Les haredim, un danger pour Israël

Qui sont les haredim ? Ils sont mieux connus sous le nom de juifs ultra-orthodoxes. Ce groupe de juifs religieux est tiraillé entre le respect des principes de la Torah vieux de 2500 ans et le mode de vie du XIXe siècle en Europe de l’Est.

Tous les haredim ne sont pas habillés en noir (voir note 2 à la fin de l’article)

En quoi sont-ils un danger pour l’État d’Israël ?
En 2024, Israël a enregistré 181 000 naissances. Mais 30 % de ces naissances sont le fait d’un seul et unique groupe, les haredim (voir note 1 à la fin de l’article). Alors qu’une Israélienne donne naissance en moyenne à 2,9 enfants, les haredim ont un taux de reproduction de plus de 6 enfants.
Alors qu’ils représentent 13 % de la population, en 2060, ils seront 35 %.

Et alors ?
Les haredim ne travaillent pas, ils quittent l’école très jeune et vivent de l’assistance de l’État. Ils passent leur vie à étudier la Torah et le Talmud, de 9 heures du matin à 18 heures le soir.
Leurs épouses peuvent travailler, si l’éducation des enfants le leur permet.

Donc, le danger est surtout économique. Les Israéliens travaillent pour faire vivre des non-productifs. Les haredim sont rémunérés pour étudier, entre 350 et 700 EUR par mois, leurs écoles sont subsidiées bien qu’elles n’enseignent pas certaines matières, comme les mathématiques et l’anglais, et ils bénéficient bien entendu des allocations familiales.
Ce financement des non-productifs par les productifs n’a rien à voir avec le problème des retraites dans nos pays. La retraite n’est pas une allocation, c’est un droit. Le retraité a cotisé toute sa vie pour bénéficier d’une pension. Le problème vient du fait que l’État n’a pas géré ces rentrées en bon père de famille, mais a dilapidé cet argent, la plupart du temps dans des projets sans avenir.

En 2060, l’État d’Israël devra trouver des milliards de dollars par an pour subvenir aux besoins d’une tranche de la population qui le parasite.

Influences sur la société

Grâce à leurs partis politiques très actifs et présents dans le gouvernement, le Shas et le Yahadout HaTorah influencent la vie de la société israélienne. Ainsi :

  • Fermeture des commerces, transports, et services publics le jour du Shabbat dans de nombreuses villes, sauf, par exemple, Haïfa, considérée comme ville laïque.
  • Interdiction de vendre du pain levé pendant Pâque.
  • Séparation des hommes et des femmes pour la prière au mur des lamentations.
  • Contrôle des mariages, des divorces et des enterrements juifs. Il n’existe pas de mariage civil en Israël, les couples non reconnus religieusement doivent se marier à l’étranger.

En plus, les haredim sont exemptés du service militaire, ce qui provoque des débats à l’assemblée, la Knesset. Mais, comme ils sont représentés au gouvernement, ils bloquent toute décision en ce sens.

Note 1 : les naissances

Parmi les 181 000 enfants nés en 2024, 74 % ont une mère juive et 26 % une mère arabe, mais israélienne. Il ne faut pas confondre une Israélienne arabe et une Palestinienne.

Une Israélienne arabe a un passeport israélien, elle est citoyenne d’Israël. Elle habite dans les frontières d’Israël de 1948, ses parents n’ont pas fui lors de la prise de contrôle de ces territoires par les Juifs. Elle bénéficie des lois israéliennes… jusqu’à un certain point.

La Palestinienne a la citoyenneté palestinienne, ou est apatride. Elle réside à Gaza, en Cisjordanie ou dans les pays voisins (Liban, Jordanie). Pour les Israéliens, elle n’a pas de droits, sauf, théoriquement, si elle réside à Jérusalem-Est, mais ils sont souvent bafoués (expulsion, interdiction de circuler dans certains quartiers, etc).

Madame Golda Meir (née Golda Mabovitch), ancienne première ministre d’Israël se targuait d’avoir eu un passeport palestinien de 1921 à 1948. Pour la petite histoire, elle occupait une superbe maison appartenant à un Palestinien qui avait fui l’occupation israélienne. Elle était la « gardienne des propriétés des absents« .

Note 2 : l’habillement

Tous les haredim ne sont pas habillés de noir. En majorité, ils sont ashkénazes, ils viennent des pays de l’Est, ils portent une chemise blanche, des habits et un chapeau noirs. Parmi eux, les hassidim, appartenant à un courant mystique, se distinguent par un manteau long, un chapeau en fourrure le jour du Shabbat et pour les fêtes, et une ceinture spéciale lors de la prière.
D’autres haredim ont renoncé à la tradition vestimentaire. Mais tous les haredim portent des tresses. Ils se réfèrent pour cela au Lévitique, 19:27 : « vous n’arrondirez pas le bord de votre chevelure et vous ne couperez pas le bord de votre barbe« .
Les femmes haredi portent des perruques ou se couvrent la tête.
Notons qu’il n’y a aucun verset de la Bible qui préconise le port de la kippa, ni d’un chapeau, ni d’un foulard ! C’est une tradition post-biblique qui découle d’un seul passage du Talmud (IVe siècle de notre ère) faisant référence à un choix personnel, celui d’un rabbin vivant à Babylone au IIIe siècle : « Rav Houna, fils de Rav Yehoshoua, ne marchait jamais quatre coudées à découvert (sans couvre-chef). Il disait : « La Shekhina est au-dessus de ma tête. » » (Talmud Bavli, Kiddoushin 31a)

Colons ultra orthodoxes

Des haredim pro-palestinien ?

Dans le quartier de Méa Shéarim, dans la vieille ville de Jérusalem, réservé aux haredim, des drapeaux palestiniens flottent aux fenêtres de certaines maisons. Ces maisons sont habitées par les Neturei Karta (« les gardiens de la cité« ) qui sont antisionistes et ne reconnaissent pas l’État d’Israël. Pour eux, les juifs doivent continuer à errer jusqu’à ce que le Messie donne l’ordre de revenir en Judée.

La terre promise

Le Grand Israël

Les sionistes ont ressorti un passage du livre de la Genèse (versets 15:18-21) pour justifier leurs prétentions territoriales. On y lit : Ce jour-là, l’Éternel fit alliance avec Abraham et lui dit : « Je promets de donner à ta descendance tout ce pays, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, l’Euphrate, le pays des Qénites, des Qénizzites, des Qadmonites, des Hittites, des Perizzites, des Rephaïm, des Amorites, des Cananéens, des Girgashites et des Jébuséens. »

Géographiquement, ces terres vont du Nil à l’Euphrate, et de la Turquie (Hittites) au désert arabique en passant par la Syrie (Amorites). C’est ce que les sionistes appellent le « Grand Israël »… qui n’a jamais existé, ni été revendiqué jusqu’à aujourd’hui.

Ce territoire correspond, en fait, à la satrapie perse de Transeuphratène dans laquelle la Judée était une province au Ve siècle avant notre ère.

Cette terre n’est pas inhabitée, elle doit être conquise par la force. L’éradication des peuples présents sur ces terres doit être totale : « Tu mettras à mort hommes et femmes, enfants et nourrissons, gros bétails et petit bétail, chameaux et ânes« . (1Samuel 15, 3)

Carte des revendications sionistes.

Remarquons que le territoire des Hittites, la Turquie, est soigneusement évité. La Turquie est membre de l’OTAN, dont elle est la seconde puissance militaire : elle entretient une armée de 400 000 soldats.

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L’archéologie en Cisjordanie

Je reprends ici, in extenso, la fin d’un article de Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine à Jérusalem.


Archéologie et politique

Quand la politique s’en mêle

Beaucoup d’archéologues se battent pour continuer à travailler sur la période dont ils sont spécialistes, même si leurs découvertes ne servent pas un discours politique et c’est tant mieux. Beaucoup sont ceux parmi eux qui se sont insurgés contre un projet de loi israélien, présenté en juillet 2024, visant à annexer toute l’archéologie dans les Territoires palestiniens. Officiellement, il s’agit « d’appliquer des mesures contre la destruction des sites patrimoniaux dans la zone B de la Cisjordanie« . Officieusement, d’après l’ONG israélienne Emek Shaveh, le but est de « restreindre le développement et même de procéder à des démolitions dans les zones désignées comme sites d’antiquités ou soupçonnées de contenir des antiquités« . Le texte justifie que « ces découvertes archéologiques appartiennent au peuple d’Israël » et « n’ont donc aucun lien historique ou autre avec l’Autorité palestinienne« .

C’est comme si les Italiens d’aujourd’hui décidaient d’annexer Nîmes, Arles, Lyon, Orange, Autun à l’Italie au motif que ces villes recèlent des trésors de l’illustre passé de l’Empire romain.
L’ethnicisation de l’histoire est un contresens.


Pourquoi ce soutien inconditionnel à Israël ?

Quelles que soient les exactions de l’État d’Israël, les États-Unis honoreront toutes les commandes d’armement et ils opposeront leur veto à toutes les résolutions de l’ONU qui déplaisent à Israël. Pourquoi ? La raison est illogique et montre que la bêtise humaine n’a pas de limite. C’est angoissant!

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« Comment le peuple juif fut inventé »

J’ai déjà consacré un article aux origines des Hébreux (https://traditionreligieuseethistoire.com/2019/11/22/dou-viennent-les-hebreux/). Ici, je vais résumer le livre de Shlomo SAND, un historien israélien. Le peuple dont il s’agit dans son ouvrage est celui de l’actuelle Israël.

L’auteur dénonce la falsification de l’Histoire pour créer un lien entre les habitants de Judée du premier siècle et les Israéliens d’aujourd’hui. Les Israéliens croient que les Juifs sont de retour sur la terre de leurs ancêtres après avoir été chassés par le général et futur empereur romain Titus en l’an 70 de notre ère. C’est le retour de la diaspora après l’exil forcé. Mais c’est historiquement faux.

Ce principe est inscrit sur les billets de 50 shekels (environ 12 EUR) représentant le prix Nobel de littérature Shmuel Agnon (1966). Il a déclaré lors de la cérémonie de remise de son prix : « Je suis né dans l’une de ces villes de l’exil, issue de la catastrophe historique au cours de laquelle Titus, le gouverneur romain, détruisit la ville de Jérusalem et exila Israël de son pays…« . Prix Nobel de littérature, mais pas d’histoire !

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Juif, sémite, sioniste ?

J’ai déjà consacré un article à la signification d’être juif ou Juif.
Le juif adhère au judaïsme, le Juif fait partie de la communauté juive, qu’il soit pratiquant ou non. Il vit entouré de juifs et baigne dans la culture juive.


Le mot sémite désigne les personnes dont la langue appartient à un groupe linguistique originaires du Proche-Orient. Sont donc sémites les Akkadiens, les Chaldéens, les Araméens, les Phéniciens, les Hébreux et les Arabes.
L’origine du mot est le personnage biblique de Sem, fils de Noé, dont descendraient ces personnes.
Dans ce groupe, on retrouve donc les Arabes et certains Juifs. Tous les Juifs ne sont pas sémites, les ashkénazes ne le sont pas, comme nous le verrons dans un prochain article. Il est donc paradoxal de dire qu’un Arabe a commis un acte antisémite, sauf que dans le langage populaire, sémite est devenu abusivement un synonyme de juif !


Être sioniste c’est adhérer aux idées d’un mouvement politique, le sionisme, apparu à la fin du XIXe siècle qui prônait la constitution d’un État juif. Aujourd’hui, le sionisme se concentre sur la Palestine : l’État juif doit s’implanter dans les terres « données par Dieu » à son peuple élu. C’est devenu un mouvement radical qui vise à coloniser toute la Palestine. L’État juif doit se consolider en se purifiant (épuration ethnique) et en s’étendant aux limites du royaume mythique de David.

Il ne faut pas être juif pour être sioniste. La plupart des Américains, y compris les présidents, le sont à des degrés divers, qu’ils soient protestants (Donald Trump), catholiques (Joe Biden) ou évangéliques. Mais certains juifs, habitants d’Israël, ne sont pas sionistes et rejettent la colonisation.


Synthèse

juif se réfère à une religion, sémite à une ethnie ou une langue et sioniste à un mouvement politique.

Israël

Les premiers sionistes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle étaient des juifs laïcs, parfois athées, qui désiraient mettre le « peuple » juif à l’abri des pogroms fréquents dans l’est de l’Europe. Pour cela, ils préconisaient la création d’un État juif. Ils ne visaient pas nécessairement la Palestine. L’Ouganda avait même été proposé.
Lors de la création de l’État d’Israël en 1948, le choix du nom ne s’est pas imposé naturellement. Au IXe siècle avant notre ère, deux royaumes concurrents s’étaient développés à Canaan : Juda autour de la ville de Jérusalem et Israël autour de Sichem. Juda était un royaume pieux dirigé par les descendants du roi David, Israël était un État impie. Donc, le choix de Juda ou Judée s’imposait. Mais cela faisait de tous les habitants des Juifs, ce qui n’était pas acceptable, car des Arabes musulmans peuplaient la Palestine. Sion est venu en second lieu. Sion est un autre nom de Jérusalem. Mais tous les habitants auraient été des « sionistes », ce qui n’était pas le cas, même parmi les juifs. Donc restait Israël, dont il fallait s’accommoder.

Le plan de partage proposé par l’ONU n’a jamais fait l’objet d’un référendum comme prévu : l’ONU n’a pas le pouvoir d’attribuer une terre à un groupe d’individus.
Israël a proclamé son « indépendance » unilatéralement. Le partage n’a jamais été accepté par les Palestiniens. Lors de la guerre qui s’ensuivit en 1948, environ 700 000 Palestiniens sur les 900 000 habitants sont expulsés ou s’enfuient. C’est la nakba, la « catastrophe ».
Les Palestiniens qui sont restés se voient attribuer un passeport israélien. Ils ont des droits égaux, ils peuvent voter et créer des partis.

En 1967, après la guerre des « six jours », Israël occupe une série de territoires palestiniens (carte 3). Les Palestiniens de ces zones n’ont aucun droit. Ils sont expropriés de leurs maisons ou de leurs terres selon le bon vouloir de l’occupant israélien.

Depuis lors, en Cisjordanie (carte 4), ce qui reste du territoire palestinien « indépendant », des colons juifs s’installent dans les campagnes, occupant des terres appartenant à des Palestiniens chassés de chez eux. En ville, le même procédé est employé : des maisons sont confisquées et les colons s’y installent. Les colons érigent des murs pour se séparer des Palestiniens qui doivent faire de longs détours pour vaquer à leurs occupations. Des centaines de Palestiniens sont arrêtés sans raison et maintenus en prison sans jugement. L’ONU condamne, les États-Unis opposent leur veto.

Qui est Juif ?

A la recherche d’une définition

Répondons tout d’abord à la question « qui est juif ? ». Est considéré comme juive toute personne qui suit peu ou prou les préceptes du judaïsme. Dans ce cas, on écrit un juif avec une minuscule, comme on écrit un chrétien ou un musulman.

Répondre à la question « qui est Juif ? » (avec la majuscule) est beaucoup plus complexe. Jérôme Segal, dans son ouvrage « Athée et Juif » assure que toute personne qui se dit juive est juive. C’est un raccourci. Attention à la syntaxe ! Si on écrit Juif en tant que nom (avec une majuscule), on écrit juif en tant qu’adjectif, quelque soit la signification.

Quels sont les critères qui définissent l’identité juive, c’est-à-dire la judéité ?

La judéité ce n’est pas une race. Aujourd’hui sur terre, il n’y a qu’une seule race d’hommes : les Homo sapiens. Voici 40.000 ans, cette race cohabitait avec ses cousins, les Néandertaliens et les Hommes de Denisova, ou Dénisoviens.

La judéité, ce n’est pas une ethnie. Certains Juifs sont jaunes (des Chinois et des Japonais), certains viennent d’Éthiopie et sont noirs. Ils ont tous émigrés vers Israël où ils ont été assez mal accueillis : les hommes ont été re-circoncis, certaines femmes ont été stérilisées à l’occasion d’une hypothétique vaccination (voir l’article sur l’Éthiopie). D’autres juifs sont caucasiens (blancs) ou sémites, cousins des Arabes. Contrairement à la définition des dictionnaires, les Juifs ne sont pas (tous) des descendants du peuple hébreu.

Ce n’est pas une nationalité. Tous les Juifs ne vivent pas en Israël, loin s’en faut, comme on va le voir.

Enfin, la judéité n’est pas une religion. Il y a des Juifs athées et même des Juifs chrétiens, comme Bob Dylan (Robert Zimmerman) par exemple.

La meilleure définition fait appel à la descendance : est considérée comme Juive toute personne s’étant convertie au judaïsme ou née d’une mère juive. Cette disposition est inscrite dans le Talmud, édité au IVe ou Ve siècle de notre ère. La judéité est inaltérable, quand bien même le Juif serait idolâtre, incroyant, hérétique ou apostat.

On ne trouve pas trace de cette filiation dans la Bible hébraïque (L’Ancien Testament), sauf dans le Livre d’Esdras.
Vers -537, les premiers Judéens, ou du moins leurs descendants, sont de retour de captivité à Babylone. Ils sont minoritaires, les Juifs qui n’ont pas été déportés ont continué à vivre sur les ruines laissées par les Babyloniens. Soixante ou quatre-vingt ans plus tard, Esdras revient sur la terre de ses ancêtres et constate que les Juifs ont épousé des femmes « étrangères ». Il se désole, pleure, se prosterne et s’adresse à YHWH : « pourrions-nous encore violer tes commandements et nous allier à ces gens abominables ? » Alors le peuple jure : « Nous avons trahi notre Dieu en épousant des femmes étrangères… Nous allons prendre devant notre Dieu l’engagement solennel de renvoyer toutes nos femmes étrangères et les enfants qui en sont nés » (Es. 10, 2-3). Ces enfants n’étaient donc pas considérés comme des Juifs.

Les Juifs dans l’Allemagne nazie

En 1935, dans l’Allemagne nazie, sont édictées les « Lois de Nuremberg » retirant aux Juifs la nationalité allemande, les considérant dorénavant comme des « sujets de l’Allemagne« . Ils sont exclus de la fonction publique, il leur est interdit d’épouser des « aryen-ne-s » et de prendre à leur service des citoyens allemands. Certains métiers leur sont interdits, comme rédacteur dans les journaux, enseignants, etc.
Pour mettre en application ces lois, les juristes nazis ont dû définir la notion de Juif. Ce ne fut pas sans mal, tellement ils ont trouvé d’exception. Au départ, pour les nazis, est Juif celui qui a au moins trois grands-parents juifs. Voici la liste des critères adoptés par l’État français du Maréchal Pétain en 1941 :

Loi (simplifiée) adoptée en France en 1941

Juifs laïcs et religieux

A la Knesset, le parlement israélien, les laïcs et les religieux se déchirent sur la définition de l’État d’Israël. La Knesset est actuellement (juillet 2021) composée comme suit (huit partis sont représentés) :

  • 50 venant de partis nationalistes de droite dont l’ancien premier ministre Benyamin Netanyahou du parti Likoud
  • 38 laïcs (droite ou centre) dont le premier ministre actuel Mickey Levy du parti Yesh Atid (centre laïc)
  • 22 ultra orthodoxes
  • 10 Arabes

Les nationalistes veulent faire d’Israël une démocratie juive comme l’avait décrété l’ONU en 1947, lors de la résolution de création de deux États en Palestine, » l’un juif et l’autre arabe ». Cette vision des nationalistes suggère que seuls les Juifs en seront citoyens, à l’exclusion des Arabes qui n’avaient pas quitté la région lors de la création d’Israël et qui avaient reçu la nationalité israélienne.
Aujourd’hui, seul 75% de la population d’Israël est juive d’après le Ministère de l’intérieur.

Les laïcs, eux, veulent que l’État reste multiculturel.

Les ultra orthodoxes souhaitent qu’Israël devienne une théocratie, un État régit par les lois religieuses.

Les ultra orthodoxes

Il suffit de se rendre dans un quartier ultra orthodoxe à Jérusalem pour voir ce que signifie pour eux un État régit par les lois religieuses.

  • code vestimentaire strict, interdiction de suivre la mode. Les ultra orthodoxes s’habillent comme dans l’Allemagne et la Pologne du XIXe siècle.
  • respect complet du shabbat : les quartiers sont fermés lors du shabbat, personne n’y rentre, personne ne sort.
  • éloignement des étrangers : les Juifs vivent entre eux. Les femmes sont aussi tenues à l’écart.
    Le journal israélien Yediot Aharonot, repris par le quotidien français Libération, a révélé qu’un catalogue Ikea destiné à la communauté juive ultra-orthodoxe avait été publié. L’ouvrage présente des livres religieux alignés sur les étagères, un père et ses deux garçons portant kippas et papillotes, une armoire remplie de vêtements masculins traditionnels. Il ne comporte aucune image de femme ! Ce n’est pas un acte isolé. Il n’est pas rare que les femmes soient effacées des photos de presse dans les journaux, c’est ce qui arrive souvent à Angela Merkel. Dans les manuels scolaires en Angleterre, les images des femmes ont été floutées.

Les ultra orthodoxes (les haressim) vivent isolés dans des quartiers qui leur sont réservés, ou plutôt qu’ils se sont réservés. Ils représentent 11% de la population d’Israël, mais leur taux de fécondité est de sept enfants. En 2060, ils pourraient représenter 25% de la population.
La plupart des hommes ne travaillent pas, ils étudient la Torah. Ils vivent des dons d’associations et des allocations de l’État. Se sont leurs femmes qui font vivre le ménage en plus de s’occuper de l’éducation des enfants. On estime que 45% des haressim vivent dans la pauvreté.

Ils constituent une exception en Israël : ils sont exemptés du service militaire alors que toute la population, femmes et hommes, est appelée sous les drapeaux… mais ils bénéficient de tous les avantages sociaux.

Les nationalistes

Le mouvement sioniste moderne est né au XIXe siècle parmi les Juifs d’Europe centrale et de l’Est en réaction à l’antisémitisme et aux pogroms (« tout détruire » en russe) dont ils étaient victimes. Theodor Herzl va concrétiser les aspirations des Juifs en les invitant à s’unir et à avancer des idées lors du premier congrès sioniste en 1897 dont le thème est : « un État, une nation pour un peuple« . Au départ, le mouvement ne vise pas la création d’un État en Palestine alors sous domination ottomane, même si le baron Edmond de Rothschild y achète des terres et finance les premiers établissements juifs. L’Angleterre leur avait proposé l’Ouganda… rejeté à l’unanimité.
Le rêve commencera à prendre forme après la première guerre mondiale, lorsque la Palestine passe sous mandat britannique et que Lord Balfour, dans une lettre adressée au baron Lionel de Rothchild prétend que : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif… » (voir l’article sur la naissance d’Israël).

Avant la création de l’État d’Israël, la population juive de Palestine était passée de 80.000 à 650.000. Cette croissance avait donné naissance à un nationalisme arabe.

De nos jours, les nationalistes s’opposent à la création d’un État arabe et poussent à la colonisation de tous les territoires occupés jadis par les Juifs, avant l’écrasement de la révolte de 135 contre les Romains. Ils veulent un État hébreu totalement juif.

Note : Parler de Palestine pour désigner cette région du Proche Orient n’a aucune signification politique, ce n’est pas une prise de position pour les Palestiniens. La région a été appelée Palestine par les Romains après la seconde révolte des Juifs de 132 à 135. Ce changement de nom s’est accompagné de l’expulsion des Juifs de la région de Jérusalem qui a été rasée et reconstruite sur le modèle des villes romaines. La ville a même perdu son nom pour s’appeler Aelia Capitolina. Aelius était le nom de famille de l’empereur Hadrien. Palestine vient de « philistin », un peuple qui occupait le littoral de la région dès 1200 avant notre ère. Ils avaient fondé cinq cités-États dont Gaza, qui n’a jamais été une ville juive.

Les laïcs et les athées

Les laïcs ne sont pas nécessairement athées, mais la religion n’est pas leur préoccupation principale. Par contre, il y a bien des Juifs athées : ils ne croient pas en Dieu et considèrent la Torah comme un récit mythologique. Pourquoi se disent-ils juifs ? On a vu que la judéité est inaltérable : les enfants nés d’une mère juive sont juifs et le resteront toute leur vie… aux yeux de leur communauté. Ils ne peuvent pas demander à être exclus de l’assemblée, comme les chrétiens peuvent le faire en demandant à l’évêché d’être débaptisés.

La plupart des Juifs athées restent attachés à leur communauté. Sous la « pression » de leur entourage, surtout la famille, certains font circoncire leurs fils ou se marient suivant le rite traditionnel.

Parmi les Juifs athées célèbres on peut citer l’anarchiste Emma Goldman, les communistes Léon Trotski (Lev Davidovitch Bronstein) et Grigori Ziniviev, le père du sionisme Theodor Herzl, Sigmund Freud, Woody Allen, Daniel Cohn-Bendit et le philosophe Emanuel Lovi.
Mais que penser de la réponse de l’ancienne première ministre Golda Meir à la question d’un journaliste sur ses croyances : « Je crois au peuple juif et le peuple juif croit en Dieu« .

Les Juifs dans le monde

Un peu moins de 30% de la population mondiale est chrétienne, c’est-à-dire, a été baptisée selon le rite chrétien. Cette proportion diminue avec le temps. A peu près le même nombre est de religion musulmane, car née d’un père musulman et cette proportion, elle, grandit car l’apostasie est interdite dans l’islam et est punie de mort bien que la sanction soit rarement appliquée.

On parle ici de 2 milliards d’adeptes, de fidèles. A côté de ces religions, on ne compte que 14 millions de Juifs dans le monde… soit moins que la population des Pays-Bas !

La majorité des Juifs ne résident pas en Israël, mais ont la nationalité israélienne. Ils sont citoyens d’Israël et peuvent venir s’installer par le pays, ce que récuse le grand rabbinat tenu par des ultra orthodoxes qui se méfie des « étrangers ».

Répartition dans quelques pays :

  • Israël : 6.665.600 (en 2019)
  • État-Unis : 5.700.000
  • France : 450.000
  • Russie : 165.000
  • Allemagne : 118.000
  • Belgique et Pays-Bas : 29.000
  • Turquie : 14.000
  • Iran : 8.300
  • Pologne : 4.500.

Massada : un symbole

Le site archéologique de Massada, à cent kilomètres au sud de Jérusalem et à moins de deux kilomètres de la Mer Morte, attire énormément de touristes. Pourtant Massada n’est pas citée ni dans la Bible, ni dans le Nouveau Testament. C’est une forteresse aménagée par Hérode le Grand pour protéger le sud de son pays, la grande Judée. Hérode avait aussi fait transformer les forteresses existantes d’Hérodion et de Machéronte.

La prise de Massada par les Romains

Massada est restée totalement ignorée jusqu’en 1927, lorsqu’un émigré Ukrainien, Yitzhak Lamdan, publia un poème intitulé « Massada ». Massada est plus un événement qu’un lieu : c’est le dernier bastion qui a résisté aux Romains lors de la première révolte juive de 66 à 73.
Alors que Jérusalem est prise et le temple incendié en 70, des résistants se réfugient dans la forteresse de Massada. Ils sont environ 900, dont des femmes et des enfants. Leur histoire a été contée par Flavius Josephe dans le livre VII de son ouvrage « La guerre des Juifs« .


Ce document peut être consulté sur le site http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre7.htm.

C’est en 73, après avoir nettoyé les dernières poches de résistance dans le territoire de Judée que les Romains, commandés par Flavus Silva mirent le siège devant la colline de Massada. La forteresse était commandée par Éléazar, un des descendants de Judas de Galilée qui s’était opposé au recensement de Quirinus lorsque la Judée était devenue une province romaine en l’an 8.

La forteresse était imprenable, elle était pourvue de bassins qui fournissaient l’eau et des vivres avaient été stockées en prévision du siège : « en effet, on tenait en réserve du blé, en quantité suffisante pour un long temps, plus beaucoup de vin et d’huile, de légumes secs d’espèces variées, des monceaux de dattes. » (Flavius Josephe).

Les Romains entourèrent le site d’une palissade pour empêcher la fuite des assiégés et entreprirent la construction d’une rampe d’accès… ce n’était pas les esclaves qui manquaient ! Mais quand ils parvinrent dans la citadelle, tous les défenseurs étaient morts. Ils avaient choisi le suicide collectif.

A gauche, la maquette de Massada, à droite le site actuel avec la rampe construite par les Romains.

Exploitation du symbole

1927

La Palestine est sous mandat britannique. L’immigration est contrôlée et en Europe de l’est, les Juifs sont persécutés, parfois l’objet de pogroms. Pour Yitzhak Lamdan, Massada est un symbole social. Pour les Juifs de son temps, il n’y a que deux destinations : là où ils ne peuvent pas aller (pour les modernes, la Palestine, pour les anciens, Jérusalem) et là où ils ne peuvent pas vivre (l’Europe de l’est et Massada).

1948

A la création de l’État d’Israël (voir l’article), le symbole a changé : comme les défenseurs de Massada, les Israéliens sont encerclés par des forces hostiles et supérieures en nombre. Massada devient le symbole de la volonté nationale, le symbole de la résistance.

1967

Les Arabes, harangués par le président égyptien Nasser, ont décidé de détruire Israël (voir l’article). En Israël, alors qu’on creuse des tombes dans les parcs et les terrains de sport, le paradigme change. On ne veut pas d’un nouveau Massada. Les militaires proclament que les Israéliens ne seront pas pris au piège dans leur petit pays, leur forteresse. Ils doivent précipiter les événements et attaquer les premiers. Ce qui sera fait et la menace réduite à néant en six jours.

L’exemple de Massada reste, mais, dans l’avenir, il devra être évité à tout prix.

Qu’en disait Flavius Josephe ?

Lorsqu’il écrit la Guerre des Juifs, vers 90, Flavius Josephe réside à Rome, il est l’hôte de l’empereur Domitien, le fils de Vespasien à qui le prisonnier de guerre Josephe servait d’interprète. Il n’est plus prisonnier, il a été affranchi et il tient à flatter ses bienfaiteurs.

Dans le livre 7, les défenseurs de Massada ne sont pas de braves résistants Juifs qui veulent défendre leur pays contre l’envahisseur romain, mais des brigands, des sicaires, des zélotes. Leur attitude « n’était qu’un prétexte pour voiler leur cruauté et leur avidité… »
Il est vrai que lors du siège de Jérusalem, plusieurs bandes rivales s’opposaient et n’hésitaient pas à massacrer d’autres Juifs, qui comme eux, défendaient la ville : « les uns avaient la passion de la tyrannie, les autres celle d’exercer des violences et de piller les biens d’autrui« . Josephe parle d’une maladie contagieuse qui s’était emparée des défenseurs de Jérusalem. Leur violence a causé leur perte.

Massada, d’un fait divers peu glorieux, qui s’est terminé par un « suicide » collectif, raconté par le seul Flavius Josephe, ignoré pendant des siècles, est devenu au XXe siècle un symbole de la résistance d’une nation.