Aïd el-Kébir (Fête du sacrifice)

Origine de cette fête

Du dimanche 11 août au jeudi 15, c’est l’Aïd el-Kébir pour les musulmans, littéralement « la grande fête » . Ce sacrifice trouve son origine dans le premier livre de la Bible, la Genèse, et plus précisément dans la saga d’Abraham. Abraham et sa femme Sarah vieillissent et n’ont pas d’enfant. Or Dieu a promis a Abraham qu’il serait père d’une multitude de nations (Ge. 17, 4). Il engrosse donc sa servante/esclave égyptienne Agar. Elle enfante d’un fils : Ismaël. Mais lorsque Abraham eut 100 ans, sa femme donna naissance à un second fils Isaac. Sarah chassa alors Agar et son Fils Ismaël vers le désert de Bersabée (Beersheva) au nord du désert du Néguev, à 80 km au sud-ouest d’Hébron, la résidence du patriarche.

Un jour, Dieu appela Abraham et lui dit : « Prends ton fils unique, Isaac, va au pays de Moriyya où tu me l’offrira en sacrifice » (Ge. 22, 2). Abraham obéit. Cependant, Dieu se contenta de sa soumission et lui permit de sacrifier un agneau à la place de son fils. C’est là l’origine de la fête de l’Aïd el-Kébir pour les musulmans.

Petite parenthèse sur Isaac. Ce personnage ne joue aucun rôle dans la Bible, sinon d’être le fils d’Abraham et le père de Jacob, soit le lien entre deux récits totalement indépendants… dans le temps et dans l’espace : les histoires d’Abraham et de Jacob.
La saga de Jacob est la plus ancienne et était contée dans le nord de la Palestine, dans l’Etat d’Israël (région de Penouël). Celle d’Abraham vient du sud, de l’Etat de Juda (région d’Hébron). Les deux histoires ont été réunies après 722 avant notre ère, lorsque les Assyriens se rendirent maître d’Israël et qu’une partie de ses habitants trouva refuge à Jérusalem dans la royaume de Juda.

Cette histoire de sacrifice a été reprise dans l’islam en changeant les personnages et l’emplacement. Abraham a offert son fils Ismaël en sacrifice à Dieu sur le site de la ville de La Mecque. D’où vient se changement, que nous dit le Coran ? Étrangement, le Coran reste muet sur l’emplacement et le nom du fils.

Que lit-on dans la sourate 37 du Coran :

101 Nous lui fîmes donc la bonne annonce d’un garçon longanime.
102 Puis quand celui-ci fût en âge de l’accompagner, il dit : « Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses ». Il dit: « Ô mon cher père, fais ce qui t’est commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants »…
112 Nous lui fîmes la bonne annonce d’Isaac comme prophète d’entre les gens vertueux.
113 Et nous le bénîmes ainsi que Isaac

Ismaël n’est pas mentionné dans ces versets du Coran. Isaac apparaît dans la suite de la sourate. Dans le Coran officiel, celui de Médine de l’an 1400 de l’Hégire (2019), le traducteur a remplacé « Il dit » du verset 102 par « (Ismaël) dit ». Ismaël est entre parenthèses pour indiquer comment il faut interpréter le verset.

Les musulmans ont substitué Ismaël à Isaac, car dans la Bible, les Arabes sont appelés Ismaéliens. Ce qui est plutôt étrange car Ismaël est né qu’un père hébreux (Abraham) et d’une mère égyptienne (Agar) et qu’il aurait ensuite épousé une égyptienne (Ge. 21, 21)

Pourquoi égorger les agneaux sans les étourdir ?

Une nouvelle fois, le Coran ne dit rien sur la procédure de sacrifice qui a été récupérée du judaïsme. Un hadith précise : « Dieu a commandé le bien en toute chose. Si vous tuez, faites-le avec bonté, et si vous égorgez, faites-le également avec bonté. Aiguisez votre lame et accordez le repos à la victime. »

Alors pourquoi ? Pour un simple passage de la Bible (encore elle). On est après le Déluge, Noé reçoit les consignes de Dieu, les premiers commandements. Il lui dit : « Tout ce qui se meut et possède la vie, je vous le donne en nourriture… Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c’est-à-dire le sang. » (Ge. 9, 3-4). Le sang est donc l’âme !

Notons une autre incohérence, chez les chrétiens cette fois. Dans les Actes des Apôtres, Jacques, le chef de la communauté à la mort de Jésus, énumère les règles à respecter. Ce sont celles dictées par Dieu à Noé et Jacques souligne bien : « il est interdit de manger les viandes non-saignées« .

Conclusion

Tout ça n’est que du folklore d’un temps révolu, ce que les croyants appellent pudiquement la tradition. Que tous ces agneaux égorgés sans raison reposent en paix.

2 commentaires sur “Aïd el-Kébir (Fête du sacrifice)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s