On ignore où se trouve la sépulture d’Alexandre le Grand. Contrairement au roi de Lydie Crésus et à Genghis Khan, le lieu n’a pas été rendu secret volontairement. Le tombeau d’Alexandre a bien été honoré après sa mort en 323 avant notre ère, mais il a brusquement disparu vers 390 de notre ère. Plus personne n’en parle après. Que s’est-il passé ?
De Babylone à Memphis
Lorsqu’il meurt à l’âge de 32 ans en -323 à Babylone, Alexandre de Macédoine a conquis un territoire immense, s’étendant de la Grèce et l’Égypte jusqu’au Gange. Il est vénéré comme un dieu. Il est embaumé et sa dépouille est escortée en grande pompe vers sa terre natale, la Macédoine. Mais en chemin, le convoi est détourné : ses généraux se sont partagés son empire et Ptolémée qui a reçu l’Égypte veut qu’il soit inhumé avec les grands pharaons, à Memphis (Le Caire actuel). En route donc vers Saqqarah la nécropole des anciens pharaons.
Il est probable qu’il a été placé dans le tombeau du dernier pharaon d’origine égyptienne, Nectanébo II (-360/-342), qui, chassé par les Perses et mort en exil, n’a pas pu profiter de son tombeau.
Transfert à Alexandrie
A la mort de Ptolémée en -282, son fils Ptolémée II Philadelphe (qui aime son frère ou sa sœur_), décide de ramener le corps d’Alexandre à Alexandrie, sa capitale, pour le réunir son père.
Ptolémée IV Philopator (qui aime son père) (-224/-204) fait construire un mausolée digne d’un dieu vivant, le Soma.
C’est là que des dizaines d’années plus tard, Jules César viendra rendre hommage au conquérant. Après lui, plusieurs empereurs viendront s’incliner sur son sarcophage : Auguste, Caïus dit Caligula. Caracalla sera le dernier en 215.
Vers 390 de notre ère, l’empereur Théodose fait fermer tous les temples et interdit les cérémonies païennes. À Alexandrie, le Sérapéum, un temple dédié à Sérapis, une divinité hybride gréco-égyptienne, honorée comme Hadès, Osiris et Apis, est détruit sous l’impulsion de l’évêque de la ville Théophile, commandant une foule de chrétiens fanatiques. Le temple est rasé. Qu’en est-il des autres bâtiments païens, comme le Soma ? On n’en sait rien, mais plus personne n’en parlera. Il est probable que le tombeau d’Alexandre, vénéré comme un dieu, n’a pas survécu à ce cataclysme.
Jean Chrysostome, un des Pères de l’Église, ironise vers 400 : « Car, dis-moi, où est le tombeau d’Alexandre ? Montre-le-moi et dis-moi le jour où il est mort… son tombeau, même son propre peuple ne le sait pas.«
Où est-il ?
Curieusement, à la même époque, à Alexandrie, la tombe de Saint-Marc est retrouvée et fait l’objet d’une dévotion nouvelle. Marc est un personnage obscur auquel on a accolé une légende. Il serait le compagnon de Pierre et le rédacteur de l’Évangile de Marc. Seulement, les Actes de Pierre, datés du IIe ou IIIe siècle, n’en parlent pas. Marc n’est cité que dans la première épître de Pierre où on lit : « La communauté des élus qui est à Babylone (Rome ?) vous salue, ainsi que mon fils Marc.« . Il est présenté comme l’évangélisateur de l’Égypte… bien que son évangile ne raconte pas la fuite des parents de Jésus en Égypte pour fuir la fureur d’Hérode et le premier patriarche d’Alexandrie. Il y serait mort en martyr entre 68 et 75, ses os broyés ou brûlés.
Vers 826, le doge de Venise, qui se cherche un nouveau protecteur, fait transférer, ou plutôt voler, la dépouille de Saint-Marc. Et on ajoute une nouvelle ligne sur son CV : Saint-Marc aurait également évangélisé Venise !
On l’inhume dans une nouvelle église, qui prend feu, on bâtit une cathédrale, on l’agrandit, on l’embellit… mais on perd les reliques du saint !
Vers 1960, des travaux dans la cathédrale permettent de trouver les reliques. Un bloc de pierre est également mis à jour. Il va relancer le débat.

Sur ce bouclier on peut voir le symbole de la Macédoine. Ce serait le bouclier d’Alexandre et le bloc de granit aurait été arraché au sarcophage qui protégeait son cercueil de verre. Le même emblème figure toujours sur le drapeau de la Macédoine du Nord.

Alors, le corps de Saint-Marc qui réapparaît à Alexandrie 300 ans après sa mort est-il celui d’Alexandre le Grand ? « Non, c’est une fable » disent les autorités ecclésiastiques. Pourtant, la personne qui affirme cela n’est pas un mystique en soutane, c’est un chercheur du British Muséum : Andrew Chugg, spécialiste d’Alexandre le Grand. Seule une analyse ADN permettrait de connaître la vérité (on possède la dépouille de Philippe II, père d’Alexandre), mais il n’en est pas question, on ne fait pas appel à la science pour une fable ! Religion et science ne font pas bon ménage.
