L’écart entre la civilisation occidentale et l’Islam se marque également dans les organes internationaux, comme le Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (à Genève), qui a pour but « de promouvoir, de contrôler et de renseigner sur le respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans le monde »
On pourrait croire que tous les pays ont adhéré à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Eh bien non !
Les pays musulmans ont une position à part.
En 1990, ils adhéraient, au Caire, à la Déclaration Islamique Universelle des Droits de l’Homme. Elle est en cours de révision. Le Sommet de la Ligue des États arabes a adopté, en mai 2004, la Charte Arabe des Droits de l’Homme. Mais elle n’a pas encore été ratifiée par tous les pays.
Que trouve-t-on dans la Déclaration Islamique ?
Nous allons prendre quelques exemples.
Article 1.
Tous les êtres humains constituent une même famille dont les membres sont unis par leur soumission à Allah… Tous les hommes, sans distinction de race, de couleur, de langue, de religion, de sexe, d’appartenance politique, de situation sociale ou de toute autre considération, sont égaux en dignité, en devoir et en responsabilité.
Apparemment, il n’y a pas grand-chose à redire. Mais en regardant de plus près, on se rend compte qu’il manque un mot : « égaux en droit ». Dans la charia, la femme compte pour la moitié d’un homme que ce soit lors d’un héritage ou devant la Justice. Le verset 11 de la sourate 4 définit la répartition de l’héritage et spécifie bien que « Dieu vous recommande dans le partage des biens de donner au garçon la part de deux filles… ».
Mais ne nous érigeons pas en censeur. L’égalité entre les hommes et les femmes dans nos sociétés n’a été obtenue qu’après un long combat. En 1791, lors de la révolution française, Olympe de Gouges a présenté sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne devant l’Assemblée constituante, avec quelques succès (droit au divorce, remplacement du mariage religieux par un contrat). Ce qui ne l’empêcha pas d’être guillotinée deux ans plus tard pour son franc parlé. Napoléon s’empressa d’abolir les avancées obtenues par les femmes lors de la Révolution. Il faudra attendre 1944 pour que la France instaure le droit de vote des femmes. L’ordonnance a été signée par de Gaulle alors à Alger. Mais quelle était sa motivation ? Avait-il une vision universaliste ou craignait-il l’émergence d’une majorité communiste aux élections de 1945 ?
Article 5.
La famille est le fondement de l’édification de la société. Elle est basée sur le mariage. Les hommes et les femmes ont le droit de se marier. Aucune entrave relevant de la race, de la couleur ou de la nationalité ne doit les empêcher de jouir de ce droit.
De nouveau l’apparence est trompeuse. Il peut y avoir une entrave au mariage : la religion. La femme musulmane ne peut qu’épouser un homme musulman.
Les articles 7 et 9 ont trait à l’éducation.
Article 7, b.
Les parents et les tuteurs légaux ont le droit de choisir le type d’éducation qu’ils veulent donner à leurs enfants, tout en ayant l’obligation de se conformer aux valeurs morales et aux dispositions de la charia.
Article 9, b.
Cette éducation doit consolider sa foi en Dieu.
On peut choisir, mais il n’y a pas d’alternative !
Article 22.
Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la charia.
Les deux derniers articles résument tout.
Article 24.
Tous les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration sont soumis aux dispositions de la charia.
Article 25.
La charia est l’unique référence pour l’explication et l’interprétation d’un quelconque des articles contenus dans la présente Déclaration.
Cette déclaration n’est pas sans intérêt. Elle prend en compte le droit à la liberté, le droit d’accueil, le devoir des États envers ses citoyens, le droit de vivre dans un environnement sain, le droit à la justice équitable, l’interdiction de prendre des otages, l’interdiction d’inciter à la haine pour quelque motif que ce soit (mais la religion n’est pas un de ces motifs).
Il existe également une Déclaration des ONG islamiques.
Elle parle du droit d’accueil, mais le concept d’asile n’existe nulle part dans les pays du Golfe, aucun de ces pays n’a ratifié la Convention internationale de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. L’accueil se limite aux voyageurs, pas aux migrants.
Pour être objectif, on doit signaler que lors de la Conférence mondiale de l’ONU sur les droits de l’Homme à Vienne en juin 1993, plus de 50 pays se sont opposés à la vision occidentale des droits de l’Homme (parmi ces pays, outre les 57 pays musulmans, on retrouve la Chine, Cuba, Singapour, le Vietnam, et la Corée du Nord). La déclaration finale ne fait aucune mention de la liberté de parole, de la liberté de presse, de la liberté d’assemblée, et de la liberté de religion. Moins de 50 ans après la déclaration universelle des droits de l’Homme, celle-ci n’est plus qu’un bout de papier bien inutile.
Les réunions plénières du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme ne sont pas de tout repos, car outre les deux visions différentes des droits de l’Homme, les membres doivent composer avec « l’exception culturelle » accordée aux pays musulmans : on ne peut pas discuter de faits concernant la religion. Ainsi, les 1000 coups de fouet encourus par un blogueur saoudien ne relèvent pas des droits de l’Homme. Mais cette règle n’est une exception que pour les pays non musulmans. Pour les musulmans, c’est la normalité. N’ont-ils pas reçu de Dieu l’ultime vérité ? Israël occupe l’ancien territoire de Palestine en vertu du texte de la Bible qui a donné cette terre aux Hébreux, mais ils sont dans l’erreur, ce texte a été abrogé par les révélations faites à Mahomet.
La Tunisie vient d’éditer un timbre à forte connotation politique sur lequel on peut lire « Jérusalem capitale de la Palestine ».

Les musulmans feraient bien de relire le Coran, verset 137, sourate 7. Il parle de Moïse qui quitte l’Egypte avec les « enfants d’Israël ». Voici le verset dans la traduction du « Saint Coran » édité à Médine : « Et les gens qui étaient opprimés, nous les avons fait hériter les contrées orientales et occidentales de la terre que nous avons bénies. Et la très belle promesse de ton seigneur aux enfants d’Israël s’accomplit pour leur endurance. Et nous avons détruit ce que faisaient Pharaon et son peuple ainsi que ce qu’ils construisaient. »
Il est stupéfiant qu’au XXIe siècle des superstitions d’un autre âge régentent notre vie et domine le monde.
Je vais conclure par un fait divers invraisemblable survenu aux Etats-Unis, rapporté par Richard Dawkins, le célèbre biologiste dans son livre « God delusion ». Les événements se passent en 2004 dans l’Ohio. James Nixon (rien à voir avec l’ancien président), un écolier de 12 ans a gagné au tribunal le droit de porter en classe un T-shirt sur lequel était inscrit « L’homosexualité est un péché, l’islam un mensonge, l’avortement un crime. Sur certaines question, pas de compromis ». L’école, qui lui avait demandé de ne plus porter ce T-shirt, s’est vu attaquer en justice par ses parents non sur base du 5ème amendement qui garantit la liberté d’expression, mais pour des raisons religieuses : « On ne peut pas nous empêcher de proclamer la Vérité que nous enseigne notre Eglise » . Ils ont été soutenus par l’Alliance Defence Fund (ADF) fondée en 1994 par plus de 30 ministères chrétiens, pour défendre les «valeurs familiales». L’ADF se concentre principalement sur l’élaboration de stratégies et la coordination avec des centaines d’avocats et de groupes de droite pour défendre ce qu’ils définissent comme des «questions juridiques chrétiennes».
Mais où va le monde ?