Que vient faire cet obélisque païen sur la place Saint-Pierre de Rome ? D’où vient-il ?

Origine
Cet obélisque de 25 mètres de haut et de 322 tonnes vient de l’ancien cirque de Néron. En fait, ce cirque avait été voulu par son prédécesseur, Caïus, dit Caligula, et construit entre les collines du Janicule et du Vatican.
Le cirque est rendu au peuple par le successeur de Néron, Vespasien, qui en fait des jardins.
A la fin du IIe siècle l’emplacement est donné en concession à des particuliers pour la construction de tombeaux monumentaux. Mais l’obélisque qui se dressait au milieu du cirque était resté en place.
Lors de la construction de la première basilique chrétienne, l’obélisque se trouvait à quelques mètres de son mur sud. La construction de cette basilique, comme la plupart des églises remarquables de l’empire romain a été attribuée à l’empereur Constantin, qui avait d’autres choses à faire durant son règne que de satisfaire les chrétiens.
Notons que ce même Constantin aurait fait également don du palais du Latran à l’évêque de Rome comme indiqué dans la « donation de Constantin »… qui est un faux (voir cet article).
La basilique « de Constantin », en mauvais état, a été remplacée par un nouveau bâtiment sous le règne du pape Jules II (1503-1513).
En 1586, l’obélisque a été déplacé pour faire face à la basilique. Le transfert nécessita une machinerie imposante. Neuf cents personnes et 160 chevaux ont été nécessaires pour déplacer le pylône de quelques dizaines de mètres. L’opération dura 37 jours !

Raison
Pourquoi ce monument païen a-t-il été conservé et mis en valeur sur une place chrétienne ?
La tradition raconte que l’apôtre Pierre aurait été crucifié dans le cirque, face à l’obélisque lors des persécutions de Néron. Les chroniqueurs chrétiens semblent avoir ignoré qu’un cirque n’est pas destiné aux spectacles comme un amphithéâtre, mais aux courses de char auxquelles l’empereur Néron participait en tant qu’aurige (conducteur de char) sous la bannière du peuple. Quatre équipes s’affrontaient dans le cirque, les rouges et les bleus représentaient la Sénat, les jaunes et les verts le peuple.
Je ne revient pas sur la mort de Pierre auquel j’ai consacré un article. Il aurait été enterré près du cirque et la basilique recouvrirait sa tombe « découverte » lors de fouilles débutées en 1939 à la mort de Pie XI dont le testament exigeait qu’il soit inhumé à la verticale de la tombe de l’apôtre Pierre. Or, ce n’est qu’à la fin du IIe siècle que le cirque avait cédé sa place à un cimetière non pas public, mais privé, sous forme de concessions aux grandes familles romaines.
Il est sûr que faire mourir Pierre à Rome a contribué à donner à l’évêque de cette ville la primauté sur les autres évêques.
Il faudra attendre le 26 juin 1968 pour que le pape Paul VI annonce que les reliques de Saint Pierre ont été authentifiées.

