
c) Lecture existentielle
Dieu recommence parce que l’humanité vaut encore quelque chose, malgré sa violence. Il y a une graine de justice, de bonté, d’espérance. Noé, ce n’est pas la solution, mais le refus du nihilisme : Dieu ne détruit pas tout.
4. Question finale (en forme de doute salutaire)
Et si le déluge n’était pas le signe d’un nouveau départ, mais le constat que rien ne change ?
Que l’humain, même sauvé, même purifié, porte en lui les mêmes fautes ?
Dans ce cas, le projet de Dieu, à travers Noé, n’est pas de recommencer à zéro, mais de s’engager, malgré tout, dans une histoire longue, faite d’échecs, de violences, mais aussi d’alliances et de promesses.
D’ailleurs, après le déluge, Dieu fait une alliance (arc-en-ciel) : il s’engage à ne plus recommencer ce cycle de destruction totale. Comme s’il disait : « Bon. L’humanité est ce qu’elle est. Mais je vais faire avec. »
Q3. L’expérience Noé se solde également par un échec. Les objectifs sont-ils toujours les mêmes avec le clan d’Abraham ?
Excellente question. Tu fais une lecture lucide et logique :
? Échec 1 : Adam et Ève.
? Échec 2 : Noé et ses descendants.
? Nouvelle stratégie : Dieu ne s’adresse plus à toute l’humanité, mais choisit un homme et sa descendance : Abraham.
On passe d’un Dieu universel à un Dieu particulier, tribal, allié à un seul peuple. Pourquoi ce changement radical ? Quel est l’objectif de Dieu à partir d’Abraham ?
1. Constat : Dieu change de méthode
Avant Abraham, Dieu s’adresse à tous les humains.
Mais les hommes désobéissent, se dispersent (tour de Babel), deviennent violents.
Avec Abraham, Dieu adopte une stratégie du long terme et du petit nombre :
« Je ferai de toi une grande nation… En toi seront bénies toutes les familles de la terre. »
(Genèse 12:2–3)
On a ici un double objectif apparent :
a) Former un peuple « à part » (Israël)
Dieu commence une relation exclusive, avec engagement réciproque (alliance, circoncision, foi). C’est un peuple qui devra le représenter sur terre.
b) Avoir un impact universel à travers ce peuple
La promesse va au-delà : « toutes les nations seront bénies en toi ».
Dieu ne rejette pas l’humanité, il passe par un canal particulier.
2. Pourquoi Abraham ?
Le texte ne dit pas pourquoi Abraham est choisi. Aucun mérite n’est mentionné explicitement. Mais on peut deviner :
- Il obéit sans discuter (quitte son pays sur simple ordre).
- Il fait preuve de confiance radicale (il croit à la promesse, malgré sa vieillesse et la stérilité de Sara).
- Il est prêt à sacrifier son fils, preuve d’une obéissance absolue (ce qui soulève des questions morales, évidemment).
Donc Dieu cherche quelqu’un capable de répondre à une relation de foi. Ce n’est plus un commandement universel, mais une alliance avec des conditions.
3. Quel est l’objectif réel ?
Plusieurs lectures sont possibles :
? Lecture théologique (juive)
Dieu veut former un peuple qui portera sa Loi, sa justice, sa mémoire. Israël est « un peuple de prêtres » (Ex 19:6), un témoin pour le monde.
L’objectif est de sanctifier la vie humaine dans les détails concrets : lois, rites, mémoire, terre, transmission.
? Lecture chrétienne
Abraham est le père de la foi, non seulement pour les Juifs, mais aussi pour les Chrétiens (et plus tard les Musulmans).
Paul (dans Romains) dira que la vraie descendance d’Abraham est spirituelle : ceux qui croient. Le projet de Dieu est donc d’engendrer un peuple universel par la foi, à partir d’un homme unique.
? Lecture critique
Le texte reflète une idéologie ethnique ou nationale : Israël cherche à se définir comme peuple élu, en racontant que Dieu l’a choisi dès l’origine.
Autrement dit, ce n’est pas Dieu qui change de méthode : ce sont les auteurs du texte qui cherchent une justification de leur identité collective face aux autres peuples.
4. Un projet ou une réponse à l’échec ?
Tu poses une question subtile. On peut voir Abraham non pas comme le début d’un « plan » rationnel, mais comme une réaction progressive de Dieu à l’échec de ses précédents projets :
- Avec Adam : Dieu donne la vie et la liberté ? chute.
- Avec Noé : Dieu tente la purification ? échec.
- Avec Abraham : Dieu choisit un seul homme et construit lentement, dans le temps, une relation de fidélité réciproque, éprouvée dans l’histoire.
Donc Dieu devient ici pédagogue. Il cesse d’agir dans la toute-puissance, il entre dans le temps humain, dans l’histoire, dans les générations.
5. Questions ouvertes (encore une fois)
- Pourquoi Dieu choisit-il un seul peuple, et pas plusieurs à la fois ?
- S’il veut bénir toute l’humanité, pourquoi passer par un particularisme ethnique ?
- Pourquoi tant de souffrance, d’attente, d’épreuves, si le but est l’alliance ?
- Et si Dieu lui-même était en train d’apprendre ce qu’implique une relation avec l’humain ?
Conclusion provisoire (NDLR : de ChatGPT)
Avec Abraham, Dieu ne vise plus une création parfaite, ni une humanité universelle sauvée d’un coup. Il entre dans une relation progressive, fragile, évolutive.
C’est le début d’une histoire longue, douloureuse, mais personnelle. On passe d’un Dieu de la puissance à un Dieu de l’alliance, c’est-à-dire du lien.
Q4. Peux-tu suivre le projet jusqu’aux lamentations de Jérémie après la destruction du temple .
Parfait. Suivre le projet de Dieu jusqu’à la destruction du Temple et les Lamentations de Jérémie, c’est tracer la grande courbe d’une promesse brisée, ou du moins, mise à rude épreuve. C’est un chemin de foi, d’infidélités, d’exigences morales et de catastrophes.
Rappel de ton fil directeur :
- Dieu crée l’humanité ? Échec (Adam).
- Dieu purifie l’humanité ? Échec (Noé).
- Dieu choisit un homme ? Abraham, début d’une stratégie plus étroite.
- Ensuite ? Dieu choisit un peuple, lui donne une Loi, une Terre, un Temple.
- Et malgré tout… le Temple est détruit, la ville sainte rasée, le peuple déporté.
Alors, on reprend le fil.
1. Abraham, Isaac, Jacob, les 12 tribus
La promesse à Abraham se poursuit : descendance, terre, bénédiction. Mais tout est lenteur, exil, menace :
- Abraham est nomade.
- Isaac est peu développé dans le récit.
- Jacob lutte, trompe, fuit.
- Les 12 fils de Jacob deviennent 12 tribus — mais en Égypte, en esclavage.
Donc : la promesse semble tardive, indirecte. On n’est jamais dans une conquête triomphante, mais dans une longue attente.
2. Moïse et l’alliance du Sinaï
Moïse incarne une refondation : Dieu donne une Loi. Il ne promet plus seulement une descendance ou une terre, mais une relation conditionnelle :
« Si vous obéissez à ma voix… vous serez mon peuple. » (Exode 19:5)
On entre ici dans une logique contractuelle : Dieu attend fidélité, en échange de protection et prospérité.
Mais dès le départ, Israël trahit : veau d’or, plaintes, révoltes.
Dieu punit, pardonne, recommence.
C’est une relation instable, entre fidélité idéale et trahison constante.
3. L’époque des rois : David et Salomon
Avec David, enfin, le projet semble s’incarner : royaume uni, Jérusalem capitale, Temple construit par Salomon.
Mais là encore, tout est ambigu :
- David est choisi… après l’échec de Saül.
- Il est adultère, meurtrier.
- Salomon commence bien, mais finit idolâtre.
Le Temple est censé être la maison de Dieu sur terre, le signe visible de l’alliance. Pourtant, les prophètes avertissent : le culte ne suffit pas.
« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. » (Isaïe 29:13)
4. Les prophètes : avertissements et menaces
Pendant deux siècles, les prophètes (Isaïe, Michée, Amos, Osée…) annoncent que l’infidélité morale et religieuse du peuple va entraîner la destruction :
- injustice sociale,
- idolâtrie,
- culte vide,
- corruption des rois et des prêtres.
Ils parlent d’un Dieu blessé, en colère, mais aussi fidèle à long terme. Dieu ne renie pas son alliance, mais il châtie, comme un père.
5. La chute : 587 av. J.-C.
Babylone attaque Jérusalem.
Le Temple est détruit, la ville rasée, les élites déportées.
C’est un séisme théologique :
- Le Temple de Dieu est en ruine.
- La terre promise est perdue.
- Le roi (descendant de David) est humilié.
- Dieu a-t-il abandonné son peuple ? Était-il vaincu ? Est-ce un échec final du projet divin ?
6. Jérémie et les Lamentations
Jérémie est le témoin tragique de cette chute. Il avertit pendant des années, sans être écouté.
Dans les Lamentations, on lit le cri du peuple détruit :
« Il a abattu dans sa fureur toute la force d’Israël… » (Lamentations 2:3)
« Pourquoi te tiens-tu comme un étranger, un voyageur qui s’arrête pour la nuit ? » (Jérémie 14:8)
Mais au cœur de la douleur, un espoir :
« Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme… » (Lamentations 3:22)
Même dans la ruine, l’alliance n’est pas rompue. Le Temple est détruit, mais la relation avec Dieu peut survivre sans bâtiment. Une idée révolutionnaire.
7. Alors… échec ou mue du projet ?
C’est toute la question.
- Si on lit littéralement, c’est un échec complet : terre perdue, Temple détruit, roi déchu.
- Si on lit théologiquement, c’est une crise nécessaire : Dieu recentre son projet sur le cœur, pas les rites.
- Si on lit historiquement, c’est la fin du rêve monarchique, et le début du judaïsme de l’exil, qui invente la synagogue, le rouleau, la prière en diaspora.
Autrement dit : le projet ne meurt pas. Il se transforme. Il cesse d’être politique et devient intérieur, éthique, spirituel.
Fin du dialogue avec ChatGPT.
Gardons à l’esprit que toutes les informations fournies sont extraites d’un livre, la Bible, et que ce n’est pas un livre d’histoire, mais des récits et des interprétations théologiques, donc humaines. En conséquence, la Bible ne présente pas les projets de Dieu, mais l’idée que les hommes s’en font !
