Présence chrétienne à Pompéi

L’éruption du Vésuve qui a enseveli la ville de Pompéi a eu lieu de 79 de notre ère, sous le principat de Titus, cet empereur qui a maté la révolte des Judéens provoquant l’incendie du temple de Jérusalem.
D’après des textes chrétiens, l’apôtre Pierre et Paul, auraient été exécutés à Rome sous l’empereur Néron, dans les années 60.

Avons-nous des preuves de la présence chrétienne à Pompéi ? Nous n’avons aucune preuve archéologique directe et indiscutable de la présence chrétienne. Trois indices sont avancés par les observateurs chrétiens. Voici ces arguments.

Une croix

On ignore à quoi pouvait servir cette croix particulière en stuc découverte en 1824 dans une boulangerie.
La croix n’est pas un symbole chrétien dans les premiers siècles du christianisme (voir l’article). La première représentation date du IVe siècle. Auparavant, les signes de ralliement étaient la colombe, le poisson ou l’ancre.

Une inscription

En 1862, un graffito au charbon semblant contenir le mot “Christianos/i” (chrétiens) a été découvert dans une auberge. Aujourd’hui, cette inscription a disparu, mais deux archéologues l’ont transcrite au XIXe siècle.

Giulio Minervini a retranscrit : VINA / MARIA / ADIA·A·V / BOVIC? S AVDI CHRISTIANOS / SEVOSO ONIS / X… qu’il interprétait comme « Écoute (audi) les chétiens » (le pluriel OS était peu lisible). Il note que plusieurs graffiti se superposent, ce qui rend l’interprétation difficile..
Tandis que son collègue Alfred Kiessling y a lu : MARIA / … ADIA·A·V / … SAVDI CIIRISTIRANII.

Les chercheurs actuels n’essaient pas de donner une signification particulière à ce texte.

La transcription de Minervini et de Kiessling

Un « carré magique »

Cinq mots de cinq lettres peuvent être lus dans tous les sens : SATOR, AREPO, TENET, OPERA et ROTAS.

  • SATOR = le laboureur, le semeur
  • AREPO n’a pas de signification en latin, donc les mots ne forment pas une phrase.
  • TENET = du verbe « tenir » 3ème personne singulier : il/elle tient
  • OPERA = le travail, l’œuvre (OPUS à l’ablatif)
  • ROTAS = la roue, le cycle (ROTA à l’accusatif pluriel)

Certains y ont vu une marque chrétienne cryptique, pour se faire connaître sans se faire remarquer.

Carré plus récent, typiquement chrétien.

En regroupant les lettres, on peut créer deux fois PATERNOSTER (notre Père), il reste alors deux fois les lettres AO qui représenteraient l’alpha et l’oméga, le début et la fin de l’alphabet grec. L’alpha et l’oméga représenteraient l’éternité du Christ : il était au début, il sera à la fin. Mais le O latin ne correspond pas à l’Oméga grec (Ω), mais à l’omicron (Ο). L’oméga grec n’a pas de correspondance en latin, on le considère comme un W : ω en minuscule grecque.

Conclusion

La situation de Pompéi en 79 de notre ère est bien le reflet de la progression du christianisme dans l’Empire romain. Au premier siècle, le christianisme n’est pas encore vu comme une religion à part entière, mais comme une secte juive. Dans un autre article, j’ai étudié une lettre de Pline le Jeune, datée de 112 alors qu’il est gouverneur de la province de Bithynie. Il demande à l’empereur Trajan ce qu’il doit faire de ceux « s’assemblaient avant le lever du soleil, et chantaient tour à tour des hymnes à la louange de Christos, comme s’il eût été un dieu (quasi deo) ».

Pline le Jeune ne connaît donc pas les chrétiens. Or, il a fait une carrière politique à Rome sous l’empereur Domitien, frère de Titus, … qui a été présenté au IVe siècle comme persécuteur des chrétiens !

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