Le Jugement dernier

Tous les croyants espèrent atteindre le royaume de Dieu, le paradis.
Mais quand s’effectue le passage ? A la mort… ou au Jugement dernier ?

Judaïsme

Dans les premiers temps du judaïsme, la mort est une fin : les défunts partent vers le Shéol, le lieu de l’oubli.

Tous les morts s’en vont dans le Shéol, et ils y reposent ensemble, bons ou mauvais, riches ou pauvres, libres ou esclaves (Job 3:11)

Tous les humains finissent au Shéol… sauf le patriarche Hénoch et le prophète Élie qui ont été élevés au ciel de leur vivant.

Vers 200 avant notre ère, le paradigme change, « les hommes poussière, qui retournent à la poussière » (Gen. 2:7) seraient dotés d’une âme immortelle. Tous les courants du judaïsme n’adhèrent pas à cette idée : elle circule surtout dans les milieux pharisiens.

Le Livre de Daniel contient une allusion au Jugement dernier et à la résurrection :

Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle. (Daniel 12:2)

Le Shéol n’est pas l’enfer, notion inconnue des Hébreux même s’il a été traduit par Hadès, l’enfer grec, dans la Septante.

Christianisme

Les premiers chrétiens attendent impatiemment la fin du monde, le Jugement dernier que Jésus leur aurait promis : « En vérité je vous le dis, parmi ceux qui sont ici, certains ne mourront pas avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir comme roi (Mat. 16:28) [NB : Le Livre de Daniel annonce l’arrivée du Fils de l’homme]. Les épîtres de Paul, relaient ce message.

Mais le Royaume de Dieu n’arrive pas. Pour continuer a attirer des adeptes, un nouveau message est lancé : « quelque soit votre condition sur la terre, le bonheur vous attend au ciel à votre mort« . Les croyants iront au paradis, les impies en enfer… pas besoin d’attendre la fin des temps pour être jugés.
Le paradis et l’enfer ne sont pas des concepts que l’on retrouve dans le Nouveau Testament. Le paradis est cité dans un seul passage. Jésus sur la croix parle au condamné qui, à ses côtés, l’a reconnu comme Messie : « En vérité je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi au paradis (Luc 23:42)« .

Ce nouveau message contredit le précédent. A quoi sert donc le Jugement dernier ? A la fin des temps, tous les Hommes ressusciteront, comme Jésus a ressuscité, et ils seront jugés. On est donc jugé deux fois ? Peut-on commettre des péchés lorsqu’on est au paradis ou peut-on s’améliorer en enfer ? Le théologien Pierre Abélard (1079-1142) explique que le jugement après la mort concerne uniquement l’âme, tandis que le second, en présence de Jésus-Christ, voit le corps se reconstituer. Donc, seule l’âme va au paradis, la résurrection concerner les corps.

La récompense dès la mort, le paradis et l’enfer, pose un autre problème. Jusqu’à quel degré de péché va-t-on au paradis ? Qu’advient-il des croyants qui n’ont pas pu faire pénitence avant la mort ? Cette question a dû susciter certaines frayeurs au sein même du corps ecclésiastique : les évêques de l’époque faisaient bonne chère et profitait, sans vergogne, des jouissances de la chair… ils risquaient de succomber lors de leurs agapes.
On trouva donc dans les textes anciens un endroit intermédiaire : le purgatoire. (saint) Augustin d’Hippone (354-430) ne parle-t-il pas de peines expiatrices dans l’au-delà ?

Le purgatoire est une salle d’attente avant d’entrer au paradis. On y reste le temps de purifier ses péchés. On peut éviter les longues files d’attente en bénéficiant des prières des proches toujours vivants (messe des morts) ou en achetant des indulgences dès le XIe siècle. Ce marché coïncide avec le départ aux Croisades, qui lavent de tout péchés..

Un autre problème se pose. Les enfants qui meurent avant le baptême ne sont pas chrétiens, ils ne sont donc pas admis au paradis. Ils vont dans les limbes, un état de l’au-delà aux portes de l’enfer créé au XIIIe siècle et encore discuté de nos jours comme étant contraire à la miséricorde. C’est déjà mieux qu’Augustin d’Hippone qui les envoyait en enfer… sans tourments.
La dévotion populaire a mis en place ce qu’on appelait des « sanctuaires à répit » : les enfants y ressuscitaient miraculeusement le temps nécessaire pour recevoir le baptême. C’est le cas de la basilique Notre-Dame d’Avioth dans la Meuse ou de la chapelle Notre-Dame de la Vie à Saint-Martin de Belleville, en Savoie.

Cet exposé ne concerne que l’Église catholique. Certains mouvements chrétiens, comme les Témoins de Jéhovah, ignorent les notions de paradis et d’enfer. Ils attendaient la fin des temps pour 1918 lors duquel 144000 témoins auraient dû être sauvés. Ça a failli marcher, heureusement, il y eut le 11 novembre !

Islam

L’islam va reprendre l’idée chrétienne de paradis et d’enfer auxquels on accède après la mort et va trainer la même ambiguïté : le jugement immédiat et le jugement dernier.

Car l’heure arrivera on ne peut en douter et Dieu ressuscite ceux qui sont dans les tombes. (Co. 22, 7)

Ils croient que le châtiment est éloigné alors que nous le voyons très proche. (Co. 76, 6)

Toute âme goûtera la mort, mais vous ne recevrez votre rétribution que le jour de la résurrection. Celui qui aura évité le feu de l’enfer, celui-là sera bienheureux au paradis (Co. 3, 185)

Apparemment, comme Jésus, Mahomet annonce une fin des temps très proche où tous les humains seront jugés. Le paradis et l’enfer ne seront disponibles qu’à la fin des temps. Métaphoriquement, le paradis est une oasis, un jardin, où coule des rivières, qui offre des fruits en abondance. Par contre, l’enfer est un désert brûlant d’où jaillissent des flammes.

Il est probable que la mort de nombreux combattants lors de la conquête aura accrédité l’idée d’une récompense immédiate : le paradis pour les « martyrs ». Ce concept vient peut-être des Arabes chrétiens de Syrie qui se sont alliés aux compagnons de Mahomet à la bataille de Yarmouk (636). Mais rien dans le Coran ne le spécifie explicitement.

Y a-t-il un purgatoire pour les musulmans ? Non, la notion de pénitence est inconnue dans l’islam. Par contre, plusieurs versets du Coran laisse planer un doute. Quelle est la signification de al-A’raf ?

Et entre les deux (l’enfer et le paradis), il y a un voile (hijab), et sur al-A’raf (?) seront des gens qui reconnaîtront tout le monde par leurs traits caractéristiques. Et ils crieront aux gens du paradis : « Paix sur vous ». Ils n’y sont pas entrés bien qu’ils le souhaitent.
Et quand leurs regards seront tournés vers les gens du feu, ils diront : « Ô seigneur ne nous mets pas avec le peuple injuste ». (Co. 46-47). [NB : le mot hijab est traduit par « mur » dans le saint Coran de Médine]

Il n’y a pas de limbes pour deux raisons : le baptême est absent dans l’islam et tout enfant né d’un musulman est automatiquement admis dans la communauté des croyants.

Le paradis est-il un lieu de plaisirs interdits sur terre ?

En récompense de ce que vous faisiez, mangez et buvez en toute sérénité, accoudés sur des lits bien rangés. Et nous leur ferons épouser des houris (?) aux grands yeux noirs. (Co. 52, 19-20)

Là, il y aura des vertueuses et des belles, … des houris cloîtrées dans des tentes, … qu’avant eux aucun homme ou djinn n’a déflorées. (Co. 55, 70-74)
[NB : traductions officielle du saint Coran de Médine]

Les discussions sur les « houris » n’en finissent pas. Ce mot apparaît dans plusieurs sourates, ce n’est donc pas une erreur commise lors de l’introduction des signes diacritiques pour différencier les lettres et ajouter les voyelles (houri a comme racine h w r, seule la voyelle brève i a été ajoutée). Le docteur al Ajami dans une discussion bien documentée sur son blog, traduit par « des pures aux yeux d’une grande beauté ». Pour lui, les houris appartiennent à l’élite spirituelle des femmes vertueuses admises au paradis (https://www.alajami.fr/index.php/2019/06/21/les-houris-selon-le-coran-et-en-islam/).

Le nombre d’houris réservées pour chaque croyant (2, 70 ou 500 d’après les sources) n’est pas spécifié dans le Coran, il faut s’en remettre à la tradition.

Si le paradis semble être un lieu de délice pour les hommes, qu’en est-il des femmes ? « Hommes ou femmes, ceux qui pratiquent les bonnes œuvres et qui croient en Dieu entreront au paradis » (Co. 4, 124). Mais qu’en est-il de leur avantages ? Le Coran ne le précise pas. Les théologiens musulmans nous disent que la femme sera aux côtés de son mari « aimé »… et même si celui-ci jouit des houris, la jalousie n’existe pas au paradis.

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