Le miracle de San Gennaro (Naples)

D’après la conférence « MIRACLES, CROYANCES : Enquêtes géologiques » du professeur en géologie Thierry Mortier.

Trois fois par an, dans la cathédrale de Naples, l’archevêque présente les fioles contenant le sang de San Gennaro, sang qui se liquéfie devant des centaines de fidèles. Le miracle protège les Napolitains de la fureur de son encombrant voisin, le Vésuve.

Un saint-martyr

San Gennaro (saint Janvier) est mort en martyr en 305, un an avant la prise de pouvoir par l’empereur Constantin. Son martyre fut un long chemin de croix : il fut précipité dans un bûcher et en sortit indemne, on le fouetta à sang avant d’être donné en pâture aux fauves dans amphithéâtre de Pouzolles, ceux-ci se couchèrent à ses pieds. On résolut pour en finir de lui couper la tête. Malgré la surveillance de la police, une parente paralytique, que Janvier avait soignée, recueillit du sang de l’évêque martyr avec une éponge et en remplit les deux fioles qui avaient servi à Janvier à célébrer sa dernière messe. Ces fioles sont parvenues à la cathédrale de Naples… en 1389.

Curieusement, les supplices de San Gennaro ressemblent à ceux qui auraient été infligés à Blandine à Lyon en 177. Le martyre de Blandine nous est rapporté par Eusèbe de Césarée (265-339) d’après une « Lettre des chrétiens de Lyon à l’Église de Smyrne » dont il aurait eu connaissance mais qui ne nous est pas parvenue.

Le miracle

Le sang dans les fioles est coagulé. Le 19 septembre, fête de San Gennaro, le 16 décembre, anniversaire de l’éruption du Vésuve de 1631 et le premier samedi de mai, l’archevêque balance les fioles de droite à gauche et le sang se liquéfie. Miracle !

Une simple réaction chimique.

Le sang est en fait composé de substances provenant du Vésuve, du molysite (FeCl³), mélangé à du carbonate de calcium (poussière de marbre) et stabilisé par de la bentonite, une argile colloïdale. Il suffit de secouer légèrement le mélange pour qu’il se liquéfie. Miracle… d’alchimiste.