Le confucianisme

Confucius est un personnage du Ve siècle avant notre ère dont les préceptes moraux ont régi la gouvernance des empereurs chinois jusqu’en 1905. A cette époque, il est tombé en disgrâce. Le président chinois Xi Jinping l’a réhabilité pour opposer les valeurs morales chinoises aux valeurs occidentales prétendûment universelles.

D’après le dossier sur le sujet paru dans la revue l’Histoire de décembre 2021.

Confucius

Confucius aurait vécu au Ve siècle de notre ère. A cette époque une dizaine de royaumes se partageaient le territoire de la Chine actuelle. Confusion aurait été un fonctionnaire dans plusieurs de ces États. On ne connaît rien de sa vie. Comme Socrate et Pythagore, il n’a laissé aucun écrit. Il est connu en Chine comme Kong fuzi, « maître Kong » que les missionnaires jésuites ont latinisé en Confucius au XVIe siècle.

Ce n’est qu’au Ier siècle avant notre ère que sa biographie, enjolivée, a été rédigée et que ses ouvrages ont été écrits, sur base de ses paroles : « Kong fuzi a dit…« . Cependant, les annales des « Printemps et Automnes », époque où vécut Confucius sont plus fiables et en parlent comme d’un banal fonctionnaire tenant un discours très sage sur l’histoire chinoise.

Préceptes moraux

Confucius n’est pas à proprement parler un philosophe. Il a défini un cadre de relations hiérarchiques indispensables au bon fonctionnement du monde :

• Le ministre doit le respect au prince, mais cela ne doit pas l’empêcher de lui faire des remontrances quel que soit le prix à payer (révocation ou mise à mort).
• La femme doit le respect à son mari.
• Les enfants doivent honorer leurs parents.
  

C’est très proche des préceptes du catéchisme chrétien : « Tes pères et mères honoreras tes supérieurs également ».

Les relation hiérarchiques s’incarnent par des rites : l’ensemble des comportements sociaux sont ritualisés. Les rites doivent conduire à l’harmonie sociale. La base est l’éducation des enfants mais aussi des candidats fonctionnaires. Ceux-ci seront des lettrés-fonctionnaires dévoués, connus sous le nom de « mandarins« . L’objectif de l’éducation est de former des junzi, des hommes de bien, des gentlemen. Tout homme, mais non les femmes, peut devenir un junzi.

La pensée de Confucius n’a pas été sclérosée, elle a évolué au contact du bouddhisme sous la dynastie des Han (206 avant notre ère à 220 après notre ère) et a atteint son épanouissement sous la dynastie des Tang (618-907). Les dynasties ont passé, le confucianisme est resté.

Au XXe siècle : la déchéance

L’empire chinois s’est effondré en 1912, mais à partir de 1905, les examens pour devenir mandarins avaient été supprimés. Dès 1919, avec l’avènement d’une république nationaliste, le confucianisme est jugé rétrograde et trop tourné vers le passé. Mais c’est Mao Zedong qui lors de la révolution culturelle (1966-1976) va mener des attaques idéologiques et physiques contre Confucius et son enseignement.

Aujourd’hui : la renaissance

Au XXIe siècle, le miracle économique « des quatre petits dragons » (Taïwan, Hongkong, Singapour et la Corée du Sud) démontre que les valeurs asiatiques, basées sur les préceptes de Confucius peuvent être la clé du succès économique. Xi Jinping n’hésite pas à citer Confucius et à promouvoir les valeurs morales asiatiques « nettement supérieures aux valeurs imposées par un Occident décadent« . Il veut promouvoir une « société harmonieuse socialiste » où la société prime sur l’individu face au « capitalisme amoral, générateur de conflits« . Pour cela, plusieurs centaines d’instituts Confucius sont créés dans le monde. Ce sont des vitrines qui promeuvent la culture et la langue chinoises.