Une autre culture islamique

La culture islamique est une culture sans image. Vraiment ?
La première dynastie musulmane, les Omeyyades, qui succède aux compagnons du prophète Mahomet, installe son pouvoir en Syrie-Palestine, entre Damas et Jérusalem. Elle ignore ce qui deviendra les lieux saints de l’islam : La Mecque et Médine. Les califes omeyyades ont conquis le pouvoir par les armes, en battant le quatrième calife, Ali, gendre et beau-fils du prophète (voir mon article sur les premiers califes omeyyades).

Ils vont tisser un réseau de résidences fortifiées dans tout le territoire qu’ils contrôlent, d’Alep au nord de la Syrie jusqu’au nord de la péninsule arabique en passant par l’actuelle Jordanie. On dénombre aujourd’hui plus d’une trentaine de « châteaux de désert » ainsi qu’on les appelle. Ils sont tous de forme et de taille différente. Ils servaient de résidence à la cour califale lors des déplacements du calife que l’on peut imaginer rendant visite à ses sujets, comme les rois de France le pratiquaient… d’où l’abondance des châteaux royaux en France.

Le château du désert de Qusayr Amra en Jordanie

Un de ces châteaux a gardé sa décoration originale et elle surprend. Les murs sont recouverts de 400 m² de fresques qui montrent une tout autre culture musulmane que celle que véhicule l’islam d’aujourd’hui. On se croirait dans une villa romaine : les scènes de fêtes succèdent aux scènes de chasse. Des femmes dansent et se baignent. C’est un lieu de perdition pour les intégristes.

J’ai parlé de lieu de perdition, mais ce sont plutôt des scènes de paradis, tel que se l’imagine les salafistes. C’est là toute l’ambiguïté des combattants d’Allah : ils veulent détruite la civilisation occidentale qu’ils jugent décadente et débauchée pour gagner un paradis où ils pourront vivre une vie de repos et de débauche.
(Exemples de citations sur le Paradis tirées du Coran d’après Les Grands Thèmes du Coran par Jean-Luc Monneret) :

Le Paradis est un jardin parcouru de ruisseaux (Co. 4, 122). On y trouve d’immenses ombrages (56, 30) , non le soleil implacable. On y reçoit des fruits (56, 32) et des boissons en abondance, du vin dont on ne se lasse pas et qui n’enivre pas (37, 47). Des « houris » aux grands yeux sont là, toujours vierges et d’âge égal (55, 36) ainsi que de beaux éphèbes (56, 17). Vêtus de brocart et de soie, parés de bijoux précieux (18, 31) les élus se reposeront pour l’éternité dans de profonds divans (76, 13).

Mais revenons aux Omeyyades. Doit-on s’étonner de la décoration de ces châteaux ? Oui si on se réfère à la tradition islamique qui fait des Omeyyades, les descendants d’Abu Sufyan, le maître de La Mecque, un fils du désert, converti sur le tard à l’islam. Non, si on suit l’hypothèse que j’ai développée dans l’article précité, qui fait des Omeyyades des Arabes de Syrie, alliés (abandonnés) des Byzantins, donc de culture grecque. Leur tribu dirigeait la confédération des Ghassan (ou Ghassanides) et construisaient déjà des résidences dans les déserts comme Jabiya dans le Golan ou Jilliq au sud de Damas.

Mais connaît-on vraiment l’histoire de l’islam ?

Les représentations humaines dans l’islam

Aucun verset du Coran n’interdit de représenter des personnes. La tradition islamique vient probablement du judaïsme. Dans le livre de l’Exode 20, 4-5, il est dit : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point. Cette interdiction vise à éviter l’idolâtrie.
Certains auteurs considèrent que l’interdiction des images dans l’islam serait une conséquence de la crise des icônes qui frappa l’Empire byzantin au VIIIe siècle. En 730, l’empereur Léon III l’Isaurien (empereur de 717 à 741 né en Isaurie, région du centre de la Turquie moderne) interdit l’usage des icônes du Christ, de Marie et des saints, et ordonne leur destruction. Cette raison est peu probable, car le Dôme du Rocher, construit avant la crise, ne comporte aucune représentation « d’être ayant une âme« .

3 commentaires sur “Une autre culture islamique

  1. généralement je suis sceptique par apport a la version donnée par la tradition musulmane sur les Omeyyades, toutefois je ne pense pas que cette dynastie soit d’origine syrienne ou alliée de Byzance, car elle n’est pas mentionnée dans les récits des auteurs contemporains avant l’islam !

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  2. Des Arabes étaient alliés aux Byzantins, ils contrôlaient les déserts de Syrie et de Palestine. Les différentes tribus étaient regroupées sous le nom de Ghassanides. D’après « l’histoire des conquêtes », ils passent dans le camp des musulmans à la bataille de Yarmouk.
    Leur nom d’Omeyyades leur a été donné par les généalogistes du IXe siècle pour les situer dans l’histoire recomposée des premiers temps de l’islam.

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