Le christianisme est une religion complexe, difficile à comprendre. Mais justement, on ne demande pas aux fidèles de comprendre, mais d’avoir la foi, de croire sans essayer de comprendre.
Les mathématiques sont également complexes, mais elles sont logiques et compréhensibles. La complexité du christianisme tient du surnaturel.
C’est le fondement de la religion comme on peut le lire dans la Bible, dans le livre de Ecclésiastique :
Ce qui est trop difficile pour toi, n’en fais pas l’objet de tes recherches. Ce qui t’est caché, ne le sonde pas. Songe à ce qui est à ta portée et ne t’occupe pas des choses secrètes (3, 21-22).
Le dogme
Illustrons ces propos par trois points très importants du dogme : la Trinité, la rédemption et la communion. En fin d’article, j’ai demandé à une IA de donner le point de vue chrétien pour contrebalancer mes allégations.
La Trinité
Le dogme de la Trinité a été adopté en 325 lors du concile de Nicée, en opposition à la doctrine d’Arius, l’arianisme. Il sera rediscuté et amendé lors des conciles suivants.
Pour les chrétiens, il n’y a qu’un seul Dieu, mais il est « composé » de trois personnes : Dieu le Père (P), Dieu le Fils (F : Jésus-Christ) et le Saint-Esprit (SE). Ces personnes sont faites de la même substance et n’ont pas été créées mais engendrées. On peut imaginer une substance divine qui donne trois bourgeons dont les trois personnes sont issues. Dieu n’est pas équivalent à P+F+SE ; les trois personnes ont des destins différents, on a plutôt P ou F ou SE. Dans l’imaginaire chrétien, le Fils se tient à la droite du Père.
Est-ce du monothéisme comme l’affirme le dogme, ou un polythéisme non assumé, d’autant plus que le panthéon chrétien est peuplé d’une foule d’entités interférant avec les humains et bénéficiant d’un culte particulier dans des endroits qui leur sont réservés : ce sont les saints qui ont leurs statues comme des dieux gréco-romains.
La rédemption
Dieu le Fils s’est incarné sur terre sous la forme de Jésus, chacun conservant sa propre nature : l’un est divin et l’autre humain (voir l’article sur la nature de Jésus). Le rôle de Jésus est de se sacrifier pour effacer les péchés des hommes qui se perpétuent depuis Adam et Ève (voir l’article sur le péché), pour réconcilier l’homme avec Dieu. Comment la crucifixion est-elle un acte rédempteur pour l’Humanité, enfin ceux qui croiront en Jésus-Christ ? Pourquoi le supplice est-il nécessaire pour cette rédemption ? Mystère.
Je ne veux pas donner de conseils à Dieu, mais il aurait été beaucoup plus efficace qu’il apparaisse en personne et qu’il explique ce qu’il attend des hommes.
Ce point de la foi apparaît déjà dans les épîtres de Paul (Colossiens 19-20) : « [Parlant de Jésus] Car Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui ; il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix.«
La communion (uniquement dans le catholicisme)
À la fin de la messe catholique, le prêtre appelle les fidèles à venir communier, à entrer en communion avec Dieu. Le prêtre offre une hostie, faite en pain sans levain, à chaque participant et prononce ces mots : « le corps du Christ« .

Les fidèles doivent croire que l’hostie est réellement le corps du Christ. C’est l’opération de transsubstantiation ! Bien que l’apparence de l’hostie ne change pas, sa substance devient réellement le corps du Christ.
Durant la messe, le prêtre boit du vin (blanc pour éviter les taches) et déclare : « le sang du Christ ». La même substitution s’opère. Aucun chimiste n’a jamais étudié le problème.
Le concept apparaît au début du XIIe siècle et sera érigé en dogme au concile de Latran de 1215.
Seul le christianisme insiste sur la transformation réelle, les autres mouvements chrétiens parlent de symbolisme.
Le dernier point de la foi ajouté au dogme date du 8 décembre 1854 : le pape Pie IX déclare, par décret, que la conception de la Vierge Marie est « sans tache », c’est-à-dire exempte du péché originel hérité par tous les hommes depuis Adam et Ève et annulé par son fils… donc après sa naissance. C’est l’immaculée conception.
Religion du livre ?
La religion chrétienne n’a pas de livre dogmatique. Le judaïsme a la Torah et l’islam a le Coran, détaillant ce qu’il faut croire. Les chrétiens ont quatre récits de la vie de Jésus sur terre, pas toujours cohérents entre eux, ainsi qu’un certain nombre de lettres, mais rien qui structure une religion.
Jésus et ses disciples proches étaient juifs et n’avaient aucune intention de créer une nouvelle religion. Les disciples ont écouté les enseignements d’un meneur charismatique, Jésus, qui les mettait en garde contre le respect trop formel de la Loi (ce qui est bon et ce qui est mauvais). La Loi était faite pour aider les hommes à vivre ensemble, pas pour en faire des esclaves. Le premier commandement est « aimez-vous les uns les autres » (Lévit. 19, 18). Ainsi, si le shabbat est bien un jour de repos et de commémoration, lorsqu’un homme se noie, il ne faut pas compter le nombre de pas à faire pour le sauver, il faut l’aider.
Les juifs vont exclure de la communauté ces adeptes de Jésus. Ceux-ci, qu’on va nommer chrétiens, vont garder les livres juifs, la Torah et les prophètes, qu’ils ne vont plus suivre à la lettre, mais dans lesquels ils vont rechercher la justification de leur nouvelle orientation.
Le dogme chrétien s’est développé au cours des siècles, surtout en réaction aux hérésies. Qu’on ne s’y trompe pas, « hérésie » ne veut pas dire « déviance », mais « choix ». Il n’y a pas eu de mouvement détenant LA vérité. Toutes les églises des premiers siècles ont construit un dogme en se basant sur le peu d’éléments contenus dans les textes parlant de Jésus. En cas de besoin, elles ont écrit ou modifié ces textes.
Le premier texte liturgique est un petit livre appelé Didachè (l’enseignement). Il date de la fin du Ier siècle ou du début du IIe. Il est sous-titré « Doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres« . Ce livre a été (re)découvert en 1873. Voici ce qu’on y lit :
Les chrétiens se réunissaient dans des maisons privées ou des synagogues s’ils restaient juifs. La réunion commençait par des confessions spontanées. Suivait une prière, à réciter trois fois par jour : le « Notre Père ». On enchaînait par l’Eucharistie (qui signifie « action de grâce »), appelée aussi la « communion ». Les fidèles buvaient d’abord le vin en récitant une prière : « Nous te rendons grâce, ô notre Père, pour la sainte vigne de David… » puis partageaient le pain : « Nous te rendons grâce…, pour la vie et la science… ». L’Eucharistie était un repas en soi, le Didachè poursuit par : « Après vous être rassasiés, rendez grâce ainsi… ». Le repas se terminait par « Maran Atha, amen » : « Seigneur vient, qu’il en soit ainsi ». On écoutait ensuite les prophètes, s’il s’en trouvait un dans l’assemblée. Un prophète était une personne qui portait la parole de Dieu.
Point de vue chrétien
La Trinité
La Trinité occupe une place centrale dans la théologie chrétienne. Elle représente le concept selon lequel Dieu est une entité unique mais se manifeste en trois personnes distinctes: le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cette croyance trouve ses origines dans les Saintes Écritures, où Jésus-Christ parle de son lien étroit avec le Père, tout en promettant l’envoi du Saint-Esprit pour guider et consoler ses disciples.
La première personne de la Trinité est le Père, souvent considéré comme la source de toute la création. Il est vénéré comme le Créateur et le bienveillant dispensateur de l’amour divin. Jésus-Christ est reconnu comme la deuxième personne de la Trinité, le Fils de Dieu qui s’est incarné dans le monde pour racheter l’humanité de ses péchés. Il est connu pour ses enseignements, ses miracles et son sacrifice ultime sur la croix pour l’amour de l’humanité.
Le Saint-Esprit, quant à lui, est considéré comme la troisième personne de la Trinité. Il est représenté comme la force divine présente en chaque croyant, apportant guidance, inspiration et consolation. Le Saint-Esprit est également décrit comme un consolateur, venant en aide aux croyants dans leurs moments de doute, de peine ou de difficulté. Il est souvent associé aux dons spirituels et à la sanctification des croyants.
La doctrine de la Trinité représente donc la croyance fondamentale dans la nature complexe mais unifiée de Dieu. Elle souligne la relation étroite entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et la manière dont ils agissent ensemble dans le plan de salut pour l’humanité. Cette croyance revêt une grande importance pour de nombreuses branches du christianisme et fait partie intégrante de la spiritualité chrétienne.
La rédemption
Le sacrifice de Jésus est considéré comme un acte rédempteur d’une grande importance dans la foi chrétienne. Selon les enseignements bibliques, Jésus, le Fils de Dieu, s’est volontairement offert en sacrifice ultime pour les péchés de l’humanité, offrant ainsi la possibilité de rédemption et de salut éternel.
Dans la croyance chrétienne, le péché est considéré comme une séparation entre Dieu et l’humanité. Cette séparation rend impossible une relation directe avec Dieu et entraîne les conséquences néfastes du péché. Cependant, par son sacrifice sur la croix, Jésus a pris sur lui les péchés du monde entier, offrant ainsi une voie de réconciliation entre l’homme et Dieu.
Le sacrifice de Jésus est vu comme l’accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament et il est considéré comme l’offrande ultime de l’amour divin envers l’humanité. Jésus s’est offert en tant qu’agneau innocent, sans tache, pour expier les péchés de tous ceux qui mettent leur foi en lui. Par sa mort sur la croix, il a payé la dette du péché de l’humanité et a ouvert la porte vers la vie éternelle.
Ce sacrifice n’est pas seulement un acte de rédemption, mais il est également considéré comme une démonstration de l’amour inconditionnel de Dieu envers l’humanité. Il offre une chance de se libérer de la culpabilité et de la condamnation du péché, et d’entrer dans une relation personnelle avec Dieu.
La signification et l’importance du sacrifice de Jésus varient selon les théologies chrétiennes, mais dans son essence, il est perçu comme la source de l’espoir, du pardon et de la rédemption pour tous ceux qui croient en lui. Le sacrifice de Jésus est donc vénéré et honoré par les chrétiens du monde entier, symbolisant le salut offert par Dieu à travers son amour et sa grâce infinie.
La communion
Lors de la communion, l’hostie est un élément central de la cérémonie religieuse chrétienne. Selon la tradition catholique, l’hostie est considérée comme le vrai corps du Christ. Cette croyance repose sur l’Eucharistie, un sacrement sacré qui représente le dernier repas du Christ avec ses disciples avant sa crucifixion.
Selon les enseignements de l’Église catholique, durant la messe, le prêtre consacre l’hostie en la déclarant comme le corps du Christ lors de la prière consécratoire. Cette transformation est connue sous le nom de transsubstantiation. Les fidèles croient que, bien que l’apparence de l’hostie reste inchangée, sa substance devient réellement le corps du Christ.
La communion elle-même est un moment de grande importance pour les catholiques, car ils reçoivent l’hostie consacrée en signe de communion avec Dieu et avec la communauté des croyants. C’est un acte de foi et de réception de la grâce divine. La conviction de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie est profondément ancrée dans la spiritualité catholique et est considérée comme un mystère sacré.
Il convient de noter que différentes confessions chrétiennes ont des interprétations diverses concernant la communion et la nature de l’hostie consacrée. Cela peut varier d’une compréhension symbolique à une croyance en la présence réelle. La question de savoir si l’hostie est considérée comme le vrai corps du Christ peut donc différer selon les croyances et les traditions spécifiques.

Bonjour,
même si Jésus prône une application indulgente et non stricte de la Loi qu’est la Bible, celle-ci (que ce soit celle des chrétiens ou des juifs) n’est-elle quand même pas un livre dogmatique en ce sens que c’est une « vérité » péremptoire et indiscutable « définie » par l’Autorité religieuse ?
Ou bien peut-on dire qu’à l’époque de Jésus elle n’était pas un livre dogmatique car il n’y avait pas encore vraiment d’Autorité religieuse et qu’elle ne l’est devenue que plus tard, donnant alors naissance au fanatisme religieux, aux monarchies absolues de droit divin, aux guerres de religions, à l’Inquisition, etc. ?
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Je suis d’accord avec toi Pierre. Mais j’ai donné une autre signification au mot « dogmatique ». Je l’ai utilisé dans le sens de descriptif du dogme, de la pratique, de l’orthodoxie. Or pour les chrétiens cet ensemble de règles est contenu dans les canons des conciles et les bulles papales (pour les catholiques), donc bien postérieur à la naissance du christianisme. Le seul document dogmatique des débuts du christianisme (dans le sens où je l’ai employé) est le « didachè », qui porte le même nom que la « Torah »… l’enseignement.
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