La papesse Jeanne

D’après l’article d’Agostino Paravicini Bagliani dans la revue l’Histoire d’octobre 2022 (n° 500)

Il y eut encore un autre pseudo-pape dont on ignore le nom et les années de pontificat. C’était en effet une femme, à ce que disent les Romains, d’aspect élégant, d’une science considérable et qui simulait une conduite exemplaire. Elle se cacha sous des habits d’homme jusqu’à ce qu’elle soit élue pape. Et au cours de son pontificat, elle conçut et, alors qu’elle était enceinte, le démon révéla le fait à tous publiquement… (le franciscain d’Erfurt 1256-1261)

Le franciscain d’Erfurt n’est pas le seul à nous parler de cette papesse. On possède plus de cent documents racontant cette histoire avec plus ou moins de détails dont la plus ancienne date de 1250. On apprend qu’elle se faisait appeler Jean, qu’elle était anglaise et aurait été pape au IXe siècle durant deux ans et cinq ou sept mois, juste après Léon IV (847-855)… ou après Serge III (904-911) d’après une autre source. Elle jouissait d’une grande réputation pour sa vie et pour sa science. C’est en se rendant, à cheval, vers le Latran, entre le Colisée et l’église Saint-Clément, elle fut saisie des douleurs de l’enfantement. Elle mourut sur place disent certains, elle fut attachée à la queue de son cheval et traînée sur une demi-lieu pour d’autres, châtiment réservé aux traîtres.

Son histoire de curieuse devint polémique avec le temps. Au XVIe siècle, elle était devenue une « putain rusée ».

Jusqu’au XIXe siècle, cette histoire connut un grand succès… mais c’est une légende construite au XIIIe siècle. Il n’y a pas eu de papesse Jeanne.

Vérification de la masculinité des papes

Suite à l’histoire de la papesse Jeanne, les papes ont été obligés de se soumettre à une vérification de leur masculinité en s’asseyant sur une chaise percée. Après vérification minutieuse, le diacre s’écriait « duos habet et bene pendentes« , soit « il en a deux et elles pendent bien« . Ceci relève également de la légende. Le siège est bien au Vatican, il provient des termes de Caracalla, mais il n’a jamais été utilisé dans ce but.

La papauté reste bien une histoire d’homme, comme le catholicisme plus que jamais machiste.