La Kaaba

La Kaaba est une construction en pierre plusieurs fois détruite et reconstruite. Avant l’islam, elle était déjà un lieu de culte où se réunissaient des nomades pour évoquer leurs dieux.
Quelle est son histoire et sa légende ? Que contient ce cube ?

Les caractéristiques

La Kaaba est un bâtiment cubique en granit, matériau extrait des hauteurs entourant la cuvette de La Mecque. Sa hauteur est de 12,95 mètres. Ses côtés sont inégaux : 11,68 – 12,01 – 10,18 – 9,90 mètres. Malgré son apparence, c’est un faux cube.

Ses murs ont environ un mètre d’épaisseur. La Kaaba est couverte d’un voile noir en soie, la kiswa, qui est changé tous les ans. Pendant très longtemps, la kiswa était offerte par les sultans égyptiens. Elle était donc fabriquée en Égypte, avant d’être transportée à La Mecque avec la caravane du pèlerinage. Au début des années 1930, le gouvernement saoudien a décidé de faire fabriquer la kiswa dans la péninsule et a fait construire une usine dans ce but. En 1930, il n’y avait que 20 000 pèlerins, pour deux millions aujourd’hui. À partir des années 70 du XXe siècle, le pèlerinage a pris de l’importance. C’est devenu une entreprise très lucrative.

Dans l’angle sud-est de la Kaaba est insérée une pierre noire, d’origine inconnue. Le tour commence à cet endroit. Est-ce un bétyle qui aurait survécu à la destruction des idoles par Mahomet ?
Le deuxième calife, Umar aurait déclaré au sujet de cette pierre :

Je sais bien que tu n’es qu’une pierre ne pouvant causer ni bien ni mal. Et si je n’avais vu le Messager de Dieu te baiser, je ne l’aurais jamais fait moi-même.

Devant le mur nord-ouest (vers la Syrie) se situe un muret de marbre blanc de 130 cm de haut, le hatim. Dans cette zone, non reliée à la Kaaba, serait enterrée Hagar, la mère d’Ibrahim.

Le légende

De multiples légendes circulent sur la construction de la Kaaba. La plus populaire concerne Abraham (Ibrahim) considéré comme le premier soumis par les musulmans. Dans la Torah, Abraham, devenu vieux, a un fils avec sa servante (esclave) Hagar. Dieu lui révèle alors qu’il aura un autre fils avec son épouse Sarah, âgée de 90 ans. Celle-ci, jalouse, demande à Abraham de bannir Hagar et son fils Ismaël. La Bible dit simplement qu’ils partent vers le sud.

Pour les musulmans, Abraham-Ibrahim conduit Hagar et Ismaël dans un endroit désertique (qui deviendra La Mecque) et les abandonne. Quelques années plus tard, il revient et avec l’aide de son fils, construit la Kaaba. Cet événement serait consigné dans le Coran, sourate 22 verset 26 :

Et quand nous indiquâmes à Abraham l’emplacement de la Maison (lire la Kaaba) : « Ne m’associe rien et purifie ma Maison pour ceux qui tournent autour, pour ceux qui s’y tiennent debout et pour ceux qui s’y inclinent et se prosternent »

D’autres récits indiquent que la Kaaba existait avant Abraham, mais il ne restait que les fondations lors de sa venue.
Une première légende raconte que la Kaaba fut la première chose qui apparut lorsque les eaux se retirèrent de la terre.
D’après une autre légende, ce sont les anges qui bâtirent la première Kaaba à l’image de celle qui se trouve dans la septième ciel, autour de laquelle les anges faisaient leurs circonvolutions. Elle resta à l’abandon et ce fut Adam qui, plus tard, reçut l’ordre de la rénover. Elle resta en place jusqu’au déluge, avant lequel elle fut élevée au ciel. L’endroit resta donc vide jusqu’à la venue d’Abraham.

L’histoire

Avant l’islam

On connaît mal la situation du Hedjaz avant l’islam (voir l’article : l’Arabie à l’aube de l’islam). Faute d’informations complémentaires, on estime que La Mecque et son temple, la Kaaba, étaient un sanctuaire dédié au dieu Hubal fréquenté par les Bédouins et non un centre de commerce florissant. Les clans nomades venaient y honorer leurs dieux. Pour rappel, « allah » est un nom commun qui signifie « dieu » comme « baal » signifiait « seigneur » pour les habitants de Canaan.
Quel était le rôle de la Kaaba ?
D’après la Sira (II, 411-412), Mahomet détruisit les idoles présentes dans la Kaaba lors de sa venue à La Mecque. Il est probable que les Bédouins déposaient des pierres représentant leur dieu, des bétyles (maisons de dieu), à l’intérieur de la Kaaba. Ensuite, ils tournaient autour de l’édifice pour recueillir l’énergie dégagée par ces idoles rassemblées, comme une dynamo. Supposition gratuite !
Ensuite, les Bédouins invoquaient leurs dieux pour qu’ils ne les privent pas d’eau, nécessaire à la survie dans le désert, en dévalant la colline d’Arafat comme un torrent: « Puis, quand vous déferlerez depuis ‘Arafat, invoquez Allah… (Co. 2, 198) ».
Le pèlerinage se terminait par la lapidation d’un ensemble de pierres levées pour chasser les mauvais esprits.
Les rites pré-islamiques sont toujours accomplis aujourd’hui.

Après l’islam

A la mort de Mahomet, sa succession est contestée. Des guerres civiles éclatent, elles dureront plus de cent ans. En 692, le calife omeyyade Abd al-Malik a repoussé les troupes de ibn al-Zubayr petit-fils d’Abu Bakr, dans la cuvette de La Mecque. La ville sainte est assiégée durant trois mois. La Kaaba est bombardée et partiellement détruite.

En 1324, l’empereur du Mali Mansa Moussa se rend en pèlerinage à La Mecque. Et il ne passe pas inaperçu, car il emmène avec lui plus de 10 tonnes d’or et plusieurs dizaines de milliers d’hommes parmi lesquels ses courtisans, des soldats et 12 000 esclaves. Il va effectuer les 6 000 kilomètres qui séparent Tombouctou de la péninsule arabique en passant par Le Caire où il est reçu avec tous les honneurs.

En 1380, l’Atlas catalan est offert au roi de France par le roi d’Aragon. Mansa Mousa y figure en bonne place avec une boule d’or dans ses mains, à côté de la ville de Tombouctou, dans le pays de Guinée. On y lit : « Ce seigneur noir est appelé Musse Melly, seigneur des noirs de Guinée. Ce roi est le plus riche, le plus noble seigneur de toute cette partie par l’abondance de l’or que l’on recueille sur sa terre« .

En 1620, la Kaaba est détruite par la force des flots qui dévalent des montagnes environnantes et envahissent la cuvette de La Mecque. Elle sera reconstruite onze ans plus tard par le sultan ottoman Murad. C’est cette construction que l’on peut voir aujourd’hui.

L’emplacement de la ville sainte la prédestine à être inondée. Des travaux d’égouttage ont été entrepris à la fin du XXe siècle.

En 2006, tout le site du pèlerinage a été aménagé pour apporter plus de sécurité vu l’afflux de pèlerins : 3 millions en 2012 ! Entre 1990 et 2006, les bousculades ont fait entre quelques dizaines et quelques centaines de morts par an, souvent au même endroit : la lapidation de Satan à Mina. Depuis 2006, aucun accident n’a plus été à déplorer, sauf en 2015 où on a dénombré 700 victimes officiellement, 2300 d’après le décompte des morts par pays… et cette année (2024), 1200 morts à cause de la chaleur. Que s’est-il passé en 2015 ? La voie d’accès au site de la lapidation s’est rétrécie suite à une ambulance mal parquée. Après quelques minutes, l’embouteillage a viré à la catastrophe, plus personne n’avançait, les pèlerins s’effondraient écrasés par les suivants.

Qu’y a t-il à l’intérieur ?

Une porte située à plus de deux mètres de hauteur s’ouvre dans le mur est, elle donne accès à l’intérieur du bâtiment… qui est vide, mais bien décoré.
Pourquoi la porte est-elle si haute . On peut formuler deux hypothèses :

• Si des idoles étaient déposées à l’intérieur, il était plus facile de les surveiller avec une porte en hauteur.
• Cette disposition protège l’intérieur des inondations possibles dans la cuvette.