Le 6 janvier, les catholiques fêtent les Rois mages, tandis que les orthodoxes fêtent la naissance de Jésus.
D’où vient cette tradition de fêter les « Rois » ?
Si l’on s’en tient aux évangiles, seul Matthieu peut nous donner des indices :
« Jésus étant à Bethléem de Judée au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient … » (2, 1-2)
« Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie…ouvrant leurs coffres, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (2, 10-11)
Le texte est loin de concorder avec la tradition de Noël : il parle de mages et pas de rois, on ne connaît pas leur nombre ni leur nom et Jésus n’est pas dans une étable, mais dans la maison de Marie et de Joseph, qui dans cet évangile habitent Bethléem. La tradition va s’élaborer au cours des siècles à travers des récits apocryphes. Dans l’Évangile du pseudo-Matthieu, ils sont trois :
» Alors ils ouvrirent leurs trésors et donnèrent de riches présents à Marie et à Joseph, mais à l’enfant lui-même, ils offrirent chacun une pièce d’or. Et l’un offrit de l’or, le deuxième de l’encens et le troisième de la myrrhe « .
Dans un autre apocryphe, « La vie de Jésus en arabe », on apprend qu’ils sont fils de rois :
« Lorsque Jésus naquit à Bethléem de Juda au temps du roi Hérode, les mages vinrent de l’Orient à Jérusalem – ainsi que l’avait prophétisé Zarathoustra -, portant des offrandes d’or, de myrrhe et d’encens. Certains prétendent qu’ils étaient trois, comme les offrandes, d’autres qu’ils étaient douze, fils de leurs rois, et d’autres enfin qu’ils étaient dix fils de rois accompagnés d’environ mille deux cents serviteurs ».
Le récit s’est enrichi, de nombreuses versions ont l’air de circuler. Avec le temps, vers le V° siècle, ils seront rois eux-mêmes et on connaîtra leur nom : Melchior, Balthazar et Gaspard. Les rois-mages sont nés. On finira par retrouver leur squelette relié par une chaîne en or. Cette relique se trouve dans la cathédrale de Cologne où elle a été vénérée par Benoît XVI en 2005.
Et l’étoile qui guida les mages ?
La ex-pape Benoît XVI, encore lui, propose la conjonction des planètes Jupiter et Saturne qui, d’après Kepler (en 1603), aurait été observée par trois fois en l’an 7 avant notre ère. La théorie de Benoît XVI est peu vraisemblable : l’alignement des planètes ne provoquent pas une « brillance surnaturelle »» comme il le prétend. Les planètes ne sont pas des étoiles, elles ne font que refléter la lumière du soleil. Le 5 août 2016, vers une heure du matin, toutes les planètes visibles à l’œil nu (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) se sont « alignées » ! Et aucun éclat brillant n’a été observé. Par alignement des planètes, on entend que celles-ci sont rassemblées dans une zone du ciel équivalente à la taille de la pleine Lune. Comme les planètes ont des trajectoires fort différentes, contrairement aux étoiles qui semblent voyager ensemble, le phénomène est bref.

La photo a été prise au téléobjectif ce qui donne plus d’éclat au phénomène, mais éloigne les planètes. Donc, les planètes sont plus proches, mais moins lumineuses. Le phénomène dure environ une demie heure avant que les planètes ne s’éloignent.
Si toutes les planètes s’alignaient réellement, comme dans l’Exorciste, que se passerait-il ? Rien. On ne verrait que la planète à l’avant plan, les autres étant éclipsées, dans le sens premier du terme.
Si ce n’est pas la conjonction de plusieurs planètes, ça pourrait être une comète. On connaît la périodicité des comètes et aucune n’a été signalée au temps d’Hérode. La comète de Haley qui a une périodicité de 76 ans est apparue en 1986. Elle aurait donc été visible en 56 avant notre ère et en 20 après.
La dernière piste qui nous reste est l’explosion d’une supernova, une étoile massive qui termine sa vie dans une gigantesque explosion visible de jour comme de nuit. C’est le phénomène astronomique le plus spectaculaire. Contrairement aux éclipses et aux passages de comètes, l’explosion d’une supernova ne peut pas être calculée. On s’en remettra donc aux historiens antiques. Hipparque (190-120) décrit une telle explosion survenue en 134 avant notre ère. Les Chinois rapportent qu’en 185 de notre ère, le phénomène fut visible 8 mois durant. Mais rien sous Hérode.
L’astronomie ne nous apporte aucune précision sur l’étoile qui a conduit les mages. Mais ne nous désolons pas et laissons ce récit dans le tiroir des fables.
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